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Magazine PROF n°29

 

Dossier Ils ont décroché, ils ont repris pied

Parole d'expert - Sabine Kahn : La réussite, c’est relatif

Article publié le 01 / 03 / 2016.

Ces jeunes ont tous réussi ou ils vont probablement y arriver. Mais comme le souligne Sabine Kahn, qui dirige le Centre de recherche en Sciences de l'Éducation de l’ULB, la réussite, c’est relatif…

Docteure en Sciences de l’Éducation, Sabine Kahn s'est surtout intéressée aux pratiques enseignantes et aux mécanismes de production des inégalités scolaires. Dans le domaine des pratiques enseignantes, elle a mené des recherches notamment sur les pratiques pédagogiques à l'école primaire en lien avec la réussite scolaire des élèves de milieux défavorisés.

Sabine Kahn observe qu’actuellement, on trouve normal, inévitable parfois, que certains élèves réussissent et d’autres pas. Ce serait lié au fait qu’il en existe de plus ou moins doués, de plus ou moins sérieux, motivés, travailleurs.

Mais qu’est-ce que réussir à l’école ? « C’est avoir effectué certains apprentissages et pouvoir le montrer au moment des évaluations, explique la chercheuse. Mais cette définition-là est liée à une organisation des apprentissages qui n’a pas toujours existé… ». Réussir n’est pas toujours apprendre.

Et de préciser qu’il a fallu attendre le 16e siècle pour que l’on mette en place peu à peu, dans le secondaire, puis à l’école fondamentale, des classes, où l’enseignant s’adresse durant une année à un ensemble d’élèves censés être du même niveau scolaire. À l’issue de l’année, les élèves possédant les acquis suffisants passent dans le degré suivant du cursus. Au 19e siècle, on a fait correspondre à ces degrés successifs les âges « normaux » auxquels les élèves doivent les atteindre.

Une organisation généralisée

Cette organisation, généralisée à la plupart des pays, a conduit à une conception très particulière de la réussite et de l’échec dans les apprentissages. « Ce qui détermine la réussite ou l’échec, ce n’est pas le fait d’arriver au bout des apprentissages prévus, mais d’y parvenir avec plus ou moins de retard ou d’avance par rapport aux autres », précise Mme Kahn.

« La conséquence, c’est que l’on ne décrit pas seulement l’élève par des traits qui lui sont propres, mais aussi par rapport aux autres. Il réussit ou est jugé en difficulté, voire en échec, lorsqu’il montre ou qu’il ne montre pas qu’il sait faire ce que ses camarades du même âge ou du même niveau sont capables de faire. Ou bien lorsqu’il se conduit ou ne se conduit pas comme la majorité de ses condisciples. L’échec et la réussite sont attribués aux caractéristiques du seul individu. Autrement dit, c’est lui qui en porte la responsabilité. Ils ne sont pas vus comme le résultat du rapport entre l’élève et l’école ».

La chercheuse l’ajoute : dans certains pays, il existe toujours des classes au sens d’un regroupement stable d’élèves, mais pas comme unité temporelle d’une année. On cesse d’y contrôler les acquis des élèves pour décider de leur passage dans la classe supérieure, par exemple en n’utilisant plus le redoublement que dans des cas extrêmes. « Or il semble bien, dans ce cas, que cette organisation s’accompagne d’une baisse de l’échec et d’une élévation de la réussite, constatée par les évaluations internationales. Reste évidemment à savoir si c’est bien l’assouplissement du cursus normé qui entraine ce taux de réussite, ou si d’autres facteurs interviennent… »

 

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