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Magazine PROF n°33

 

L'info 

Aider à faire un choix positif

Article publié le 01 / 03 / 2017.

Dans son Avis n°3, le Groupe central du Pacte pour un Enseignement d’excellence insiste sur l’importance « d’un outil intégré d’information et d’orientation », à construire selon le modèle de l’approche orientante qui s’appuie sur tous les acteurs à travers toute la scolarité. En attendant, de nombreux projets et dispositifs aident déjà les élèves à s’orienter. Focus sur plusieurs d’entre eux dans ce mini-dossier.

Un petit rien pour trouver sa voie

Aditya Romain, professeure de sciences humaines depuis 12 ans, enseigne le cours de Gestion collective de projets pluridisciplinaires (GCPP) depuis 10 ans.

Dans la grille de 2e complémentaire, l’Institut Sainte-Marie, à Arlon (ISMA), a choisi d’organiser 2 heures de « Gestion collective de projets pluridisciplinaires » (cours appelé « Activités liées à la construction d’un projet scolaire » dans les grilles officielles). Rencontre avec Aditya Romain, en charge de ces heures.

PROF : Quel est le but de ce cours ?
Aditya Romain :
Il permet à des ados de prendre connaissance de leurs qualités pour trouver leur voie, par rapport à eux-mêmes, à leur famille, à l’école, à leur vie professionnelle. En général, ils tirent d’énormes casseroles et doivent d’abord se réconcilier avec ces différents domaines. J’écoute très peu ce qu’on me dit de leur passé. Ils repartent de zéro.

Centré sur les élèves, ce cours permet à certains, en fin d’année, de savoir ce qu’ils ne veulent pas faire et, pour la plupart, de faire un choix positif de secteur professionnel et d’option en 3e. Presque tous choisissent une option qualifiante ou professionnelle alors que l’ISMA n’a que du général. Ce cours est obligatoire en 2e complémentaire, mais l’école accède aussi aux demandes d’élèves de 2e commune d’y participer.

Comment concevez-vous ce cours ?
Le premier chapitre concerne Moi et ma vie : mes loisirs, mes valeurs, mes qualités, mes décisions. Chaque séquence débute par un moment de partage de ses émotions. Ce n’est pas évident de mettre des mots sur celles-ci. Plus tard, on voit ce qu’il est possible de mettre en place pour combler les besoins liés à ces émotions. Donner l’occasion de parler de soi permet de créer la confiance, le dialogue, l’écoute et la cohésion du groupe.

Le deuxième est consacré à Ma famille, mes origines, mon héritage. Parfois, il y a de gros soucis, dans des milieux à problèmes. On peut en parler, mais sans y être forcé. Les élèves peuvent aussi s’exprimer dans leur carnet de bord qui est également le réceptacle de synthèses et d’autres notes personnelles. On n’hésite pas à inviter les parents en classe.

Après l’épreuve d’hiver, le chapitre 3 vise Moi et l’école. C’est l’occasion de voir ce qu’est la sérendipité, la capacité de faire des découvertes à partir de ses erreurs. À partir de leurs résultats, ils tirent des conclusions sur leur méthode de travail ou leurs capacités. Si je suis bon en éducation physique, je peux envisager une carrière sportive. Le projet devient plus spécifique, en lien avec la réalité.

Cela prépare le chapitre 4 sur Mon avenir où les élèves découvrent les différentes formes d’enseignement, les secteurs professionnels,… Via internet, ils font des recherches sur les options de l’ISMA et sur les fiches métiers et formations des banques de données du Forem, du Siep, de Mon école, mon métier.

L’horaire des cours est organisé de façon à permettre des sorties en groupe ou avec l’un ou l’autre élève, pour découvrir des sections d’autres écoles ou des métiers. Une assistante sociale d’Infor-J collabore avec moi sur ce chapitre. Elle s’occupe de l’orientation professionnelle et moi de l’orientation scolaire. Une collègue nous aide de façon ponctuelle. Sa présence nous permet de différencier davantage les séquences.

