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Magazine PROF n°52

 

Dossier L’apprentissage par les pairs

Un travail de groupe = un travail de groupe ?

Article publié le 10 / 12 / 2021.

Travailler ensemble, construire ses connaissances : les méthodes pédagogiques où l’élève est acteur de son apprentissage sont pléthores. Zoom sur certaines d’entre elles.

 

Apprentissage collaboratif, coopératif, tutorat : autant de méthodes pédagogiques différentes, mais ayant comme point commun : la construction des savoirs et compétences avec les autres. Faire travailler les élèves ensemble, les réunir pour travailler un point de matière, réfléchir autour d’un projet, partager ses habilités avec d’autres : cela n’a rien de très novateur ni original. Pourtant, de plus en plus, à l’école, en entreprise, on demande à chacun d’être capable de travailler ensemble, de coopérer et de collaborer. Les relations coopératives/collaboratives entre élèves peuvent prendre quatre formes :

  • l’aide : un élève exprime un besoin et se tourne spontanément vers un autre élève ;
  • l’entraide : plusieurs élèves s’unissent pour résoudre un problème ;
  • le tutorat : un élève accepte qu’un élève expert l’épaule pour un temps jusqu’à être autonome là où il était en difficulté ;
  • le travail de groupe (coopératif) : les élèves se regroupent pour résoudre un problème, chacun a un rôle prédéfini.

Apprentissage coopératif et collaboratif supposent des activités collectives impliquant plusieurs personnes, mais dont les bénéfices et les compétences mobilisées diffèrent.

L’apprentissage collaboratif englobe toute activité d’apprentissage qui est réalisée par un groupe d’apprenants ayant un but commun. Chaque membre du groupe peut être une source d’information, de motivation, d’interaction et d’entraide.

Dans l’apprentissage collaboratif, il y a un partage de connaissances, d'expériences et d’autorité.

Dans l’apprentissage coopératif, chaque membre du groupe a une tâche spécifique à accomplir. La mise en commun des réalisations permet d’atteindre l’objectif commun.

Points forts et points faibles

Selon l’auteur du premier manuel de tutorat par les pairs, Kenneth Bruffee (1), l’apprentissage collaboratif rend les groupes indépendants dans leur travail, mais les élèves ne s’impliquent pas tous de la même manière.

Pour l’enseignant, il est difficile d’évaluer qui fait quoi dans le groupe, si chacun fait sa part et si certains ne prennent pas l’ascendant sur les autres. Il est possible qu’un ou deux élèves fassent le travail tandis que les autres attendent et regardent. Il est souvent difficile pour l’enseignant de déterminer qui a aidé qui, qui a fait quoi, qui n’a pas participé…

À contrario, Bruffee estime que « le défaut majeur de l’apprentissage coopératif est qu’en garantissant la responsabilisation, il risque d’entretenir des relations d’autorité dans les groupes de travail qui soient une réplique des relations d’autorité propres à l’éducation traditionnelle. (2)»

En structurant le groupe, on responsabilise les élèves, chacun étant assigné à une tâche précise. Mais ces derniers sont aussi interdépendants car ils doivent coordonner leurs travaux respectifs pour atteindre leur objectif. Dans ce contexte, il n’est pas impensable que surviennent des relations d’autorité au sein de ce genre de groupe. Des échanges de type « partage » sont privilégiés dans l’apprentissage collaboratif, alors que des échanges de type « assemblage » sont présents dans l’apprentissage coopératif.

Ainsi, l’apprentissage collaboratif est propice dans le cadre de la réorganisation des connaissances, de la découverte de nouveaux concepts, ou de la résolution de problèmes.

Par contre, l’apprentissage coopératif est plus judicieux lorsqu’il requiert des savoir-faire opératoires. Ces deux méthodes ne servent donc pas les mêmes objectifs ni les mêmes apprentissages. L’enseignant doit donc clairement définir ses objectifs lors de la préparation de son cours et choisir la méthode qui convient le mieux pour atteindre ceux-ci.

Collaboratif ou coopératif, dans les deux cas, les élèves sont regroupés afin d’atteindre un objectif commun, mais en interagissant et en s’organisant différemment.

