Magazine PROF n°24

L'info 

L’histoire est têtue, le souvenir aussi

Article publié le 01 / 12 / 2014.
Article paru en ligne uniquement.

Harcèlement, génocides, crimes contre l’humanité… Ne sont-ils que du passé ? À l’aide de ressources pédagogiques, les enseignants y sensibilisent leurs élèves. PROF a rencontré l’un d’eux.

Mi-octobre 2014, Pascale Nurflus, professeure de morale, géo, histoire, et cinq collègues du Lycée Dachsbecq (Bruxelles), reviennent de Mechelen. La Caserne Dossin ⁽¹⁾, la Cellule Démocratie ou barbarie ⁽²⁾ et la Fondation Auschwitz ⁽³⁾ y présentaient leurs nouveaux outils pédagogiques à une quarantaine d’enseignants.

Des enseignants visitent la caserne Dossin et le fort de Breendonk pour se souvenir.

© Kazerne Dossin

« Dans la voiture, on ressentait encore l’émotion d’Armand Schmidt, racontant comment sa maman l’avait confié à l’Institut Enfant Jésus de Ciney de janvier 1943 à 1946, pour le cacher, encore bébé. On évoquait le conflit en Israël et l’attentat contre le Musée juif, situé à quelques pas de l’école. On a beaucoup parlé et on sentait l’envie de travailler ensemble sur le sujet ».

Ces enseignants assistaient à cette animation parce qu’en mars, ils emmènent tous leurs élèves de sixième secondaire visiter la Caserne Dossin et le Fort de Breendonk. Cette animation fait partie du deuxième volet de leur projet L’histoire est têtue. Elle suivra une conférence sur Les origines de l’antisémitisme et Qu’est-ce qu’un génocide ? ainsi que la projection du film Paul et Sophie : Témoigner entre ombre et lumière, organisées par le Centre communautaire laïc juif.

« Enfin, avec l’aide de la sociologue Simone Susskind, nos élèves rencontreront des Palestiniens et des Israéliens qui exprimeront leur vécu et leur vision du conflit ».

« La légitimité des témoins donne du sens à ce projet qui tente de fracturer l’impression que les élèves ont au travers des propagandes des deux camps ». D’autant plus que l’an passé, un même canevas (conférence, film, témoins) avait évoqué le génocide des Tutsis au Rwanda avec les élèves de cinquième année.

L’école donne à M^me Nurflus une heure de coordination. Cela lui permet de construire ce projet et de faire des recherches de ressources : elle les met à disposition de ses collègues qui les adaptent à leurs séquences de cours. « Le but ? Éviter la dispersion d’énergie, favoriser la continuité, donner de la cohérence à l’équipe éducative. Notre public est multiculturel, à dominance musulmane. Il réagit fort à l’actualité. La méconnaissance favorise la diabolisation et le manichéisme. Les élèves n’aiment pas lorsqu’on fouille dans la zone grise. Mais, lorsque le dialogue s’établit, la vision des uns et des autres se nuance ».

M^me Nurflus espère terminer son projet par un voyage en Israël, pour découvrir sur place, avec des élèves, les traditions et les opinions. « Mais, il nous reste des obstacles à surmonter et à espérer que la tension diminue entre les communautés ».

Pa. D.

⁽¹⁾ Ce musée de l’holocauste et des droits de l’homme dispose entre autres de leçons préparatoires, d’un film introductif téléchargeable et de questionnaires pédagogiques. Le témoignage de M. Schmidt sera aussi en ligne. http://www.kazernedossin.eu
⁽²⁾ http://www.democratieoubarbarie.cfwb.be
⁽³⁾ http://bit.ly/1MaZTgu