En finale, chaque élève complète un dossier à présenter devant ses pairs, leurs parents et les adultes qui les ont accompagnés. Ainsi, il n’est pas rare que des élèves, de façon réfléchie, convainquent leurs parents de leur choix. Le triangle parent/élève/école est bouclé.

Quel est le lien avec vos collègues ?
Tous mes élèves ont un Plan individualisé d’apprentissage (PIA), discuté en conseil de classe. Mes collègues directs sont au courant de leurs objectifs et peuvent les encourager à les réussir. À l’ISMA, la démarche ne se développe pas au 2e degré. Elle reprend au 3e, sans être systématique, avec les animations organisées par le CPMS ou l’association de parents, ou la visite du Salon du Siep à Namur. Je n’ai pas de suivi des autres écoles où vont mes élèves.

Quel est l’intérêt de faire cette démarche à cet âge ?
Ils sont en pleine adolescence. C’est l’âge critique pour le lien avec l’école.

Quel intérêt voyez-vous à aller vers l’approche orientante, qui s’appuie sur tous les acteurs et sur toute la scolarité ?
Créer des temps pour pouvoir souffler, réfléchir, se lâcher, s’exprimer est positif. On ne le fait pas assez à l’école. Si on s’appuie sur tous les acteurs de l’école et des partenaires extérieurs, pour tous les élèves, tant mieux. Mais il y a du boulot. Ceci dit, mon cours me permet de parler avec mes collègues. Et j’entends plein de choses positives.

Quel bilan tirez-vous après dix ans ?
Ce cours demande beaucoup d’implication de la part de l’enseignant. Il dépend aussi beaucoup des élèves. Parfois, s’ils sont trop en rébellion, l’impact est plus difficile. Mais la plupart du temps, chacun acquiert davantage de compétences et de maturité, et un point de vue par rapport à son vécu et son devenir.

Le cours nécessite aussi du doigté. On doit pouvoir travailler les émotions sans permettre les règlements de compte au détriment de collègues.

Et pour vous-même ?
J’adore mon travail. Je m’y épanouis. J’ai été moi-même une élève laissée à l’abandon par des profs qui n’y croyaient pas. J’ai revendiqué mon cours. Et si la réforme des titres et fonctions m’en avait barré l’accès, je me serais re-formée. Je suis consciente que tous les élèves sont capables et qu’une attention particulière peut leur donner l’essor nécessaire.

Propos recueillis par
Patrick DELMÉE

Les métiers vont à l'école

En février, l’Athénée royal Thomas Edison à Mouscron a programmé pour son 3e degré une action d’information sur les métiers et le marché de l’emploi. Menée par le Carrefour Emploi Formation Orientation, elle s’inscrit dans le projet Les métiers vont à l’école, initié par le Forem (1).

De telles séances s’organisent à la demande dans toute école wallonne, pour toute section, à partir de la 4e secondaire (2), pour sensibiliser au marché de l’emploi et renforcer la connaissance des métiers. « Les animateurs expriment les attentes du monde de l’entreprise de façon très claire », explique le préfet Serge Dumont,.

Celui-ci attendait aussi une sensibilisation aux métiers en pénurie, à l’utilité de l’école pour préparer à la vie professionnelle, et à la synergie nécessaire entre enseignement et emploi. Selon lui, l’animation va dans ce sens. « Il faut la faire deux fois sur le 3e degré, ajoute-t-il, ou la compléter par autre chose ». Pour ceux qui, après une animation, veulent approfondir leur réflexion, le projet propose des outils en ligne : quizz, vidéo, site, liste des métiers en pénurie.

(1) http://bit.ly/2kx1aRO - cefo.ecole@forem.be
(2) À Bruxelles, JEEP organise des animations de 4 demi-jours (http://www.jeepbxl.be). Et la mallette pédagogique Mots d’emploi réalisée par le Centre d’Information et de Documentation pour Jeunes est disponible avec ou sans animation, http://www.cidj.be/mots-d-emploi

Ces élèves ont choisi leur visite d'entreprise

Plus de 300 élèves de treize écoles situées en province de Liège ont visité une des 14 entreprises partenaires du projet Orient’Actions.

