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Magazine PROF n°55

 

L'acteur 

Dans l’ombre, les mains qui font l’école

Article publié le 30 / 08 / 2022.

Dans toutes les écoles, ils permettent l’accueil des élèves en toute sécurité : rencontre avec Chryssa Makavou, membre de l’équipe du personnel ouvrier de l’Athénée royal de Jette.

L'équipe du personnel ouvrier de l'Athénée royal de Jette
L'équipe du personnel ouvrier de l'Athénée royal de Jette
© FWB/PROF

La récréation vient de finir. La cour à peine vidée de ses élèves et déjà un homme muni d’un grand balai s’affaire à ramasser les papiers qui n’auraient pas atterris dans une des poubelles.

Dans le réfectoire et la cuisine, elles sont plusieurs, autour du chef, occupées à préparer le repas à venir. Qui à couper des légumes pour le « salade bar », qui à dresser les tables, qui à ranger les tasses de la pause de 10h des professeurs. Un autre homme est occupé à ranger la livraison de caisses de papier destinées aux photocopieurs pendant que des collègues vont de classe en classe pour qu’elles soient toujours propres et accueillantes.

Pour nous parler de sa fonction et de celles de ses collègues, Chryssa Makavou, concierge et membre du personnel ouvrier de l’Athénée royal de Jette, nous consacre quelques instants de sa journée pour nous parler de sa fonction et de celles de ses collègues.

Chryssa Makavou
Chryssa Makavou
© FWB/PROF

PROF : Qui êtes-vous et quelles sont vos fonctions ?

Chryssa Makavou : Je suis la concierge de l’athénée depuis quelques années. À mon arrivée de Grèce, il y a 11 ans, j’ai intégré l’équipe du personnel ouvrier pour faire du nettoyage. Je ne parlais pas le français. Grâce à tout le monde, j’ai appris le français. Au départ à la pension de la concierge précédente, on m’a proposé le poste que j’ai accepté.

Comment s’organise une journée-type ?

En tant que concierge, ma journée débute vers 6h. De 6 à 8 h, je commence par faire le tour des bâtiments scolaires, je vérifie que tout est en ordre, qu’il n’y a pas eu d’intrusion, de dégâts sur la façade… Ensuite, je m’occupe du nettoyage des classes, mais aussi de l’accueil des personnes extérieures comme l’électricien, le plombier, le chauffagiste…

À partir de 16h30, je refais le tour de l’école afin de vérifier les locaux. Je ferme les fenêtres laissées ouvertes, j’éteins les lampes. Enfin, après 18h30, après m’être assurée qu’il n’y a plus personne dans les bâtiments, je branche les alarmes.

J’ai donc une journée d’environ 12 heures, mais c’est mon choix et j’en suis très contente. Ma famille et moi bénéficions d’un logement de fonction, et je gagne mieux ma vie qu’avant. Et puis, j’aime « mon » école, je m’en sens responsable comme si c’était « la mienne ».

Vous êtes une équipe. Quelles sont les différentes tâches de vos collègues ?

Je ne suis pas la cheffe de mes collègues. Ce sont Mme la préfète et l’économe qui sont les chefs de l’équipe. Nous sommes tous collègues. D’ailleurs, je préfère cela car il y a un équilibre entre nous. On est tous là les uns pour les autres. On est une équipe d’amis, sans rivalité et sans jeu de pouvoir. C’est très précieux et cela donne une bonne ambiance de travail.

Nous avons tous un point commun : nous sommes tous engagés pour faire de nettoyage, mais nos compétences sont valorisées. Par exemple, l’un est le peintre de l’équipe tandis que l’autre est le spécialiste des réparations en plomberie et électricité. Un autre encore s’occupe de tout ce qui est menuiserie. On essaie d’entretenir au mieux l’école sans devoir faire appel à des artisans externes.

Êtes-vous consultés et intégrés aux décisions prises concernant la gestion des bâtiments scolaires ?

Nous sommes toujours consultés. On nous demande si c’est techniquement possible, le temps que le travail va prendre, si nous savons le faire. Par exemple, de nombreux locaux ont été repeints, on nous a demandé notre avis pour le choix des couleurs. Nous sommes vraiment intégrés à la vie de l’école.

En quoi votre fonction est essentielle pour une école ?

Certaines personnes ont découvert que nous étions indispensables pendant la crise sanitaire. En effet, pendant cette période nous avons eu énormément de choses à faire pour nettoyer et désinfecter chaque classe entre chaque heure de cours, mais aussi après les cours. Cela dépassait le simple coup de spray désinfectant ! Nous désinfections les poignées de porte, les interrupteurs, les bancs… Tout ! C’était une catastrophe.

Nous permettons à une école d’être propre, agréable à vivre et nous nous assurons que les lieux sont sécurisés. Nous réparons ce qui est cassé et qui pourrait causer des accidents.

Quels rôles jouez-vous auprès des jeunes de l’école ?

J’adore les enfants. Et les élèves sont adorables avec moi, mais aussi avec mes collègues. Ils nous apprécient et nous respectent. Souvent, ils proposent leur aide, nous font des petites blagues.

Quand ils organisent des fêtes, ils ne nous oublient pas. Mais je me fâche quand ils coupent mes fleurs, mais c’est rare.

Pensez-vous que tous les personnels ouvriers ont le même ressenti que vous ?

Je ne sais pas trop comment cela se passe dans les autres écoles. Mais les personnes extérieures sont impressionnées quand elles voient notre groupe. Nous sommes des collègues-amis et nous avons de la chance. Je pense que tout le monde n’a pas cette chance.

Que changeriez-vous dans votre travail ?

En fait, c’est le chef d’établissement qui fait l’ambiance de travail. Et nous avons de la chance d’avoir une cheffe qui nous permet de travailler sans stress, sans pression. Nous sommes toutes et tous respecté-es et apprécié-es par tout le monde. C’est précieux.

Si je vous dis que vous êtes les « mains de l’ombre » indispensables au bon fonctionnement d’une école, que
diriez-vous ?

Je suis totalement d’accord. Je pense que mes collègues le seraient aussi. Nous avons chacun notre rôle à jouer, notre place. Notre importance. En fait, une école fonctionne parce que chacun est important.

Par exemple, lors de la crise sanitaire, la cuisine aurait pu arrêter de fonctionner faute de personnel, mais nous nous sommes toutes et tous serrés les coudes et nous avons pu garder la cuisine ouverte et continuer à offrir des sandwichs aux élèves.

Je suis très contente de pouvoir m’exprimer aujourd’hui, en mon nom et aussi au nom de mes collègues, car nous sommes tous très attentifs à ce que tout se passe bien à l’école. C’est très important pour nous. Nous sommes fiers de notre travail. Même si nous sommes souvent remerciés pour notre travail, je suis très heureuse aujourd’hui de pouvoir dire merci pour cette chance et ce plaisir que j’ai à travailler avec mes collègues et pour cette école.

Propos recueillis par Hedwige D'HOINE

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