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Magazine PROF n°17

 

Souvenirs d'école 

Émilie Marchandise : « Je voyais les maths comme un jeu »

Article publié le 01 / 04 / 2013.

Émilie Marchandise, qui enseigne la biomécanique aux futurs ingénieurs, le répète : il faut ancrer les apprentissages de mathématiques et de sciences dans la vie concrète.

PROF : Où vous ramènent vos souvenirs d’école les plus lointains ?
Émilie Marchandise :
Dans une petite école néerlandophone où mes parents, convaincus qu’il faut être bilingue à Bruxelles, m’avaient conduite en 1re maternelle, munie de quelques mots de base - dank u, pipi doen,… Puis, en 4e primaire j’ai rejoint, toujours en néerlandais, le Lycée Mater Dei, à Woluwe-Saint-Pierre, où nous étions vingt élèves francophones sur vingt-quatre. Là déjà, contrairement à d’autres matières où il fallait apprendre et retenir, je voyais les maths comme un jeu. Quand on avait saisi les règles, on pouvait s’amuser et réaliser des choses bien concrètes.

Emilie Marchandise : « En math, par contre le professeur remettait toujours les concepts dans leur contexte, en expliquant les utilisations concrètes des intégrales, par exemple ».
Emilie Marchandise : « En math, par contre le professeur remettait toujours les concepts dans leur contexte, en expliquant les utilisations concrètes des intégrales, par exemple ».
© Emilie Marchandise

Vous avez donc choisi une option maths fortes dans le secondaire ?
Pas tout à fait : pour me donner une formation littéraire, mes parents m’ont inscrite en français au Sacré-Cœur de Lindthout, en latin-grec, deux branches dont le côté logique m’amusait aussi. En 4e, j’ai renforcé ma formation en math (6 heures) tout en gardant le latin, si bien qu’il ne restait que 2 heures par semaine pour un cours d’initiation scientifique qui alternait physique, biologie et chimie.

Trop peu, selon vous.
Ce que je regrette surtout, c’est que faute d’ancrer ce cours dans le concret, l’enseignante qui donnait le cours de physique/biologie ne parvenait pas à intéresser les élèves et à maintenir la discipline. À la fin de la 6e, elle nous a lancé : « Je n’ai pas eu le temps de donner la matière. Bonne chance à ceux qui poursuivront les sciences… ». En math, par contre le professeur remettait toujours les concepts dans leur contexte, en expliquant les utilisations concrètes des intégrales, par exemple.

D’où votre choix de devenir ingénieur, une formation comportant beaucoup de cours de sciences ?
Comprenant que les maths donnaient des bases importantes pour étudier les sciences, j’ai présenté l’examen d’entrée d’ingénieur après avoir suivi des cours préparatoires le samedi matin. Mais le déclic, je l’ai vraiment ressenti quand mes parents m’ont fait rencontrer des amis ingénieurs et lors d’une visite, durant les vacances, du pont de Normandie, un pont à haubans enjambant l’estuaire de la Seine. J’ai compris alors que j’aimerais faire des études de génie civil.

Le contact avec des réalisations concrètes et des professionnels, donc ?
Tout à fait. Je trouve bien dommage que les élèves du secondaire aient si peu de contacts avec le monde professionnel et connaissent si peu les débouchés des études scientifiques. Se limiter à une soirée-rencontre, en rhéto, ce n’est pas du tout suffisant. Pourquoi ne pas impliquer des ingénieurs dans la formation des futurs enseignants, ou proposer à ces derniers de faire un stage dans une entreprise ?

Vous avez choisi l’enseignement, pourtant.
En 3e année, à l’Université catholique de Louvain, un stage de trois semaines en entreprise m’a permis de me rendre compte que travailler sur un chantier ou dans un bureau d’étude où il fallait planifier, organiser, ce n’était pas fait pour moi. Heureusement, on m’a proposé de faire une thèse. Une carrière académique présentait plusieurs atouts : je pouvais enseigner, mais aussi participer à des recherches, travailler en équipe et m’impliquer dans les programmes des cours, encadrer les mémoires,…

Pour me ménager un bol d’air pédagogique pendant que je rédigeais ma thèse, j’ai passé l’agrégation de l’enseignement secondaire supérieur en math et en physique. Les stages pratiques m’ont donné l’occasion, par exemple, d’expliquer comment fonctionne le GPS pour illustrer le principe de triangulation.

Depuis 2008, j’enseigne la biomécanique aux ingénieurs à l’École polytechnique de Louvain, mais aussi la mécanique et la biomécanique en 1re année de bac en kiné.En prenant soin, par exemple, d’appliquer aux muscles, aux mouvements, les notions d’énergie, de force, de puissance,… Toujours des exemples proches de leur métier futur, pour qu’ils s’accrochent mieux au cours. Du côté de la recherche appliquée – une autre facette de mon métier –, je travaille notamment à modéliser le flux sanguin au sein des artères pour permettre au chirurgien d’opter pour le pontage adéquat et de prévenir les risques d’échec.

Vous avez étudié et vous travaillez dans un domaine où les femmes ne se bousculent pas. Difficile ?
Apprendre la biomécanique avec une jeune femme rend sans doute mes étudiants plus attentifs (rires). Mais je crois que ce qui les motive, c’est surtout le lien établi entre les concepts et les applications concrètes. Pour le reste, je puise mon équilibre notamment dans de solides liens d’amitiés tissés depuis l’enseignement secondaire avec une dizaine de copines. Ce réseau social, c’est une précieuse ressource pour vivre les moments plus difficiles et aller de l’avant.

Propos recueillis par
Catherine MOREAU

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