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Magazine PROF n°1

 

Souvenirs d'école 

Mousta Largo : « J’ai échappé à la délinquance… »

Article publié le 01 / 03 / 2009.

PROF donne la parole à des personnalités d’horizons divers, qui évoquent leurs souvenirs d’école. Derrière des anecdotes truculentes ou touchantes, un destin s’inscrit en filigrane sur une page de vie tracée dès l’enfance. Mousta Largo raconte « son » école.

« Peu importe d’où on vient, du moment qu’on sait où on va ». Chantre de la tolérance et du rapprochement entre les peuples, Mousta Largo – chanteur, animateur et musicien belge d’origine marocaine – est né en 1968 à Schaerbeek. Plongeant ses racines dans la culture hispanique et maghrébine, sa musique reste un mélange d’influences occidentales et orientales.

Programmé à l’occasion de la clôture de l’Année européenne de la diversité culturelle, son dernier spectacle, D’une rive à l’autre, offre une sensibilisation au dialogue interculturel. Grâce à un financement de la cellule Culture-Enseignement de la Communauté française, Mousta Largo sera gratuitement dans les écoles secondaires, d’ici juin 2009 (1).

PROF : Quel souvenirs gardez-vous de l’école ?
Mousta Largo :
L’école primaire était fascinante jusqu’à la quatrième, parce que les profs étaient d’une gentillesse incroyable. Dix ans, c’était les premiers petits amours platoniques. On était très fleur bleue à l’époque. Il y avait une très grande forme d’insouciance. Mais en quatrième, il y avait une vraie sorcière qui nous a dit, à mes copains et à moi, « Je vous briserai ! » L’année suivante, on a changé d’école…

Une anecdote ?
Une année, l’institutrice avait dit à des petits Italiens de la classe : « Vous, les Italiens, vous avez la Rome antique ». On lui a demandé : « Et nous, les Marocains ? » Elle a répondu : « Vous avez le sable et les chameaux ! » Elle était adorable, mais complètement larguée... Dans les manuels d’histoire, on apprenait que Charles Martel avait arrêté les Arabes à Poitiers. C’était tout ce qu’on disait…

D’autres souvenirs marquants ?
Je me souviens qu’en période de Noël, il y avait un sapin. Les parents pouvaient apporter un cadeau pour leurs enfants. Nous, on recevait des mandarines et des spéculoos. Les autres, ils recevaient de gros cadeaux. J’avais très dur. Je pensais que le Père Noël était une ordure… (rires)

Ce n’était pas la vie d’artiste…
Les conditions à la maison étaient très dures. Nous dormions à quatre dans la même chambre. Mon père nous a dit : « Ça, c’est la salle de jeux ». C’était dehors… Il n’y avait pas de bureau et mes parents étaient analphabètes. Ils voulaient que nous fassions des études très courtes parce qu’ils avaient l’espoir de rentrer au pays.

Mousta Largo :  « Peu importe d’où on vient, du moment qu’on sait où on va ».
Mousta Largo : « Peu importe d’où on vient, du moment qu’on sait où on va ».
© Alexis Haulot

L’école, pour vous, c’était important ?
Nous, on voulait ressembler aux grands frères. Ils avaient des motos, des vestes en cuir… À 14 ou 15 ans, un prof m’a dit : « Tu es un enfant brillant. Grande gueule, mais tu n’es pas un voyou… » Il me l’a dit avec une telle gentillesse qu’il m’a désarçonné. J’ai échappé à la délinquance, qui était la voie normale. Maintenant, quand je travaille avec les élèves, j’essaie d’amener cette petite torche que ce prof m’a amenée.

Et finalement, quelles études avezvous faites ?
Je suis parti faire l’électromécanique à l’Institut de la Providence, à Cureghem.

Pourquoi ce choix ?
Depuis l’âge de 6 ou 7 ans, suite à la lecture d’un livre sur l’Égypte, mon rêve était de faire l’archéologie. Je l’ai dit au centre PMS, à 12 ans. La dame m’a dit : « Ça va coûter cher (mon père venait de décéder), il vaut mieux faire la mécanique ». Alors j’ai fait la mécanique. Mais quand je me suis retrouvé avec une lime et un cache-poussière, je me suis dit : « Non, je ne veux pas faire ça ». Pour ma mère, il fallait faire quelque chose très vite. Alors, j’ai fait l’électromécanique jusqu’à la sixième professionnelle.

Des regrets ?
Je n’ai aucun regret. Ça me permet de traduire ma colère en art. Quand c’est fait de façon positive, ça peut donner de belles choses. L’archéologie, ça m’est passé maintenant. Je suis allé trois fois en Égypte, mais plus pour en faire un métier…

Propos recueillis par
Étienne GENETTE

(1) Le spectacle peut toujours être programmé (02 / 507 83 31).

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