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Magazine PROF n°0

 

Dossier Réforme de la formation initiale des enseignants

Devenir enseignant : le changement, c’est maintenant

Article publié le 01 / 07 / 2023.

Finis les reports, la réforme de la formation initiale des enseignants s’apprête à sortir de sa chrysalide. Elle verra le jour à la rentrée 2023 et voici ce qu’elle renferme.

© Alexis Haulot

Attendue depuis de nombreuses années, approuvée par un premier décret en 2019, suivi d’un décret modifiant le précédent en 2021, la réforme de la formation initiale des enseignants va finalement s’installer dans les auditoires à partir de l’année académique 2023-2024. Elle vise à améliorer la formation et ainsi le système éducatif, à s’adapter à l’évolution du métier et à le rendre plus attractif.

La réforme s’articule autour de quatre axes : un allongement de la formation des enseignants de trois à quatre ans pour le fondamental et le secondaire inférieur, un renforcement de la pratique, une co-diplômation entre établissements d’enseignement supérieur et la maitrise de la langue française.

Professeur-étudiant

C’est le changement majeur de cette réforme. La formation de tous les enseignants du tronc commun passe de trois à quatre ans. Après trois années de bachelier (180 crédits), une année de master (60 crédits) complète le cursus. Les filières ont d’ailleurs été rebaptisées : section 1 (pour enseigner de la 1re maternelle à la 2e primaire), section 2 (pour enseigner de la 3e maternelle à la 6e primaire) et section 3 (pour enseigner de la 5e primaire à la 3e secondaire).

Cet allongement permet de réduire l’écart avec les professeurs du secondaire supérieur formés en cinq ans mais il vise avant tout à mieux armer les futurs enseignants contribuant ainsi à l’amélioration du système éducatif francophone.

La quatrième année d’études sera une sorte de baptême scolaire. L’étudiant commencera à exercer son métier sous la bannière de professeur-étudiant. Il réalisera un stage de longue durée tout en suivant des cours théoriques et pratiques. « Si c’était une formation en trois ans plus une année de stage, ce serait comme employer des personnes sans les payer pour combler la pénurie. Ce n’est pas l’objectif d’une formation. L’objectif est de former les meilleurs enseignants possibles », insiste Cécile Moucheron, coordinatrice du Pôle éducation de l’Université Libre de Bruxelles (ULB).

L’étudiant se rendra donc dans une école capable de lui fournir un accompagnement adéquat. Ce nouveau système allie pratique au sein des écoles et retours réflexifs des maitres de formation professionnelle et des formateurs. Il doit permettre de faciliter l’insertion des futurs enseignants dans leur milieu de travail et de les aider à s’installer durablement dans leur métier. Parce que l’enseignement doit faire face à un phénomène problématique : en Fédération Wallonie-Bruxelles, 25 % des enseignants quittent la profession avant la fin de la première année de leur entrée dans le métier.

Des changements concernent aussi les étudiants qui se destinent au secondaire supérieur (4e à 6e secondaire), soit les sections 4 et 5. Après un bachelier disciplinaire (180 crédits en trois ans), deux possibilités s’offrent aux étudiants. Soit ils s’inscrivent directement à la section 4, un master en enseignement de deux ans (120 crédits). Soit, après avoir obtenu un master disciplinaire (240 crédits en un an ou 300 crédits en deux ans), ils rejoignent la section 5, un master en enseignement d’une année (60 crédits contre 30 crédits actuellement) dédié à la pédagogie et à la didactique, aux sciences humaines et à la pratique. Fini donc le master à finalité didactique ou l’agrégation de l’enseignement secondaire (AESS). A l’horizon 2027, les diplômes actuels seront amenés à disparaitre au profit des diplômes de section 1 à 5.

© PROF/FWB

Des co-diplômés incollables en français

Autre nouveauté et pas des moindres, la co-diplômation. Au moins deux types d’établissements supérieurs (universités, hautes écoles et écoles supérieures des arts) liés par une convention organiseront le cursus menant au métier d’enseignant et sanctionneront le diplôme. Cela permettra aux étudiants de bénéficier de l’expertise et la complémentarité de ces différentes structures.

Cependant, chaque programme sera porté majoritairement par un établissement référent. L’université est référente pour les programmes de sections 4 et 5, pour le master en sciences de l’éducation, et pour tous les masters de spécialisation.
Les enseignants et les étudiants pourraient être amenés à voyager entre les deux établissements.

« Ce serait bien qu’un jeune co-diplômé découvre l’université pour créer un sentiment d’appartenance mais c’est aussi important d’un point de vue pédagogique. À l’ULB par exemple, on a des structures, appelées experimentarium, de chimie et de physique, un jardin botanique pour la biologie, un musée de zoologie. Il est donc plus judicieux et plus intéressant de profiter de ces lieux pour travailler ces matières. Par contre, faire se déplacer les étudiants pour un cours purement théorique a moins d’intérêt », explique Cécile Moucheron.

La réforme fera également de la maitrise orale et écrite de la langue française une exigence. Pour tous les étudiants entamant la formation initiale des enseignants, quelle que soit leur filière, une épreuve commune sera organisée au début de l’année académique (le troisième mardi d’octobre) avec une variante entre les futurs enseignants du tronc commun et du secondaire supérieur.

