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Magazine PROF n°4

 

Dossier Lecture : des signes aux sons et aux sens

« Aucun enfant n’a jamais craché sur une histoire »

Article publié le 01 / 12 / 2009.

Intégrer apprentissage du code et du sens, varier les textes, susciter l’engagement des élèves… Pourquoi pas par la lecture-écriture d’albums ?

Comme d’autres, Micheline Dispy, inspectrice au fondamental, regrette une forme de primauté des activités liées au code au détriment de la compréhension. Même si elle constate un réel mouvement de collaboration entre les maitres du cycle 5-8 ans, et une ouverture à l’écrit, dès la maternelle. « Vous avez des petits qui ont lu des dizaines de textes en maternelle mais qui sont en train d’étudier les voyelles en 1re primaire !, se désole-t-elle. On reste persuadé qu’il faut connaitre le code pour lire ou pour écrire, alors qu’en produisant des textes, j’apprends à mieux lire pour mieux utiliser le code… »

Mme Dispy reconnait que la querelle des méthodes n’aide pas ; qu’il faudrait sans doute « amener les gens de terrain à pouvoir traduire les socles de compétences » ; et qu’en matière de lecture, il n’y a pas de « bible » définitive. Ce qui n’empêche pas d’avoir à portée de main un panel d’activités éprouvées, axées sur des textes de qualité, à travailler de façon différente selon leur nature.

Elle suggère aussi des textes suscitant l’engagement des élèves. « À l’époque des Simpson et des jeux vidéo, il est difficile de mobiliser les enfants autour de phrases comme Le lapin mange la salade !, sourit-elle. Je recommande de partir dans de vraies tâches de lecture. À partir d’histoires, de textes reprenant des injonctions (les enfants sont habitués à entendre le rappel de règles), ou de textes explicatifs, qui répondent à leurs questions. Voilà déjà trois types de textes différents. Et l’idée qu’on défend sur le terrain, c’est de choisir des textes très riches. Quand il y a un problème de code, on s’arrête pour un moment de structuration des savoirs ».

Parmi ces activités éprouvées figure la lecture-écriture d’albums (1), qui intègre compréhension et maitrise du code, en suscitant un réel engagement des enfants, dont témoignent les réalisations. « Si vous prenez l’habitude de choisir un texte pour ses qualités artistiques et linguistiques, vous allez voir que vous allez changer vos pratiques », conclut Micheline Dispy.

Des projets de lecture-écriture

C’est ce qu’ont fait Georgette Lobué et Simone Radoux qui, avant d’être directrice et institutrice à l’École primaire de Vottem Centre, menaient des projets de lecture-écriture impliquant leurs élèves de 4e primaire et de 3e maternelle à l’École Jacques Brel, à Herstal. « On travaillait par projets et par ateliers », explique Simone Radoux. Par exemple, sur la ferme et ses animaux. Après la visite de la ferme, les petits ont travaillé La souris qui cherchait un mari (2). Pour donner du sens à la lecture, ils ont fait de cette histoire un spectacle de marionnettes, en y invitant les « grands ». Ceux-ci, constatant qu’il manquait des animaux, ont créé des albums racontant la suite de l’histoire…

En 3e maternelle, chaque projet passe par l’élaboration de référentiels qui accompagnent les enfants en primaire. Plus tard, on étudie la structure du récit, le lexique, et la production d’albums intègre des contraintes formelles. Même si aujourd’hui Mmes Lobué et Radoux donnent l’impression de faire de la prose sans le savoir, leur démarche repose sur de multiples formations. Résultat ? « Les apprentissages ne sont pas cloisonnés, insiste Mme Lobué. Un texte abordé en lecture pourra être utilisé en histoire… »

D. C.

(1) Dumortier (J.-L.) et Dispy (M.), Aider les jeunes élèves à comprendre et à dire qu’ils ont compris le récit de fiction, Des textes pour comprendre le monde, et De petits élèves et de grands livres, éd. Presses universitaires de Namur, coll. Tactiques, 2006 et 2008.
(2) De Francine Vidal et Martine Bourre, éd. Didier Jeunesse, 2002.

