Magazine PROF n°38
Dossier Déclaration universelle des Droits de l'Homme : 70 ans
Quand les murs racontent les droits de l’homme
Article publié le 06 / 06 / 2018.
Le projet Un toit pour tous dans les Athénées royaux de Jambes et d’Uccle 1.
Jeudi après-midi. Avec sept autres élèves de 4e secondaire, Justine, en technique de qualification bioesthétique, souligne avec des sprays de couleurs vives les contours des éléments d'une fresque, sur un des murs extérieurs de l'Athénée royal de Jambes.
« L'arbre, cela représente nos racines communes. Les branches, c'est ce qui nous différencie : origines, éducation, manières de penser, détaille Justine. Et la branche cassée qui tombe, ce sont nos préjugés qui peuvent nous pousser au rejet de l'autre, à des comportements racistes ».
La fresque, réalisée avec l'aide d’un graphiste de la Maison de la laïcité, rappellera aux élèves le projet Un toit pour tous, mené au sein des athénées de Jambes et d’Uccle 1, en partenariat avec la Fédération des maisons d'accueil et des services d'aide aux sans-abri. « L'objectif est de sensibiliser les élèves aux problèmes que vivent les personnes mal logées ou sans-abri et à la question migratoire, pour les inviter ensuite à s'informer davantage, à prendre position et à s'engager », explique Claire Jouve, professeure d'histoire dans l’école bruxelloise.
Huit reportages
Le projet s'est décliné en nombreuses activités dans les deux écoles : conférences, films, journées de sensibilisation, collecte de vivres, rencontre avec un philosophe sur la question de l'identité. Certaines de ces activités sont présentées au concours organisé pour le 70e anniversaire de la Déclaration universelle.
D’abord, les élèves de 5e secondaire des deux écoles ont réalisé huit reportages, avec l'aide d'Annoncer la couleur (programme fédéral d’éducation à la citoyenneté mondiale) et l'encadrement pédagogique et technique de l'ASBL Citizen motion. Ils ont rencontré des responsables d'associations actives dans l'aide aux sans-abri et aux migrants, des personnes vivant dans la rue, des mineurs étrangers non accompagnés, la ministre bruxelloise du logement, des apprenants d’un cours d’alphabétisation...
Une maison de cartes
Ensuite, dans les deux écoles, élèves et enseignants ont été invités à s’exprimer à propos de trois articles de la Déclaration : le droit au logement (article 25), à l’asile (14) et à la libre circulation (13).
« Leurs sentiments (colère, indignation, espoir, optimisme…), leurs souhaits, leurs témoignages, leurs revendications à propos de ces droits en Belgique, en Europe et dans le monde, ils pouvaient les exprimer sur de petites fiches en papier, par des moyens divers : textes, dessins, chansons, photos, poèmes, lettres ouvertes… précise Mme Jouve. Tous ces morceaux de papier, reliés les uns aux autres par un fil, ont formé les parois et le toit d’une maison fragile ».
En mai, la maison a été exposée dans les deux écoles. Des pans de murs y étaient volontairement laissés incomplets, pour que les visiteurs puissent se joindre à cette installation artistique engagée.
Des murs et des mots
Le projet MursMurs, au Lycée communal Guy Cudell.
Fondements. Au Lycée communal Guy Cudell, à Saint-Josse-ten-NoodeL’appel à projet de l’Association pour les Nations Unies Belgique a été le point de départ du projet MursMurs, qui regroupe un grand nombre d’initiatives dans les classes à travers plusieurs cours : écriture de textes, création de jeux, débats avec des acteurs de terrain, projection de films, réalisation de panneaux explicatifs, collecte de vêtements pour des personnes réfugiées et d’autres dans le besoin, réalisation d’une chanson…
Parti de quelques classes de certaines options (sciences économiques, travaux de bureau, puériculture, maintenance PC-réseau), le projet s’est propagé à d’autres et le fruit du travail mené a été présenté fin mai lors d’une première journée citoyenne sur le thème du mur, qui devrait être renouvelée chaque année.
Murs. « Le principe général, c’est d’utiliser les murs qui séparent pour sensibiliser les élèves aux droits humains et au rôle qu’ils peuvent jouer pour les défendre et les promouvoir », explique Catherine Buisseret, professeure de français qui a coordonné le projet. Les 5e et 6e étages de l’école accueillent douze panneaux. Chacun porte le portrait d’un défenseur des droits humains réalisé par les élèves, sa biographie, l’article de la Déclaration des Droits de l’Homme auquel son combat se réfère. Mais aussi une carte du monde montrant l’état des lieux en ce domaine et une liste de ce que l’on peut lire, écouter, chanter sur ce sujet. Au 4e étage, le couloir s’orne d’une ligne du temps montrant les progrès en matière de droits humains, et des créations artistiques réalisées par les élèves.
Rempart. Cosmopolite, l’école a inscrit dans son projet d’établissement la maitrise de la langue de l’enseignement. Pour mettre en évidence le fait qu’utiliser des termes adéquats est un rempart contre des malentendus et l’incompréhension, chaque panneau propose donc la définition de mots en lien avec le défenseur des droits de l’homme. « J’ai notamment défini hévéas, défrichage et déforestation », précise Vladislav Palaiciuc, en 6e sciences économiques. Il a réalisé un panneau consacré au militant brésilien Chico Mendes, défenseur des droits des ouvriers recueillant le latex dans les plantations d’hévéas en Amazonie brésilienne.
Traversée. Le projet a permis des collaborations entre classes : les élèves de 7e puériculture ont réalisé un film sur l’accueil des primo-arrivants de l’école avec des classes de maintenance Pc-réseau et de sciences économiques. Celles-ci ont travaillé avec les élèves de travaux de bureau pour réaliser une Déclaration en trente langues.
Des élèves de 2e différenciée, de technique de transition et les classes accueillant des élèves primo-arrivants ont travaillé sur un mobile symbolisant l’envol des droits humains. Les 5e sciences économiques ont mené un projet de récolte de vêtements et de vivres dans l’école…
Extra-muros Une trentaine d’élèves volontaires sont partis à Strasbourg visiter le Conseil de l’Europe et la Cour européenne des Droits de l’Homme pour mieux comprendre le travail réalisé en matière de défense des droits humains. Et plusieurs classes ont visité le Fort de Breendonck.
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