Magazine PROF n°45
Dossier Leadership partagé : le retour du collectif ?
« On a vraiment joué le jeu démocratique »
Article publié le 24 / 03 / 2020.
À l’Athénée royal de Jambes, le plan de pilotage a lancé la réflexion, et le changement est en marche.
La section secondaire de l’Athénée royal de Jambes occupe 500 élèves et une soixantaine d’enseignants. Le plan de pilotage a été l’occasion de composer une petite équipe de volontaires. Rencontre avec Nausicaa Minne et Jean-Philippe Wauthier, qui en font partie, et Cécile Geudvert, préfète depuis trois ans.
PROF : Le plan de pilotage a été le déclic ?
Cécile Geudvert : Comme nous étions dans la première vague, on a essuyé les plâtres, mais ça a très bien fonctionné parce que l’équipe se connait bien et parce que j’ai dit clairement : On y va !, qu’on soit d’accord ou pas avec le Pacte. C’est la première fois qu’on donne la parole à des professeurs pour décider de ce qu’ils vont mettre en place.
Jean-Philippe Wauthier : On a vraiment joué le jeu démocratique. Je suis aussi syndicaliste et j’ai bien vu que ça ne se passe pas comme ça partout. Ici, ça émane vraiment de la base.
Et l’autorité formelle ?
C. G. : Déjà le mot autorité m’embête. J’ai été professeure d’éducation physique 10 ans ici : ce sont mes collègues. Je ne suis qu’un des éléments qui permet de construire ce qu’on fait ensemble…
C’est vraiment une année-charnière pour nous. Le plan de pilotage est fait ; on est dans les mises en actions, avec trois grands objectifs ; on avance vraiment bien, et je leur demande d’aller encore plus loin. On aura fin de l’année deux journées où on va décider où on va : pédagogies actives, les bulletins qui changent…
Ce changement, c’est votre impulsion ou celle de l’équipe ?
C.G. : Il y a ce plan de pilotage où tout le monde sait où on va. Mais on va aussi changer la posture enseignants/enseignés. Si on ne la change pas, si on est toujours en frontal, et on n’améliorera pas les résultats au CE1D, un de nos objectifs. On est à un moment où la société doit changer. Les valeurs doivent aussi changer au sein des écoles. Il ne faut plus voir la compétition,... mais la solidarité et le partage. C’est ce que j’ai dit à l’équipe. Réfléchissez et dans deux mois on voit ce qu’on fait. Ça peut très bien se faire sans moi, ou ne pas se faire…
J.-Ph.W. : Le plan de pilotage a lancé des réflexions, et maintenant on va plus loin, en se disant qu’il est nécessaire qu’on change.
C.G. : On avance doucement. Depuis deux ans, j’ai avancé sur les conseils de l’équipe de pilotage, j’ai parfois freiné… Au 1er degré, il n’y a plus d’examens et les évaluations se font par des codes-couleurs. L’an prochain, on ira plus loin…
Le leadership, c’est être devant, mais parfois attendre…
Nausicaa Minne : Oui, et c’est normal. Le changement ce sont des remous. On arrive avec un nouveau projet, certains participent tout de suite, d’autres prennent un peu plus de temps. C’est la force de Mme la préfète d’y aller et de reculer quand il faut. Si on est allé trop vite, l’équipe a la maturité de faire marche arrière. Au départ, il peut y avoir des résistances, mais finalement on y va parce qu’il y a l’effet de groupe, et quand les résultats sont là, tout le monde suit !
Vous avez formalisé la façon les processus décisionnels ?
J.-Ph.W. : Les 60 heures de travail collaboratif sont divisées en deux : une moitié pour les réunions pédagogiques, et pour l’autre on a créé deux grandes cellules (degré inférieur et degré supérieur), qui se réunissent une fois par mois. Ces cellules génèrent des petites cellules centrées sur des projets précis. Une fois par mois, la réunion permet à tous de savoir ce qui se passe dans la cellule « voyage » ou dans la cellule « tutorat ».
Quel est le périmètre de ce qui est mis en débat ?
C.G. : Tout ce qui pédagogique est entièrement partagé. Tout le reste, l’administratif, c’est pour moi…
Qu’en pense le syndicaliste ?
J.-Ph.W. : Je suis conscient des contradictions qu’il peut y avoir entre mes deux casquettes. Il y a des écoles où la mise en œuvre du plan de pilotage se passe mal, parce que le travail démocratique n’a pas eu lieu. Mais ici, que voulez-vous que le syndicaliste dise alors que le plan de pilotage émane de la base ?
Quelles sont les conditions de réussite ?
C.G. : Une rencontre avec une équipe, qui est déjà en marche. Exposer clairement ce qu’on veut. Et une relation de confiance.
Comment les collègues vous voient-ils ?
N.M. : Ça ne change rien : on reste leurs collègues, même si on participe un peu plus au projet. On laisse les collègues aller là où ils veulent aller et ne pas le faire si ce n’est pas le moment pour eux. C’est respecté.
Recueilli par D.C.
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