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hauts potentiels - espace 'enseignants' - l'intégration scolaire

 

L’intégration scolaire

Le saut de classe en question

Il existe maintes façons de modifier le parcours scolaire des enfants et adolescents à hauts potentiels, et toutes ses possibilités ont une place au sein même du système éducatif courant. Chacune peut se montrer efficace pour certains élèves, dans certaines circonstances. Il y a, cependant, un certain nombre d’élèves talentueux qui ont besoin d’une forme plus radicale de modification du programme. Certains auteurs ont démontré que dans ce cadre, le saut de classe est clairement la forme d’intervention la plus efficace.

Certes, chacune des pratiques de changement répondant aux besoins des jeunes à hauts potentiels a ses propres avantages et inconvénients. De même, les élèves qui pourraient bénéficier de telles interventions ont des forces et des faiblesses relatives, faisant de ces pratiques tantôt d’excellentes options, tantôt l’inverse. Il est donc compréhensible que les professionnels aient des craintes quant aux effets de telles mesures. Il est possible de se prémunir d’une accélération inadéquate en utilisant une série de précautions et de mesures préalables qui permettront une décision éclairée.

L’accélération ne doit pas être considérée comme un processus qui hâte la progression de l’élève mais qui correspond à un avancement réel et existant. Il s’agit simplement de reconnaître que l’élève a déjà atteint le niveau requis pour accéder à l’année supérieure et, au-delà, que l’enseignement pour lequel il a déjà fait ses preuves ne lui sera pas bénéfique. Le niveau de compétence devient le facteur déterminant, plutôt que l’âge chronologique.

Soulignons que le saut de classe n’est qu’une mesure parmi d’autres formes d’accélération. En outre, il importe de rappeler qu’en matière éducative aucune décision n’est irrévocable. Il arrive quelquefois que des situations justifient une reconsidération. Souvent, cela aide les élèves et les parents mais aussi les professionnels concernés, de savoir que des alternatives existent si l’accélération ne fonctionnait pas, pour quelque raison que se soit.

Des avantages du saut de classe

Les recherches sur l’utilisation de l’accélération (Gagné, 1986) sont, pour la plupart, positives en termes de résultats. Quelques raisons et avantages rapportés sont reproduits ici :

  • les élèves doués ont tendance à préférer des compagnons plus âgés car leurs niveaux de maturité sont souvent plus similaires. Ni la méthode ni l’âge auxquel intervient l’accélération ne sont porteurs de conséquences,
  • l’accélération peut être utilisée dans toutes les écoles
  • l’accélération permet aux élèves qui en sont capables d’accéder plus tôt à l’enseignement supérieur et au-delà,
  • parce qu’ils passent moins de temps à l’école, les coûts de l’éducation des élèves doués sont moins élevés
  • il y a moins d’ennui et d’insatisfaction pour les élèves doués
  • l’ajustement socio-émotionnel est généralement élevé, souvent au-dessus de la moyenne, quand il y a accélération,
  • pour être couronnée de succès, une accélération doit profiter d’une certaine continuité et être rigoureusement coordonnée.

Selon des auteurs anglophones (Assuline et coll. (1989)), l’opportunité de pouvoir sélectionner un programme motivant et qui rencontre leurs besoins individuels serait un avantage certain pour les élèves. Pour les écoles, ils soulignent le fait que l’accélération offre une manière de stimuler les élèves hautement capables sans les frais et les efforts d’un design spécifique du curriculum.
Des élèves à hauts potentiels peuvent avoir besoin d’étudier des matières qui dépassent de loin leur niveau d’étude. Ils suggèrent dès lors de les placer à des niveaux supérieurs pour certains domaines ou encore de leur permettre d’aborder des contenus plus avancés au sein de groupes de niveaux homogènes.

Le saut de classe peut ainsi aider à rencontrer les besoins d’un apprenant doué qui apprend plus vite et a besoin d’un travail plus poussé.
Le personnel enseignant exprime souvent son inquiétude face au manque d’esprit critique chez les élèves avancés. Cela ne sera pas nécessairement le cas si un contrôle approprié est mis en place et si l’enseignement et le matériel utilisé sont individualisés pour rencontrer les besoins spécifiques de l’enfant. Le tout est de trouver des façons de donner du sens, de la structure, une certaine utilité, et par là motiver l’élève à étendre son apprentissage.

Et des craintes liées au saut de classe

De manière générale, les enseignants et les directions sont réfractaires voire opposés au saut de classe, alors que parents et élèves, en particulier ceux qui ont vécu une accélération, y sont globalement favorables. Il existe des objections à l’accélération. Les quatre préoccupations principales sont que les élèves « accélérés » perdraient leur avance dans les années scolaires ultérieures ; qu’ils auraient des difficultés dans leur développement social et émotionnel ; qu’ils manqueraient de maturité physique et émotionnelle pour faire face aux stress de l’accélération ; et qu’ils deviendraient arrogants ou élitistes.

