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Magazine PROF n°33

 

L'info 

Prévenir la radicalisation violente

Article publié le 01 / 03 / 2017.

Que faire si l’on s’inquiète des propos d’un élève qui laisseraient penser à un risque de radicalisation ?

Benoît Dangriau, directeur de l'Institut secondaire spécialisé Decroly, à Bruxelles : « Face à élèves proférant des propos radicaux, nous nous sentons démunis ». « Il faut savoir comment réagir, ne pas commettre d'impairs si le problème se présente », enchaine Maria Fuda, préfète de l’Athénée royal de Soumagne. Ces témoignages, recueillis lors d’un atelier d’information destiné aux directions d’écoles (1), et consacré à la prévention de la radicalisation violente, illustrent le ressenti de certaines équipes éducatives.

Corinne Torrekens, docteure en sciences politiques et sociales de l’Université libre de Bruxelles, a étudié le processus de radicalisation menant à la violence. Un phénomène universel qui ne concerne donc pas seulement le djihadisme. À partir du profil des individus radicalisés et des travaux de certains chercheurs, elle a repéré quatre sphères de facteurs en interaction qui sous-tendent le processus.

Il y a les facteurs macro-contextuels, nourris d’évènements internationaux (le conflit israélo-palestinien notamment) mais aussi de discriminations quotidiennes alimentant un sentiment de frustration et d'injustice. Une deuxième sphère, personnelle, peut amener à basculer dans la violence : sensibilité aux questions d'injustice,  troubles psychologiques… La troisième sphère rassemble des éléments catalyseurs : rencontre, expérience de violence avec une institution  (police, école…). Restent les facteurs pouvant attirer vers un groupe radical qui offre réponses binaires et simplistes à des personnes en quête de sens, nourries par un sentiment d’injustice.

Des questions à se poser en équipe

Comment faire la part des choses entre un risque réel et des propos extrêmes propres à la quête identitaire de l’adolescent ? Dans un dossier consacré à la radicalisation (2), le magazine Klasse a répertorié des questions que les enseignants peuvent se poser.

Elles portent d’abord sur des signaux : l'élève s'isole-il dans son groupe et dans l'école ? Fait-il l'apologie de ses idéaux et s'oppose-t-il à ceux qui ne les partagent pas ? Clame-t-il des menaces vis-à-vis de « l’ennemi » ? A-t-il brusquement modifié son apparence extérieure ? Légitime-t-il la violence ?

D’autres questions portent sur le contrôle : cet élève cherche-t-il à provoquer ? Son comportement se répète-t-il ? Et comment collègues et CPMS perçoivent-ils ce comportement ? Enfin, les auteurs proposent d’examiner des facteurs de risques : l’intégration du jeune dans un réseau négatif, la présence de personnes radicalisées dans l’entourage, une crise personnelle (conflit familial...), des expériences traumatisantes (agression, harcèlement...) et des difficultés scolaires (mauvais résultats, décrochage…).

Catherine MOREAU

(1) Ces ateliers d’information sont organisés par la Direction générale de l’Enseignement obligatoire, et annoncés via circulaire (6015, pour 2017, http://www.adm.cfwb.be).
(2) D'autres outils, pistes de prévention et capsules vidéo dans http://www.klasse.be/radicalisation/

Informer, répondre, rassurer

Si un élève se met en danger ou fait peser un risque sur autrui dans l’école, le directeur doit avertir la police pour une intervention immédiate. Mais le cas est marginal. Le plus souvent les équipes éducatives doivent gérer l’inquiétude face aux propos ou au comportement d’un élève.

Avec l’accord de son PO, le directeur peut contacter le service des Équipes mobiles (1). « Nous envoyons des personnes dans l’école, non pour mener l’enquête mais pour aider l’équipe éducative, y compris le CPMS, à objectiver les inquiétudes en évitant toute forme de stigmatisation », explique Bruno Sedran, coordinateur pédagogique de ce service de l’Administration générale de l’Enseignement.