Pour les futurs enseignants des sections 1 à 3, l’épreuve sera facultative avec pour but d’établir un diagnostic. Si elle est réussie, l’étudiant sera dispensé du cours de langue française (5 crédits) inscrit au programme de première année de tous les futurs enseignants. Si l’épreuve n’est pas réussie ou présentée, l’étudiant devra obligatoirement suivre le cours. Pour les futurs enseignants des sections 4 et 5, l’épreuve sera obligatoire. En cas d’échec, l’étudiant devra ajouter à son programme un cours de maitrise de la langue française.

Concrètement, l’épreuve pourra être passée au sein même des établissements. Elle sera identique pour tous et composée annuellement par un jury de neuf experts. Elle sera calibrée sur le niveau C1 du cadre européen commun de référence pour les langues (CECRL), soit un niveau dit « d’utilisateur expérimenté ». Il suppose la compréhension de textes longs et exigeants, la capacité à s’exprimer couramment sans trop devoir chercher ses mots sur des sujets complexes et l’aptitude à contrôler les outils linguistiques.

Des profs et des titres

Pour enseigner, des titres sont requis avec une double composante : l’une est déterminée par la spécialité du candidat et l’autre est pédagogique (diplôme pédagogique délivré par une haute école pédagogique, agrégation de l’enseignement secondaire supérieur, certificat d’aptitude pédagogique).

Pour obtenir le titre de professeur de cours techniques et de pratique professionnelle dans l’enseignement secondaire, pas de changement. Le candidat doit être agrégé de l’enseignement secondaire inférieur (études supérieures de type court) avec une orientation économie familiale et sociale, bois-construction ou électromécanique. Autre possibilité, décrocher un Certificat d’Aptitudes Pédagogiques (CAP) accessible grâce à la réussite d’études de niveau supérieur au sein de l’enseignement de promotion sociale ou via le jury de l’enseignement de la Communauté française.

La réforme s’est également penchée sur les titres permettant de former les futurs enseignants. Jusqu’à présent, il n’était pas demandé aux professeurs dans l’enseignement supérieur de promotion sociale ou en haute école, lors de leur recrutement, de détenir un titre pédagogique. Par contre, ils devaient acquérir le Certificat d’Aptitude Pédagogique Approprié à l’Enseignement Supérieur (CAPAES) dans un délai de 6 ans, à dater de la première désignation dans un emploi vacant, afin de poursuivre la carrière engagée et prétendre à un engagement définitif.

Là aussi, il y a du changement. Désormais, un master de spécialisation en formation d’enseignants ou une thèse de doctorat en didactique, en sciences psychologiques et de l’éducation ou dans le domaine « enseignement » sera requis pour enseigner la majorité des cours à de futurs enseignants.

Le master de spécialisation en formation d’enseignants ouvrira aussi ses portes à la rentrée 2023. Le CAPAES ne devient pas pour autant obsolète. Il permettra toujours d’enseigner en haute école dans tous les domaines autres que ceux relevant de la catégorie pédagogique. Précisons que les détenteurs d’un CAPAES ou ceux ayant entamé leur formation avant l’entrée en vigueur de la réforme, ne sont pas tenus de suivre le master.

Un salaire revalorisé ?

À l’heure actuelle, les enseignants formés en bachelier de trois ans bénéficient d’un barème appelé 301, s’ils prestent dans l’enseignement fondamental et au degré inférieur de l’enseignement secondaire, et d’un barème 386 au secondaire supérieur, tandis que leurs collègues disposant d’une licence ou d’un master universitaire (cinq ans d’études depuis la réforme du processus de Bologne) jouissent également d’un barème 301, sauf exception, s’ils prestent dans ces mêmes niveaux. Ils bénéficient toutefois d’un barème 501 plus élevé s’ils prestent dans l’enseignement secondaire supérieur.

Dorénavant, les étudiants des sections 1 à 3 seront également formés au niveau master après quatre années d’études. Le décret du 11 avril 2014 prévoit d’ores et déjà qu’un barème spécifique doit être attribué aux porteurs de ces nouveaux masters prestant au fondamental ou au degré inférieur de l’enseignement secondaire. Ce nouveau barème, dont le montant est sollicité par les acteurs de l’enseignement, serait intermédiaire entre le 501 et le 301. Une décision politique est attendue sur ce volet de la valorisation salariale lors de la prochaine législature.
 

Quelles règles pour les inscrits en 2022 ?

La formation durera toujours trois ans pour les étudiants et étudiantes ayant commencé leurs études en septembre 2022.
Ceux et celles  inscrits en 2022 qui auraient échoué à certaines unités d'enseignement (UE) resteront dans le programme en trois ans et devront représenter les UE ratés.

Les personnes qui rateraient leur deuxième ou troisième année ne pourront rester dans le cursus en trois ans qu’à condition de terminer leur parcours pour 2026. Si elles n’obtiennent pas leur bachelier cette année-là, elles basculeront dans les nouvelles sections correspondantes au niveau d’enseignement. Si elles décrochent leur diplôme durant l’année académique 2026-2027, elles auront la possibilité de s’inscrire au master pour disposer du même barème.

Les étudiants et étudiantes qui suivent un master à finalité didactique ou souhaitent s’y inscrire avant 2024-2025 doivent obtenir leur diplôme au plus tard lors de l’année académique 2027-2028 pour ne pas entrer dans la réforme.
 

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