logo infos coronavirus
logo infos Ukraine
logo du site Mon Espace
logo du pacte d'excellence
logo FAQ+
logo des annuaires scolaires
logo espace enseignant
logo des communiques de presse
logo du magazine PROF
 

Magazine PROF n°42

 

Coté psy 

Bouger pour mieux apprendre

Article publié le 07 / 06 / 2019.

Faire bouger davantage les élèves en classe favorise-t-il l’attention et la concentration ? 

Devant Clément qui se balance sur sa chaise, l’institutrice s’énerve : « Arrête de remuer et sois attentif ! » Et si l’activité physique, organisée en classe, favorisait l’attention, propice aux apprentissages scolaires ? La parole à Boris Jidovtseff, professeur en Sciences de la motricité à l’Université de Liège.

Chaque jour, ces enfants de 3e primaire font entre 3 et 5 minutes d’exercices physiques à un rythme soutenu.
Chaque jour, ces enfants de 3e primaire font entre 3 et 5 minutes d’exercices physiques à un rythme soutenu.
© PROF/FWB

PROF : Existe-t-il des normes en matière d’activité physique pour les enfants et les adolescents?
Boris Jidovtseff :
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) recommande pour les 3-4 ans au moins 180 minutes d’activités physiques chaque jour, dont 60 d’intensité modérée à soutenue. Pour les 5-17 ans, elle préconise au moins ces 60 minutes quotidiennes. Cela englobe jeux, sports, déplacements, activités récréatives, éducation physique ou l’exercice planifié dans le contexte familial, scolaire ou communautaire. 

L’OMS en souligne les effets bénéfiques : amélioration de la condition physique (endurance cardio-respiratoire et force musculaire accrues)et de la coordination, moins de risques face aux maladies cardio-vasculaires et métaboliques, meilleur état osseux.

L’activité physique prévient l’obésité, joue un rôle dans la prévention contre certaines maladies chroniques (diabète…) et aide les jeunes à surmonter l’anxiété et la dépression (1).

Ce quota de 60 minutes est-il atteint ?
Hélas non. Selon une étude, ce n’est le cas que pour 7% des 6-9 ans et 2% des 10-17 ans (2). Et le temps de sédentarité des 14-17 ans peut atteindre neuf heures par jour ! Bien sûr, le temps passé en classe n’explique pas tout : il y a les trajets en voiture entre le domicile et l’école, le temps passé devant les écrans …

Que peut faire l’école pour favoriser les activités physiques ?
Évidemment valoriser le cours d’éducation physique et le sport. Mais aussi aménager les cours de récréation, encourager les déplacements actifs entre l’école et le domicile. 

Certains enseignants proposent à leurs élèves de choisir leur poste de travail selon leurs besoins et leur ressenti . Ou organisent des pauses d’activité physique (PAPS). Ou encore donnent aux enfants l’occasion d’apprendre des matières scolaires en sortant de la classe et en étant en mouvement. 

Faire bouger les élèves en classe, c’est bon pour le cerveau ?
Certainement. D’abord, cela stimule le système cardiovasculaire : le sang circule mieux dans le cerveau lui apportant davantage d’oxygène et des hormones favorisant son développement. En outre, les activités physiques, en stimulant le système nerveux, favorisent de nouvelles connexions neuronales dans de nombreuses régions importantes du cerveau.

Et pour les apprentissages scolaires ? 
Les pauses d’activité physique scolaires, organisées sous des formes variées, ont fait l’objet d’un grand nombre de recherches, surtout aux États-Unis et au Canada. 

Plusieurs montrent qu’après un tel break, des enfants de classes primaires se concentrent davantage sur la tâche à réaliser et commettent moins d’erreurs, en particulier les plus distraits avant l’activité (3). Par ailleurs, des études scientifiques ont montré qu’une activité physique régulière améliore chez l’enfant des fonctions exécutives telles que la flexibilité cognitive (qui permet d’adapter son comportement ou sa méthode à une situation), la mémorisation, la planification d’une tâche…, mais aussi l’attention. 

