Magazine PROF n°50

Dossier L’instruction à domicile en Belgique

Liberté et responsabilités

Article publié le 17 / 06 / 2021.
Article paru en ligne uniquement.

Anicée De Mari, institutrice et directrice d’école fondamentale en pause carrière, a accepté de lever un coin du voile sur un choix de vie fait en famille.

Anicée De Mari fait « école à la maison » à quatre de ses cinq enfants. Le grand de 17 ans vient d’obtenir son CESS via le jury, ses filles de 11 et 12 ans préparent le CEB, le petit de 4 ans apprend en jouant, et le garçon de 14 ans est scolarisé en 3^e secondaire.

Le choix de l’EAD a été fait il y presque 2 ans.

PROF : Comment avez-vous eu connaissance de la possibilité d’EAD ?

Anicée De Mari : Bien qu’enseignante et directrice d’école, j’ignorais totalement cette possibilité, croyant, comme beaucoup, que c’était l’école qui était obligatoire. Un jour, mon aîné m’a demandé de lui donner cours. Pensant que c’était interdit, j’ai dit non. Puis, je me suis renseignée, et j’ai vu que c’était possible.

Nous en avons discuté en famille avant de franchir le pas. Au départ, seul l’aîné était concerné, mais les filles et le petit dernier l’ont rejoint. Nous avons pris en compte les avis de nos enfants.

Pourquoi avoir choisi l’EAD pour vos enfants ?

Notre fils était malheureux à l’école. Il avait des difficultés et vivait très mal des remarques malveillantes de certains enseignants. Nous avons réfléchi à ce qui était le mieux pour nos enfants. Nous recherchions plus de bienveillance, de respect et de cohérence dans les apprentissages également.

Trop souvent, l’école met une étiquette sur un enfant et il est très difficile pour lui de la décoller. Nous souhaitions vraiment gérer notre famille autrement, même si nous reconnaissons qu’il faut les moyens pour le faire. Il faut accepter de perdre un salaire, revoir l’organisation de la famille. C’est un choix de vie.

Comment organisez-vous les apprentissages ?

Nous avons tâtonné pendant un an en changeant les méthodes. Parfois, nous en avons demandé trop, parfois pas assez. J’ai dû me déscolariser et mes enfants aussi : cela veut dire perdre nos automatismes liés à l’école. 

Avant de commencer, j’ai établi pour chaque enfant un plan des compétences socles et des savoirs qu’il devait acquérir. En général, le matin est réservé aux apprentissages formels et l’après-midi est réservée aux activités personnelles.

Le petit de 4 ans apprend en jouant, en partageant des activités. En fait, tout est source d’apprentissage et de découverte. J’ai constaté que nos enfants n’attendent plus que l’adulte leur dise quoi apprendre. Ils ont retrouvé le gout d’apprendre seul.

Quels sont les avantages et les inconvénients de l’EAD ?

La liberté est le plus grand des avantages. Nous avons le temps d’être avec nos enfants sans stresser. Le respect de l’enfant également. Les cours sont adaptés aux besoins et au rythme de chacun. Les enfants sont devenus plus débrouillards et autonomes depuis qu’ils sont en EAD.

Cette liberté a un prix, je suis totalement responsable de leur apprentissage. Pour cette raison, les évaluations réalisées par l’Inspection sont un soutien. Celles-ci se font dans un esprit de collaboration. Nous avons le même objectif : que les enfants bénéficient du meilleur enseignement possible. Nos rapports avec eux ainsi qu’avec l’Administration sont toujours constructifs.

Il est clair que l’EAD a un cout. Il faut parfois faire appel à des cours particuliers. C’est un choix que tout le monde ne peut faire.

Quels conseils donneriez-vous aux familles qui souhaiteraient se lancer ?

Suivre les réseaux sociaux traitant du sujet, s’informer des savoirs à dispenser (prendre un cahier de vacances est un moyen facile pour se faire une idée), se renseigner auprès d’ASBL existantes, discuter de ce choix avec les enfants et respecter leur avis, ne pas avoir peur d’oser. L’EAD est une belle aventure à vivre en famille.

Anicée De Mari : « Nous avons le temps d’être avec nos enfants sans stresser ».

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H. D'H.