logo infos coronavirus
logo infos Ukraine
logo du site Mon Espace
logo du pacte d'excellence
logo FAQ+
logo des annuaires scolaires
logo espace enseignant
logo des communiques de presse
logo du magazine PROF
 

Magazine PROF n°2

 

 

Secondaire : ça passe ou ça casse

Article publié le 01 / 06 / 2009.

D’où vient en début de secondaire la perte de « rendement scolaire » d’enfants qui réussissaient en primaire ? Éléments de réponses avec deux recherches récentes.

Dans une recherche-action menée sous la direction du professeur Bernard Rey (1)), Vincent Carette, Frédéric Coché, Audrey Dublet et Sylvie Van Lint analysent les facteurs expliquant les difficultés du passage primaire/secondaire : addition brutale de changements, distanciation affective de l’élève par rapport à des acteurs multiples (au lieu de l’instituteur unique), école secondaire axée sur l’élève et plus sur l’enfant, manque de connaissance réciproque entre fondamental et secondaire.

Cependant, « alors qu’aucune des causes explicatives de rupture ne peut être incriminée en particulier, le phénomène d’échec (augmentation de 10% du taux de redoublement entre 6P et 1S) et la baisse importante des résultats des élèves sont bien réels », remarquent les auteurs. Selon eux, l’explication est à chercher du côté des interactions entre ces changements, et de la perception qu’en a chaque enfant. L’organisation scolaire, la relation enseignant/élève, l’identité enseignante (amour des enfants ou de la matière enseignée) et la méthodologie interagissent avec des facteurs individuels : degré d’autonomie, engagement, estime de soi et rapport de l’entourage vis-à-vis de l’institution scolaire.

Problème : statistiquement, les effets de ces interactions devraient s’annuler. Or, le redoublement augmente. Les chercheurs émettent trois pistes : différence d’exigences, écart entre les discours des enseignants et leurs actes, ou hausse… artificielle. Pour le vérifier, l’équipe a observé des trios de régents et instituteurs, face à des classes de 6P et de 1S. Conclusion : les différences de pratiques, individuelles, n’expliquent pas la rupture primaire/ secondaire. Et d’évoquer alors un changement dans la « culture du redoublement » : la norme serait d’un échec par classe en 6P, mais de trois par groupe en 1S.

Quatre trajectoires après la 6e primaire

La recherche se termine par une analyse statistique des 12% d’élèves en échec en secondaire alors qu’ils n’avaient pas eu de difficultés avant. C’est ce suivi qui fut le centre d’une autre recherche, effectuée à l’Université de Liège (2). De 2005 à 2008, Séverine Bernard et Nadine Georges ont suivi des enfants et dégagé quatre trajectoires, depuis leur 6e primaire : stabilité haute, chute, progression et stabilité basse. Les soixante-quatre enfants en chute ont été comparés aux soixante-six « en stabilité haute » : résultats, orientation, comportement, absentéisme…

La baisse de rendement à la transition primaire-secondaire touche tous les élèves, mais semble « beaucoup plus importante et surtout plus persistante pour certains jeunes ». Ça ne surprendra personne : « Le choix de la filière et du type d’enseignement parait davantage déterminé par les résultats scolaires que par le choix personnel de l’élève » et l’année complémentaire « le conduit, dans la majorité des cas, vers une filière dite moins exigeante ». Comportement et absentéisme « semblent fortement associés à la trajectoire scolaire, soulignent un désengagement de l’élève pour ses études » et « pourraient constituer les premiers signes d’un véritable décrochage scolaire ».

Enseignants et élèves : complicité ou confrontation ?

Au-delà des chiffres, les chercheurs ont interrogé jeunes, parents et enseignants à propos de neuf variables qui seraient autant d’indices. Sept sont individuelles (estime de soi, éléments dépressifs, habiletés sociales, méthode de travail, sentiment d’exclusion, attitude négative en classe, projet scolaire), deux liées à la famille et aux relations enseignants/élèves. Une partie de l’étude à conseiller à tout enseignant, parce qu’elle s’intéresse au vécu de ces élèves en difficulté, hors de la classe. On notera à cet égard que si les enseignants évoquent la complicité avec leurs élèves, ceux-ci décrivent une réalité faite de confrontation, « principalement à cause de leur comportement en classe. La majorité d’entre eux ne se sent pas soutenue par les enseignants. Devant une situation difficile, ils disent préférer solliciter l’aide d’une personne extérieure à l’école… »

Partant de ce suivi, les chercheurs, avec un groupe de travail composé de directions, d’enseignants, d’éducateurs, d’agents des CPMS, et de parents, ont développé quatre outils de formation, dont l’un est centré sur les habiletés sociales - qui font défaut aux élèves en chute. Histoire de passer de la théorie à la pratique.

Didier CATTEAU

(1) http://www.enseignement.be/index.php?page=24899
(2) http://www.enseignement.be/index.php?page=24874

Moteur de recherche

La dernière édition

Toutes les éditions

Retrouvez toutes les éditions de PROF.

Tous les dossiers

Retrouvez également tous les dossiers de PROF regroupés en une seule page !