Organiser les interactions

Une fois les objectifs définis et la méthode de travail de groupe choisie par l’enseignant, il faut alors préparer les apprenants à coopérer et à collaborer. Il ne suffit pas de placer des élèves autour d’une tâche pour qu’il y ait apprentissage collaboratif ou coopératif. Selon les professeurs universitaires N. Davidson & C.H. Major (3), trois principes sont essentiels au travail coopératif :

  • l’interdépendance positive lorsque l’élève perçoit qu’il peut atteindre le but fixé lorsque les autres du groupe atteignent le leur. Les élèves sont complémentaires et les efforts de tous sont essentiels pour atteindre l’objectif ;
  • la responsabilité individuelle : chaque élève est responsable de sa contribution au travail du groupe ;
  • la participation de chacun : une tâche de groupe n’est possible que si tous les membres du groupe participent.

Apprendre à coopérer

Parfois, le travail ne se fait pas spontanément. Il faut des conditions préalables qui favorisent le travail de groupe. Il s’agit d’établir un climat propice aux apprentissages, car il faut des relations de confiance entre les membres.

Pour ce faire, l’enseignant introduit des activités permettant aux élèves de se sentir acceptés, de ne pas être stigmatisés et d’oser travailler ensemble. Il s’agit aussi pour l’enseignant d’expliciter des habiletés coopératives : l’enseignant pointe les compétences utiles pour atteindre l’objectif et la manière d’y arriver.

Enfin, il convient de réfléchir à l’issue de l’activité sur son déroulement, pour examiner comment améliorer le travail une prochaine fois. Préparation et organisation sont décrites dans le reportage réalisé dans la classe d’Yves Khordoc  - Témoignage - Réciprocité des talents.

Et les résultats des élèves ?

Une première recherche sur les effets comparés des apprentissages coopératif, compétitif et individualiste sur la réussite des élèves a été menée en 1981 par Johnson et ses collègues (4). Les résultats de son étude sont sans appel : quelle que soit la discipline, l’âge des élèves et la tâche demandée, l’approche coopérative est la plus efficace des trois.

Vingt ans plus tard, une nouvelle méta-analyse de Johnson et Johnson (5) confirme ce résultat et détaille les effets bénéfiques de l’apprentissage coopératif : sur la réussite, sur la socialisation, sur la motivation et sur le développement personnel des élèves.

Toute une série de travaux de recherche se sont intéressés à mettre en évidence les conditions initiales de l’apprentissage coopératif et les effets produits sur l’apprentissage, mais les relations entre méthodes et effets sur le contenu sont très difficiles à étudier (6). Le problème réside dans le fait que les interactions dans ces contextes de travail sont considérées comme isolées, alors qu’elles ont une dynamique telle qu’elles modifient les conditions de coopération. Les connaissances acquises par les élèves modifient également à leur tour leurs interactions. « Ces réflexions théoriques ont pour conséquence qu’il serait inconvenant de proposer des recettes, ou même des conseils précis vis-à-vis de situations particulières, de type Il faut constituer les groupes exactement de cette manière, pour exactement cette tâche, pour maximiser les apprentissages » conclut Michael Baker (7).

 

 

(1)  BRUFFEE K. A., Sharing our toys: Cooperative versus collaborative learning, Change, 1995, p.12-18 .
(2) Ibidem 
(3) DAVIDSON N., MAJOR C. H., Boundary crossings: Cooperative learning, collaborative learning, and problem-based learning, Journal on Excellence in College Teaching, 2014 p.7-55.
(4) JOHNSON D. et al., Effects of cooperative, competitive, and individualistic goal structures on achievement: A meta-analysis, Psychological Bulletin, vol. 89, n° 1, 1981, p.47-62.
(5) JOHNSON D. & JOHNSON R., Learning together and alone: Overview and meta-analysis, Asia Pacific Journal of Education, vol. 22, n° 1, 2002, p.95-105.
(6)  FEYFAN A., Effets des pratiques pédagogiques sur les apprentissages, Dossier d’actualité Veille & Analyses, 2011.
(7) BAKER M. J., Formes et processus de la résolution coopérative de problèmes : des savoirs aux pratiques éducatives, In ROUILLER Y. & LEHRAUS K. (Eds.) Vers des apprentissages en coopération : rencontres et perspectives, 2008, p.107-130, Berne.

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