Propos recueillis par
Catherine MOREAU 

(1) Recommandations de l’OMS http://www.who.int > topics > obesity > Publications et http://www.who.int/fr > thèmes de santé > obésité > publications
(2) BEL S, DE RIDDER K, LEBACQ T, OST C, TEPPERS E. Activité physique et sédentarité. dans BEL S, DE RIDDER K, LEBACQ T, Enquête de consommation alimentaire 2014-2015. Rapport 3. Bruxelles,  ISP-WIV , 2016.
http://mangerbouger.be/Activite-physique-dernieres-recommandations-OMS-et-etat-de-la-situation-en
(3)  MA J. K., LE MARE, L., GURD, B. J., « Four minutes of in-class high-intensity interval activity improves selective attention in 9-to 11-year olds ». Applied physiology, nutrition, and metabolism, n° 40, 2014, p.238-244.
 (4) DE GREEF J. W., BOSKER R. J., OOSTERLAAN J., VISSCHER C.,  HARTMAN E., « Effects of physical activity on executive functions, attention and academic performance in preadolescent children: a meta-analysis ». Journal of science and medicine in sport, n° 21, mai 2018, p.501-507 http://www.journals.elsevier.com/journal-of-science-and-medicine-in-sport


 

Des PAPS pour muscler l’attention

Stéphanie Cloes ponctue les journées de sa classe de 3e primaire de pauses d’activité physique scolaires. 

Au signal familier, les 21 élèves de 3e primaire de l’École fondamentale libre de Chênée abandonnent un exercice sur les états de l’eau pour s’éparpiller dans la classe, gagnant un espace suffisant pour bouger bras et jambes. C’est le moment choisi par l’institutrice pour organiser une pause d’activité physique scolaire (PAPS). Au rythme de chorégraphies sur un tableau blanc interactif ou de mimes, garçons et filles enchainent des mouvements avant de revenir au calme.

PAPS ... POPS Music
PAPS ... POPS Music
© PROF/FWB

« J’ai découvert ces pauses durant ma première année de Bac en Sciences de la motricité, explique l’institutrice, Stéphanie Cloes. Sensibilisée à la nécessité de faire bouger davantage les enfants en classe, j’ai opté pour des études d’institutrice primaire ».

La future enseignante a consacré son travail de fin d’études à ces pauses. Puis, dans le cadre d’un master en Sciences de l’éducation, elle a observé les supports et les freins rencontrés par des enseignants de sept écoles liégeoises invités à organiser des PAPS dans leur classe.

Dans sa classe, Mme Cloes les utilise au moins une fois par jour. « Quand je sens que les enfants ont besoin d’un break dans les apprentissages, quand l’attention se relâche et la concentration flanche » Debout, les enfants font entre 3 et 5 minutes d’exercices physiques à un rythme soutenu, sur la base de cartes-mimes créées par l’institutrice et de vidéos repérées sur Internet. Suit une courte phase de retour au calme (avec des exercices de respiration).

Des effets bénéfiques? « J’observe des effets sur l’attention, la concentration, la mémorisation, l’humeur de mes élèves, explique Mme Cloes qui a convaincu des collègues de 1re primaire. Aux enfants souffrant de troubles de l’attention, ces pauses permettent de relâcher la pression ; je les vois se reconnecter. Parallèlement, dans le cadre des apprentissages en classe, j’essaie d’éviter à mes élèves de longs temps en position assise. » 

« Les PAPS, ça sert à se défouler pour être plus calme après », approuve Camille. Et Amelia ajoute : « Après on travaille mieux ».

Classes flexibles : des nuances

Dans des classes flexibles, les élèves peuvent choisir différents postes de travail (chaises, ballons, coussins, tabourets oscillants…), travailler debout ou couchés selon leurs besoins et leur ressenti. 

Pascale Catinus, conseillère pédagogique transversale Wallonie-Bruxelles Enseignement y a consacré une étude (1). Pour elle, organiser une telle classe suppose que l’enseignant observe l’impact des aménagements sur le climat de classe, le comportement, les apprentissages, le bien-être de chaque élève. « Certains enfants ont besoin d’être stimulés ; d’autres ont les sens (vue, écoute) très éveillés ou se cherchent au niveau sensoriel. »

En outre, l’apprentissage et l’utilisation de l’écriture nécessitent des règles ergonomiques : dos appuyé, talons en appui au sol, surface de travail au niveau du pli du coude, ce qui suppose une chaise et une table adaptés à la taille de l’enfant. Pour ces activités, certains supports ne conviennent pas : le ballon, qui oblige à rechercher une posture verticale, le tabouret oscillant… 

Pour la conseillère, l’option la plus pertinente est la classe semi-flexible, les élèves ayant besoin à certains moments de supports traditionnels.

(1)  CATINUS P., Transformer ma classe en classe flexible, oui, mais pas n’importe comment, Wallonie-Bruxelles Enseignement, CAF, 2019.
 

Moteur de recherche

La dernière édition

Toutes les éditions

Retrouvez toutes les éditions de PROF.

Tous les dossiers

Retrouvez également tous les dossiers de PROF regroupés en une seule page !