En fonction de l’analyse de la situation, le service peut aussi organiser un suivi social et/ou éducatif de l’élève avec des partenaires internes (CPMS, médiateurs,…) et externes (Aide à la jeunesse, référents radicalisme communaux…). Ou faire appel à des partenaires pour organiser des séances d’information pour l’équipe éducative. Ou encore, si nécessaire soutenir le directeur dans le cadre d’une prise de contact avec la police ou le Parquet.

Numéro vert 0800 111 72

Pour répondre à un public plus large, la Fédération Wallonie-Bruxelles a créé un réseau de prévention des extrémismes et des radicalismes violents qui  offre deux services : un centre d’aide et de prise en charge et un centre de ressources. (2).

Le Centre d’aide et de prise en charge de toute personne concernée par le radicalisme et l’extrémisme menant à la violence (Caprev) rassemble une équipe pluridisciplinaire. En composant le numéro vert 0800 111 72, gratuit et confidentiel (en semaine, 8-20h), chacun - directeur, enseignant, parent, élève…- recevra une réponse spécifique à sa demande.

S’agit-il d’une demande individuelle qui demande une réponse urgente ? Le Caprev pourra organiser un soutien psychosocial, voire proposer à la personne un parcours de désengagement sur base volontaire ou contrainte. Il fournira écoute et soutien à la famille, à un professionnel ou à des proches inquiets.

Est-ce une demande pour développer un projet de prévention ? Le Caprev orientera vers des actions de sensibilisation, des ressources, des outils pédagogiques et des formations. Un centre de ressources créé au sein de la cellule pédagogique de Démocratie ou Barbarie de la Fédération Wallonie-Bruxelles  propose un grand nombre d’articles, de vidéos sur le sujet sur https://extremismes-violents.cfwb.be.

C. M.

(1) Pour contacter les Équipes mobiles : 02 / 6908374 (9-17h), 0473 / 948411 (en cas d’urgence, 8h30-17h30) ou equipemobile@cfwb.be.
(2) Lire à ce sujet la circulaire 6036. http://www.adm.cfwb.be

Pour en savoir plus

● http://www.enseignement.be/citoyennete (> Vivre ensemble > Lutte contre le radicalisme)

● L’Institut de la formation en cours de carrière (http://www.ifc.cfwb.be) devrait mettre à son programme 2017-2018 des formations ciblant spécifiquement la prévention de la radicalisation.

● Les Invisibles, documentaire de Christian Van Cutsem, donne la parole à deux ados radicalisés, à la mère d’un jeune mort en Syrie et à un enseignant. Dvd et livret pédagogique disponibles gratuitement grâce au soutien de la Région de Bruxelles-Capitale. Info et commande via philippe.cotte@cvb-videp.be.

● L’engagement des jeunes belges dans des groupes djihadistes combattants est une analyse de la Coordination nationale pour la paix et la démocratie, disponible sur http://www.cnapd.be/publications/outils-pedagogiques/belges-groupes-djihadistes-combattants/.

● Rien à faire, rien à perdre, projet financé par la Fondation Roi Baudouin et la Commune de Schaerbeek, permet de travailler le concept de radicalisme violent à partir de témoignages de jeunes concernés  http://www.dgde.cfwb.be/index.php?id=7547

● Ne m’abandonne pas, film de Xavier Durringer, raconte l’histoire d’une jeune fille engagée dans un processus de radicalisation. Disponible auprès de Point Culture (http://www.pointculture.be); dossier pédagogique http://bit.ly/2mAOVWz

● BePax a édité des fiches sur l’histoire des thèses complotistes et propose des activités à mener en classe. http://bit.ly/2m2Mxdo

● À pointer aussi des formations dans l’enseignement supérieur, à l’Université de Liège (http://cetr.be) et à la Haute école Louvain en Hainaut (http://bit.ly/2msqRaY)

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