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Magazine PROF n°8

 

L'info 

Des passerelles pour un « passeport »

Article publié le 01 / 12 / 2010.

Dans soixante écoles fondamentales ou secondaires, des classes-passerelles aident des élèves primo-arrivants à franchir le seuil de l’enseignement « ordinaire ».

Des classes à l’organisation très contrastée. Certaines, notamment si elles sont proches d’un centre d’accueil pour demandeurs d’asile, accueillent les élèves à n’importe quel moment de l’année scolaire. Beaucoup les réintègrent après quelques semaines ou quelques mois dans une classe ordinaire.

Le geste, omniprésent au début de l’année, cède peu à peu la place à l’expression verbale.
Le geste, omniprésent au début de l’année, cède peu à peu la place à l’expression verbale.
© PROF/FWB/Jean-Michel Clajot

Au Campus Saint-Jean, à Molenbeek, école secondaire proposant un enseignement général et qualifiant, l’organisation horaire de la classe-passerelle se calque sur celle d’une année scolaire ordinaire. «Nos moyens ne nous permettent d’accueillir qu’une cinquantaine d’élèves dans nos groupes de français intensif pour remplir nos objectifs. Nous refusons malheureusement plus de soixante demandes d’inscription par an », précise Alain Clignet, le coordinateur des classes-passerelles.

La classe-passerelle s’y décline en quatre groupes-classes. Trois accueillent chacun une petite quinzaine de jeunes primo-arrivants (non francisés ou ne possédant pas le niveau de compétences requis), répartis par tranches d’âge. Une quatrième réunit huit élèves peu ou pas scolarisés dans leur pays d’origine, d’âges divers. Un public hétérogène et mouvant, mêlant origines géographiques, cultures, statuts, parcours personnels et scolaires.

L’horaire hebdomadaire - français, mathématiques, sciences, néerlandais, éducations artistique et physique - intègre des activités pour développer la confiance en soi ou s’approprier la culture du pays d’accueil. « Les enseignants pratiquent une pédagogie active en communication qui encourage la prise de parole et l’échange mais aussi la dynamique de groupe par le biais de présentations, de jeux de rôle et d’autres activités », explique le directeur, Pierre Laurent. « Au début, le gestuel est omniprésent, poursuit Charlotte Bellière, régente en français langue étrangère (FLE). C’est un outil efficace de dialogue même si certains rechignent un peu, trouvant cela enfantin. Peu à peu, le verbal se taille une place croissante dans les apprentissages ».

Des enseignants volontaires

Travaillant dans une structure qui doit être renouvelée chaque année, les douze enseignants volontaires ne peuvent être nommés dans les conditions du décret actuel (un nouveau est en préparation). Tous ont suivi une formation à la méthode « Pourquoi pas », visant l’apprentissage du FLE par la mise en situation et l’usage des multimédias.

Des apprentissages très différenciés.
Des apprentissages très différenciés.
© PROF/FWB/Jean-Michel Clajot

« Les apprentissages sont très différenciés. La taille des groupes et le nombre d’heures passées avec les élèves le permettent, explique Virginie Maingain, professeur de français. Voilà qui laisse à la relation le temps de se nouer avec ces jeunes pour lesquels ces classes représentent parfois le premier contact positif avec la Belgique ». L’enseignante partage les périodes de français dans deux groupes-classes avec Charlotte Bellière. « Cela permet d’évaluer la meilleure méthode pour atteindre certaines compétences, et de croiser les regards sur les élèves ».

Au terme de l’année, le conseil d’intégration évalue le niveau de l’élève et l’oriente vers des classes « ordinaires ». Mais les aiguillages sont différents : pour certains primo-arrivants possédant bulletins ou attestations scolaires de leur pays, une demande d’équivalence est envoyée au Ministère. Pour les jeunes venus avec ou sans documents scolaires, ayant introduit une demande d’asile ou obtenu le statut de réfugié, le conseil d’intégration (élargi) décide, en présence d’un membre du jury de la Communauté française, dans quelle classe le placer. Pour ceux qui n’entrent pas dans une de ces catégories, le critère, c’est l’âge. Pour adoucir la transition, le Campus Saint-Jean a créé une troisième et une quatrième FLE-sciences, avec dix heures de français au menu.

Les rapports avec les parents ? « Je leur demande de se faire accompagner d’une personne bilingue lors de l’inscription, explique Alain Clignet, coordinateur des classes-passerelles. Nous pouvons ainsi connaitre le passé du jeune, l’histoire de la famille et expliquer notre projet. Pour l’explication des documents scolaires, la présentation de l’équipe éducative, nous demandons à d’anciens élèves de jouer les interprètes, pour encourager les parents ». Les entretiens individuels, notamment pour l’orientation, requièrent éventuellement la présence d’un interprète. L’école qui a bénéficié autrefois d’une aide financière de la Communauté française et de la commune de Molenbeek assure actuellement seule le recours à un service d’interprètes sociaux.

Catherine MOREAU

Un sentiment de victoire

En Belgique depuis quatre ans, Alexandra, 19 ans, roumaine, a débarqué en classe passerelle sans connaitre un mot de français. « Les enseignants nous plaçaient dans diverses situations bien concrètes. Pas le choix : nous devions nous montrer très actifs, parler sans arrêt. Et si nous ne comprenions pas certains mots, ils les remplaçaient par des gestes, des dessins, des intonations,… Je n’avais pas honte de me tromper. Actuellement, je suis en sixième option langues où j’apprends, outre le français, le néerlandais, l’anglais et l’espagnol. En matière d’apprentissage du français, je me sens à 9,5 sur une échelle de 0 à 10. N’empêche : en classe passerelle, puis en quatrième ‘français langue étrangère’, même si je sentais bien que j’étais incapable de m’en tirer seule, j’avais l’impression de perdre un an. Je ressentais un peu de rancœur, voire de jalousie. Cela m’est passé aujourd’hui et ce que j’éprouve, c’est plutôt un sentiment de fierté. De victoire… »

Repères

Soixante. Il y a actuellement, en 2010, 31 classes-passerelles dans le fondamental et 29 dans le secondaire. La liste des écoles qui les organisent est disponible sur http://www.enseignement.be/index.php?page=26430

Primo-arrivants. Les classes-passerelles accueillent des élèves primo-arrivants. Pour être considéré comme tel, il faut réunir plusieurs conditions, notamment être âgé de 2 ans et demi au moins et de moins de 18 ans. Pour plus de détails, voir le décret disponible à l’adresse https://www.gallilex.cfwb.be/fr/leg_res_02.php?ncda=46275&referant=l02

Un an maximum. La durée d’accueil en classe-passerelle va d’une semaine à six mois, voire un an maximum après décision du conseil d’intégration (direction, enseignants, titulaires des classes du cycle correspondant à l’âge de l’élève et instituteurs chargés du cours d’adaptation à la langue de l’enseignement). Les élèves y bénéficient d’un programme de formation humaine (dont l’apprentissage intensif du français) d’au moins 15 périodes/semaine et de formation mathématique et scientifique d’au moins 8 périodes.

Encadrement. L’école organisant une classe-passerelle bénéficie, en complément de son capital-périodes ou NTPP, de 30 périodes ou 30 périodes-professeur par an.

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