Magazine PROF n°51
L'info
Dix-neuf jeunes « Red Bears» à Euroskills Graz 2021
Article publié le 13 / 09 / 2021.
Du 22 au 26 septembre à Graz en Autriche, le Belgian Team comptera parmi les 320 jeunes Européens de moins de 25 ans venus participer au championnat européen des métiers.
Depuis plusieurs mois, dix-neuf jeunes Belges se préparent activement à cette compétition européenne des métiers et de l’artisanat. De la pré-sélection à la compétition, qui se déroulera dans quelques jours, ces jeunes sont sur les charbons ardents.
Préparation technique, coaching mental et physique : tels des sportifs de haut niveau, ces jeunes ont passé un été encadré d’experts, selon leur spécialité, et de coaches professionnels pour travailler leur technique, leur mental et renforcer la cohésion au sein de l’équipe. Un été où les team buildings se sont succédé afin que les Red Bears atteignent l’excellence et, croisons les doigts, le podium.
L’équipe concourra dans seize métiers, puisque trois métiers se déroulent en équipe : aménagement de parcs et jardins, robotique et mécatronique. Parmi les dix neuf jeunes qui composent le Belgian Team, cinq bénéficient déjà d’une expérience internationale, puisqu’ils ont représenté la Belgique lors du Mondial de Kazan en aout 2019.
WorldSkills Belgium est l’association belge en charge de la promotion des métiers techniques et technologiques, notamment par le biais de compétitions de haut niveau organisées chaque année en Belgique : les Startech Days. C’est lors de ceux-ci que sont présélectionnés les Red Bears.
Deux jeunes témoignent
C’est dans ce contexte de préparation que nous avons rencontré deux jeunes compétiteurs, cet été : Wouter De Meester et Dorian Grandmont. Le premier, 23 ans, jeune indépendant brugeois, se perfectionne dans son art – l’ébénisterie – à l’Institut Saint-Luc, à Tournai. Il me parle de sa passion qui l’a amené à ce concours : « Il y avait un établi dans ma classe de maternelle. C’est là qu’est née ma passion pour le bois qui ne m’a plus lâché depuis. »
« Bien que diplômé et indépendant à mi-temps, j’ai souhaité me perfectionner. C’est pour cela que je suis élève dans une école à Tournai. Et c’est pour cela aussi que je participe à EuroSkills. Même si je ne monte pas sur le podium, j’ai déjà gagné. J’ai rencontré des jeunes passionnés, des experts qui partagent, des coaches exigeants et bienveillants. J’ai énormément appris lors de cette expérience. La préparation nécessite du temps et beaucoup de travail. L’école m’a beaucoup aidé en mettant les ateliers et le matériel à ma disposition pendant mes heures de fourche. Les profs étaient là pour répondre à mes questions. »
Dorian Grandmont, lui, est élève en 7e professionnelle à l’École secondaire libre Saint-Hubert. Il représentera la Belgique dans la catégorie menuiserie. « La menuiserie est dans mes gènes. C’est de famille. Quand j’ai vu les affiches à l’école, je me suis renseigné auprès de mon prof qui était dubitatif. Il m’a dit : Toi ? Je ne vais pas t’empêcher, mais je n’y crois pas. J’ai encore eu plus envie de participer et de lui prouver ce dont j’étais capable. »
« Évidemment, cela prend du temps. Je m’entraine dans mon garage, mais l’école m’aide aussi en me mettant le matériel à disposition, et le prof me conseille. On apprend énormément en participant à ces concours : lire des plans ; apprendre la rapidité, la concentration ; garder son sang-froid. Cependant, il faut toujours rester humble et accepter les conseils, les remarques des profs, des coaches.
Ce n’est pas parce qu’on est choisi pour le concours qu’on est arrivé. »
Sans s’être concertés, Wouter et Dorian ont le même conseil pour les jeunes qui se posent des questions : « Il ne faut pas hésiter à participer à ces compétitions, car on a tout à y gagner et rien à perdre, même si on ne monte pas sur le podium ».
Le rôle du team leader
Jean-Claude Raskin, coach mental et « team leader » des Red Bears, prépare tant les compétiteurs que les experts. Les experts sont des professionnels qui donnent de leur temps bénévolement pour entrainer ces jeunes. Ils partagent leur savoir-faire, leurs connaissances du métier. Tous ont besoin d’une préparation spécifique mêlant préparation mentale et sportive, car tous vivront des doutes, la pression et le stress lors de la compétition, en Autriche, du 22 au 26 septembre.
PROF : Comment se passe la préparation de la Belgian Team ?
Jean-Claude Raskin : En cette période particulière, la cohésion d’équipe sera encore plus travaillée. Il est indispensable que cet esprit d’équipe soit fort. Nous ne les mettons pas dans un cocon, mais nous sommes là pour les mettre face à des réalités.
La compétition, c’est être seul-e face à la tâche demandée. La pression est très forte. Ce sont l’esprit d’équipe et la solidarité qui permettent de tenir le coup, de continuer la compétition quand arrive le coup de mou. On travaille également la motivation, la détermination et la patience.
En compétition, on ne peut pas avoir de contact avec le jeune. Sauf moi, à la demande de l’expert ou du jeune. Et uniquement pour des raisons de difficultés mentales. Il faut donc que le jeune soit très solide, patient. Une compétition charrie beaucoup d’émotions qu’il faut accepter et apprendre à canaliser. L’expression men sana in corpore sano prend tout son sens.
Quels sont les objectifs de ces concours ?
Il s’agit de valoriser les métiers techniques, technologiques, trop souvent dévalorisés face aux métiers intellectuels. Si la compétition met en lumière X jeunes, il faut savoir que nous avons des activités toute l’année avec plus de 800 jeunes qui ont tous un point commun : la passion et l’amour du métier.
Les heures d’entrainement technique, de préparation mentale, ont un but : l’excellence, et non la perfection. La perfection est un mythe. L’excellence est le travail que l’on fait sur soi, dans le respect de soi, des autres. La compétition est un graal, croisons les doigts pour que les Red Bears nous rapportent quelques coupes .
Hedwige D'Hoine
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