 

Textes d’ados

Depuis 4-5 ans, à l’Institut Sainte-Thérèse, à La Louvière, Liliane Libotte demande à ses élèves de 4e technique de transition et de 5-6e technique de qualification « agent d’éducation » s’ils veulent participer comme jury au concours Leaweb. Et ils acceptent. Surtout parce qu’il s’agit de lire des textes écrits par des ados, comme eux. Un coordinateur par classe gère la circulation des textes, lus au minimum par quatre élèves. Et Mme Libotte a instauré un comité d’orthographe de deux ou trois élèves intéressés. « C’est leur projet », qui permet d’exercer les compétences en lecture, maitrise de la langue et même de l’oral, « parce qu’on lit en classe les textes les mieux cotés ». Le concours, international, mobilise entre 6 et 8 000 jeunes auteurs, et autant de membres du jury. Axé cette année sur « le conte merveilleux et sa parodie », il s’accompagne d’un important bagage pédagogique. À découvrir absolument.

Mobilisation générale

Aujourd’hui, la plupart des instituteurs que rencontre l’inspecteur Antoine Di Fabrizio partent de textes qui ont du sens pour les enfants. Par contre, ils éprouvent encore des difficultés à intégrer apprentissage du code et apprentissage des stratégies de compréhension. Il faut reconnaitre que la pression parentale s’exerce d’autant plus fortement sur la maitrise du code qu’elle est très facile à percevoir…

En outre, les maitres « hésitent à relier les activités de lecture et d’écriture. Beaucoup pensent encore qu’il faut d’abord savoir lire avant de passer à l’écriture. En plus, si on produit, il faut corriger, et comme on pense à tort qu’il faut produire des textes longs, se pose le problème du temps », résume M. Di Fabrizio. Or, du temps, il en faut aussi pour un enseignement différencié. « Si je veux aider tous mes élèves, il faut que sur 50 minutes, j’en dégage 10-15 pour travailler en individuel ».

Le facteur temps… « Plus on monte, moins on en a pour les apprentissages de base, parce que les horaires sont chargés et les sollicitations, nombreuses ». Non seulement les maitres doivent résister à la pression des parents sur le formel, « mais également à une foule d’interventions extérieures, dévoreuses de temps ».

Pour M. Di Fabrizio, le fossé maternel/primaire se comble lentement. Par contre, on assiste à un déplacement de ce fossé au niveau primaire, entre la 2e année et la 3e : « Trop de maitres pensent encore que les élèves arrivant en 3e année savent tous lire. De ce fait, les activités de lecture, y compris celles relatives à l’apprentissage du code grapho-phonétique, se réduisent au profit des leçons de grammaire et d’orthographe ».

Par ailleurs, « comprendre un texte, ça s’apprend », rappelle-t-il. Et pour enseigner les stratégies de compréhension, « il faut des biscuits ! Il faut que je sache pourquoi je choisis ce texte, et ce que je veux en faire. Et je dois être capable d’adopter une didactique qui permet à l’enfant de questionner le texte ». Et l’on en revient à la question de la formation (lire La résistance du Doudou méchant et Une mine de ressources). Initiale, et continuée. Et là, M. Di Fabrizio en appelle aux pouvoirs organisateurs, sans qui rien ne peut se faire. « La liberté quant aux méthodes fait en sorte que d’un PO à l’autre, d’une commune à l’autre, d’une école à l’autre, l’apprentissage initial de la lecture relève de méthodes qui peuvent être très différentes », alors que « l’idéal serait que les équipes se dotent des mêmes outils ». Pour éviter, par exemple, qu’un débutant soit forcé de changer de méthode d’un intérim à l’autre au sein d’un même PO !

D. C.

 

Boite à livres

Créée en 2007 par Dominique Buffin, conseiller pédagogique, la Boite à livres contient aujourd’hui 24 titres circulant dans 21 écoles fondamentales libres, à Tournai. Lors de leur réunion mensuelle, les directeurs s’échangent les malles selon un calendrier accessible via un blog. Dans les classes, chaque enfant reçoit un exemplaire.

Le projet ne s’arrête pas à la logistique : chacun des 30 instituteurs impliqués peut partager des séquences d’apprentissage ou des idées en construction accompagnent les livres. Chaque année, une poignée d’enseignants fortement impliqués se réunissent cinq fois pour travailler quelques titres. Que fait-on des malles ? « Ça va de la contagion du plaisir de lire à des pratiques de lecture en groupe ou de cercles de lecture, en passant par la récupération de textes des albums pour un travail sur le langage ».

Prix de l’Innovation pédagogique en 2008, la Boite à livres a nécessité une mise de départ des écoles de 20 € par classe. Aujourd’hui, une petite cotisation annuelle suffit pour son entretien.

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