En novembre, camions et bennes agricoles déversent de la chicorée chez Beneo Orafti, à Oreye, explique M. Roquet à 25 élèves de 2e secondaire de la région de Huy-Waremme. 200 000 tonnes par an. Son raffinage produit des fibres et des additifs alimentaires ».

Un contact avec la réalité

Comme 300 autres élèves, dans treize autres entreprises, ils participent au projet liégeois Orient’Actions mené par les Chambres Enseignement des trois Instances « Bassins » de la province, en collaboration avec les CPMS et la Cité des Métiers. « Pour les mettre en contact avec la réalité et la variété des métiers de l’entreprise, explique Sébastien Zanussi, chef de projet de la Chambre Enseignement Huy-Waremme (1). En avril dernier, nous avons invité toutes les écoles de la province. Treize se sont inscrites au projet, de différents profils (DOA, qualifiante, générale…) et de tous les réseaux ».

Chacune désigne 25 élèves. « Une limite due à nos moyens financiers pour payer les cars, aux exigences de sécurité et aux capacités d’accueil des entreprises », explique M. Zanussi. Ils sont d’une même classe ou regroupés selon un critère commun : ils bénéficient d’un Plan individualisé d’apprentissage, ont un besoin d’orientation ou sont en questionnement,…

« L’Athénée royal, à Ouffet, est attentif aux élèves de 2e en panne de motivation, commente l’éducateur Geoffrey Goffinet. Ce projet et d’autres visent à les redynamiser ». Charleyne Debens enseigne le français dans l’inférieur à l’IPES de Hesbaye, à Waremme : « En activité complémentaire, je travaille l’approche orientante avec mes élèves de 2e. Mon école forme aux métiers de l’alimentation. Je balaie plus large pour que leur choix s’étoffe ».

Une récolte d’infos

Deux accompagnateurs par école (professeur, éducateur, agent CPMS) sont associés aux quatre étapes du projet. Le CPMS réalise une animation sur l’orientation. Puis la Cité des Métiers explique ce qu’est une entreprise et fait un point sur les 14 partenaires. Vient alors la visite au choix. Enfin, accompagnateurs et élèves, répartis entre plusieurs visites, réalisent un débriefing en classe. Il se nourrit d’un portfolio hébergé par les Chambres Enseignement concernées sur une plateforme réservée aux participants.

Chez Beneo Orafti, les visiteurs ont appris le processus du produit à travers les explications d’un laborantin, d’un agronome, du gestionnaire de la station d’épuration et d’un employé administratif des ventes, qui ont aussi évoqué leur expérience professionnelle. « Ils avaient des explications très claires, note Mme Debens, notamment sur leur parcours scolaire ». « Les élèves peuvent avoir un autre regard sur l’entreprise, ajoute M. Goffinet. Cela élargit leur champ d’orientation ». Des appréciations à verser au bilan de ce projet-pilote qui vérifiera sa capacité à s’étendre.

Patrick DELMÉE

(1) 0473 / 375 672 – sebastien.zanussi@cfwb.be

Des idées pour faire TILT !

Le projet Tilt de l’ASBL Choq crée des liens entre le monde scolaire et le monde de l’entreprise, en Wallonie picarde.

Les élèves de 5e et 6e primaire de l’École fondamentale du Christ Roi à Herseaux, ont visité début février l’entreprise Walcarius, spécialisée en construction métallique. Ils ont vu fonctionner des soudeurs, des plieurs, des peintres carrossiers, des dessinateurs, des ingénieurs… Une semaine plus tard, avec Benjamin Ramon, animateur du projet Tilt (1), ils tirent un bilan de leur visite : « Il faisait froid », « Les couleurs des murs étaient trop sombres ». « J’ai découvert des métiers que j’aimerais faire plus tard ». « Il n’y avait qu’une seule femme »

Des idées prises en compte

« Mais que pouvons-nous proposer pour améliorer le fonctionnement de l’entreprise ? », lance M. Ramon. Et les élèves ne se font pas prier : « On pourrait repeindre les murs, utiliser du désodorisant dans l’atelier, ajouter des fenêtres, engager des femmes, créer des écrans autour d’un espace réservé à la soudure pour se protéger des effets d’arc, aménager les horaires de travail,… ».

