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Magazine PROF n°11

 

Dossier Rythmes scolaires

Rythmes scolaires : revoir la partition ?

Article publié le 01 / 09 / 2011.

Deux mois de vacances d’été, des journées découpées en tranches de cours de 50 minutes. L’air est connu, certains y pointent des fausses notes, mais pas de révolution en vue.

Le débat n’est pas neuf. Voilà des années que revient périodiquement le questionnement sur l’alternance des périodes de cours et de congés, héritage de la nécessité de disposer autrefois de bras pour les travaux agricoles et des intérêts, plus contemporains, de l’industrie touristique (1).

D’autres questions concernent l’organisation des journées et des semaines scolaires, calquée sur le monde du travail et considérée traditionnellement comme un cadre structurant auquel les élèves doivent se soumettre. « Le découpage des emplois du temps dans le secondaire assure la correspondance un enseignant/une discipline/une classe/une salle », observe Patrice Bride, enseignant et secrétaire général du CRAP-Cahiers pédagogiques. « Comment imaginer, ajoute-t-il, un fonctionnement construit à l’inverse, c’est-à-dire en partant de la question de la meilleure organisation possible pour les apprentissages ? » (2)

Les pics de l’attention

Pourquoi ces questionnements ? D’abord, en raison du courant visant à replacer les élèves au centre du système éducatif. Et puis, voici trente ans que les chronosciences, au carrefour des la biologie, de la physiologie et de la psychologie, observent les rythmes de l’enfant aux différents stades de son développement physique et cognitif.

Les résultats de ces observations ? Se basant sur des recherches (3), le psychophysiologue Hubert Montagner précise que la première heure matinale (8 h 30-9 h 30) n’est pas favorable aux apprentissages. Entre 13 et 14 h, le rythme biologique enregistre une « dépression » qui ne favorise pas une forte mobilisation de l’attention et des ressources intellectuelles. De 13 h 30 à 16 h 30, les capacités de vigilance varient avec l’âge et les particularités des enfants (une baisse est sensible chez la plupart des élèves en difficulté ou en échec). Enfin, entre 16 et 19 ou 20 h, le créneau est propice aux activités physiques et sportives.

Les médecins Yvan Touitou et Pierre Bégué insistent sur le rôle primordial du sommeil, sur la moindre résistance des enfants durant l’automne et le dernier mois d’hiver, et pointent également l’effet désynchronisateur du weekend (4). Lorsque l’horloge biologique n’est plus en phase avec les facteurs de l’environnement (l’alternance des moments de repos et d’activité imposés aux élèves), les enfants subissent une désynchronisation qui risque d’entrainer fatigue et difficultés d’apprentissage.

En France, les chronobiologistes recommandent donc de réserver l’enseignement des « matières difficiles » au milieu des matinées ou des après-midis, d’aménager la semaine sur quatre jours et demie ou cinq jours en évitant la désynchronisation liée à un weekend (en rouvrant les classes le samedi matin) et d’évoluer vers une alternance entre sept ou huit semaines de classe et deux semaines de vacances.

Du temps mobile

Vers quels changements, vers quelles expériences ces observations ont-elles mené ? Des chercheurs ont proposé trois pistes : allonger le temps scolaires (notamment pour mieux répondre aux besoins de chaque élève), faire un meilleur usage du temps scolaire, et mettre ce temps scolaire en synergie avec les autres temps éducatifs.

La première piste a été expérimentée aux États-Unis, dans 655 écoles accueillant majoritairement des élèves issus de minorités et/ou de milieux défavorisés. Elle donne de premiers résultats encourageants au niveau des résultats scolaires.

L’amélioration de la qualité du temps scolaire a pris des voies diverses. Comme l’organisation de l’année scolaire en six périodes de travail ponctuées d’une semaine de congé, au Royaume-Uni. Ou de blocs de 70 à 120 minutes, aux États-Unis, afin de faciliter l’individualisation des enseignements et la remédiation. La France a expérimenté dans une centaine d’écoles un système prévoyant des matinées de cours et des après-midis réservées aux sports, alors que l’Allemagne l’a progressivement abandonné en raison de performances scolaires jugées insuffisantes et de l’inégalité de réussite scolaire en fonction de l’emploi des temps libres.

En France toujours, une trentaine d’écoles secondaires ont testé un système de temps mobile : des cours d’une à quatre heures, selon les besoins pédagogiques, les enseignants se concertant pour planifier le programme de chaque discipline de façon à faire coïncider des temps propices aux approches transversales. Et 15% du temps était réservé au travail à rythme individuel (5).

À l’école à temps plein

Enfin, le développement de synergies entre temps scolaire et autres temps éducatifs s’ancre dans le constat que l’école n’est plus seule à faire acquérir des savoirs, à construire des compétences et à socialiser. Cela a débouché, en Allemagne et en Suisse notamment sur des « écoles à temps plein » en partenariat avec des associations culturelles, sportives, des écoles de devoirs,… Avec l’objectif d’améliorer les résultats scolaires des élèves mais aussi de leur transmettre d’autres formes de travail et d’apprentissage, d’aplanir les différences socioculturelles ou d’apprendre aux enfants à gérer leur temps libre.

Catherine MOREAU

(1) L’on trouvera une bibliographie détaillée sur le sujet dans la version électronique du magazine http://www.enseignement.be/prof
(2) BRIDE P., « Les rythmes scolaires : de l’imagination et du courage ! », dans Les Cahiers pédagogiques, n°486, janvier 2011.
(3) KOCH P., MONTAGNER H., et SOUSSIGNAN R., « Variations of behavioral and physiological variables in children attending kindergarten and primary schools », dans Chronobiology International, 4, 1987, pp. 525-535.
(4) TOUITOU Y. et BÉGUÉ P., « Aménagement du temps scolaire et santé de l’enfant : vers un nouvel horaire scolaire », rapport d’un groupe de travail de la Commission X (Maternité – Enfance - Adolescence) de l’Académie nationale de Médecine, publié le 19 janvier 2010 sur
https://www.researchgate.net/publication/238790478_Amenagement_du_temps_scolaire_et_sante_de_l%27enfant_RAPPORT_Amenagement_du_temps_scolaire_et_sante_de_l%27enfant
(5) HUSTI A., « Temps approprié et temps mobile : un levier de changement en France », dans SAINT-JARRE C. et DUPUIY-WALKER L., Le temps en éducation : regards multiples, Sainte-Foy, Presses de l’Université du Québec, 2001.

Il y a vingt ans déjà…

Il y a vingt ans déjà… En 1990, une Commission des rythmes scolaires a réuni des représentants du ministre de l’Éducation, des pouvoirs organisateurs, de l’Inspection, des syndicats, des parents,… autour d’experts.

Dans un rapport d’octobre 1991 (1), elle recommandait de réduire l’excès des apprentissages cognitifs pour assurer un meilleur équilibre entre les trois domaines (affectif, cognitif et moteur) menant au développement global de l’enfant. Elle suggérait de freiner le morcèlement des savoirs pour que l’école donne plus de sens aux apprentissages et de mieux utiliser le temps scolaire en faisant coïncider le niveau de vigilance, la capacité d’attention, la nature de la tâche et le processus d’apprentissage.

Pour assurer une meilleure alternance entre travail (sept à huit semaines de classe) et repos, elle proposait de réduire les grandes vacances au profit de périodes de congé étalées sur l’année.

(1) Disponible auprès du Centre technique et pédagogique de la Communauté française (code F140). http://www.ctpe.be (065 / 66 73 22 ou ctp.frameries@ctpe.be)

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