Lautrey (2003) a mis à l’épreuve ces 4 dimensions en recensant des données issues de 26 études concernant les effets de l’accélération aux niveaux élémentaire et secondaire. Il en conclut que :

Les élèves doués et talentueux sont capables de relever les défis scolaires que fournit un programme accéléré. De fait, sur base des tests utilisés, les élèves « accélérés » montraient un niveau supérieur de connaissance par rapport aux élèves non accélérés et leur niveau de performance égalait celui d’élèves plus âgés.

Entre les élèves “ accélérés ” ou “ doués ” et un échantillon aléatoire des autres élèves, il apparaît notamment que les premiers manifestent une conception d’eux-mêmes plus positive, qu’ils ont le sentiment de contrôler davantage de facteurs qui contribuent à la réussite ou à l’échec (locus of control), qu’ils sont moins significativement perçus comme perturbateurs. Il apparaît qu’un élève ne devrait « sauter » qu’une année à la fois. Après une période d’ajustement seulement, l’observation peut amener à considérer des interventions ultérieures. Certains élèves qui sont toujours sous-stimulés peuvent alors bénéficier d’une accélération de matière dans au moins un de leurs domaines forts.

En examinant les recherches sur les problèmes/difficultés affectives pouvant émaner d’une accélération, il est généralement admis que la plupart des élèves "accélérés" s’adaptent bien à leur nouveau contexte. Bien qu’un petit nombre éprouve quelques difficultés à s’ajuster, cela arrive moins souvent que ne le supposent communément parents et éducateurs.

L’accélération d’une ou deux années ne présenterait aucun risque en termes de développement social à court terme ou plus tard. On peut aussi spécifier l’importance des « pairs intellectuels » pour des jeunes à hauts potentiels et prétendre qu’ils sont souvent trouvés parmi les enfants qui sont un ou deux ans plus âgés.

Des précautions à prendre

Au regard des résultats des recherches repris ci-dessus, l’accélération peut donc être une solution intéressante et adaptée pour certains jeunes. Malgré tout, une telle mesure n’est pas sans risque et certaines précautions peuvent être prises afin d’éviter un saut de classe inopportun.

Aux Etats-Unis, certains chercheurs ont mis au point une échelle (Iowa acceleration scale) qui permet de prendre une décision avisée sur un saut de classe. Ils envisagent ainsi divers domaines à considérer :

Le premier concerne les aptitudes intellectuelles et scolaires. Il est bien entendu que si l’enfant n’a pas les ressources intellectuelles nécessaires celui-ci est à déconseiller. Ces ressources ne seront pas suffisantes si l’enfant a trop de lacunes au niveau des acquis scolaires. L’avis de l’enseignant sur cette question a donc toute son importance. A cet égard, l’assiduité de l’élève, sa motivation pour les tâches scolaires ou plus généralement son attitude face à l’apprentissage doivent être prises en compte. Ces dimensions, comme toutes celles présentées ici, doivent toutefois être examinées avec du recul et en contexte car le jeune qui n’est pas à sa place dans son année scolaire peut parfois être très démotivé et présenter des résultats médiocres. Le saut de classe pourra dès lors s’avérer être indiqué malgré une attitude négative face aux apprentissages scolaires.

Le second concerne l’attitude générale des différents acteurs face au saut de classe, celle de l’enfant, qui est primordiale, mais aussi celles des professeurs concernés ou plus généralement de l’équipe pédagogique, direction comprise. Ceux-ci, dans la gestion de l’accélération de l’enfant, seront d’une aide précieuse à la réussite d’une telle mesure. L’attitude des parents, dans le soutien adéquat qu’ils pourront apporter est également importante. Enfin, le retentissement de cette mesure pour la fratrie n’est pas à négliger, il est même déconseillé qu’un enfant rejoigne son aîné au sein d’une même classe.

Le troisième volet concerne l’aspect physique de l’enfant, son âge, sa taille, ses possibilités motrices, etc…Il est clair que ces aspects sont à considérer si l’on veut éviter un épuisement ou une frustration qui empêcheront à terme la réussite scolaire.

Enfin, le dernier mais non des moindres concerne les domaines affectif et social. Le développement émotionnel d’un enfant, sa capacité à entrer en relation avec ses pairs ou ses professeurs influenceront fortement son intégration. La possibilité de s’épanouir au sein d’un groupe est capitale pour le développement, ce dernier volet est donc à examiner avec soin.

Au regard des multiples domaines à considérer, il est évident qu’une telle décision devrait toujours être prise communément avec les différents partenaires impliqués et faire l’objet d’une évaluation préalable auprès d’un spécialiste capable de fournir les renseignements nécessaires au niveau des dimensions décrites ci-dessus.