Leurs idées, l’animateur les soumettra à Walcarius. Celle-ci listera les projets réalisables, réalisés ou en cours. Elle communiquera ces résultats à l’animateur. Celui-ci s’engage d’une part à revenir les présenter aux élèves avant fin juin et d’autre part à gérer, avec une école secondaire ou supérieure, ou avec le personnel de l’entreprise, la réalisation dans l’entreprise d’un (ou des) projet(s) choisi(s).

Ainsi, par exemple, le projet Tilt a amené le torréfacteur mouscronnois Storme à créer un espace de dégustation de café. Et des élèves de l’Institut Saint-Luc, à Tournai, ont réalisé une fresque murale de 3 mètres sur 4 pour le garage Vanneste, à Herseaux.

Testé d’abord à l’école

Auparavant, les enfants avaient expérimenté cette manière de travailler au niveau de la classe et de l’école. Ainsi, on a par exemple changé la pile de l’horloge de la classe et remplacé les essuies-mains des toilettes par des serviettes jetables.

« Les adultes tiennent compte de leurs idées, déclare leur institutrice, Mme Decock. Le projet les responsabilise. Il les pousse à prendre des décisions, développe leur esprit créatif, augmente la cohésion du groupe et leur apprend à vivre en communauté et à s’affirmer vis-à-vis des adultes. Je remarque même une augmentation au niveau de la précision dans leur travail. De plus, les parents sont enchantés de voir leurs enfants si motivés ». Selon elle, répéter cette expérience dans d’autres secteurs d’activités ne peut que les aider à mieux s’orienter. En tous cas, cette démarche développe leurs capacités d’observation et d’analyse, notamment vis-à-vis des réalités du monde professionnel.

Ce projet pourrait-il s’étendre ? « Nous mettons en place une valise pédagogique, explique M. Ramon. Elle permettra aux enseignants de travailler sans intervenants, voire à d’autres opérateurs de l’appliquer dans d’autres régions ».

Patrick DELMÉE et Caroline DIRICKX

(1) http://www.choq-tilt.be

Pour en savoir plus

• Dans Comment rendre une école réellement orientante ? (De Boeck Supérieur, 2017, Damien Canzittu et Marc Demeuse, chercheur et professeur à l’UMONS, présentent l’approche orientante, d’abord de façon théorique et ensuite dans un projet concret au sein des écoles de la Province du Hainaut et d’autres lieux. Cet ouvrage se complète par des pages du portail de l’UMONS. http://bit.ly/2lRLp8N

• Le Québec est un précurseur de l'approche orientante. Depuis plus de 50 ans, l'Association québécoise d'information scolaire et professionnelle regroupe les professionnels des réseaux de l'éducation et de la main-d’œuvre travaillant en information scolaire et professionnelle, en orientation et en développement de carrière. http://www.aqisep.qc.ca propose bon nombre de ressources et notamment un Recueil de bonnes pratiques en approche orientante. http://bit.ly/2mA4XmE

• En 2002, le ministère de l’Éducation du Québec éditait À chacun son rêve. Pour favoriser la réussite : l'approche orientante. http://bit.ly/2mRDCg2

• Pour la FAPEO, Flore Lecollier a écrit en 2016 L'Approche orientante : une recette miracle ? Cette analyse replace notamment cette thématique dans le débat de la finalité émancipatrice ou utilitariste de l’enseignement de demain. http://bit.ly/2na7iB4

• L'Avis n°3 relatif au Pacte pour un Enseignement d’excellence consacre un chapitre à l'approche éducative de l'orientation (pp. 68-73). http://www.pactedexcellence.be/index.php/documents-officiels/

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