logo infos coronavirus
logo infos Ukraine
logo du site Mon Espace
logo du pacte d'excellence
logo FAQ+
logo des annuaires scolaires
logo espace enseignant
logo des communiques de presse
logo du magazine PROF
 

Magazine PROF n°52

 

Dossier L’apprentissage par les pairs

Témoignage - Réciprocité des talents

Article publié le 10 / 12 / 2021.

Yves Khordoc utilise les ceintures de compétences en classe. Explications.

Enseignant en 6e primaire au Collège Saint-Michel, à Etterbeek, Yves Khordoc pratique le travail coopératif.

PROF : Pourquoi avez-vous décidé de faire du travail coopératif ?

Yves Khordoc : Je n’ai jamais aimé la posture de l’enseignant qui sait tout. J’avais besoin que les élèves s’expriment, soient acteurs de leurs apprentissages. Beaucoup d’élèves étaient dans la spirale de l’échec et se désinvestissaient de leur travail.

De plus, les besoins de différenciation étaient tels que j’ai décidé de revoir mes pratiques. Je me suis alors tourné vers les ceintures de comportement et par la suite, les ceintures de compétences. Tel un judoka qui évolue dans sa pratique, les élèves passent des degrés d’autonomie et progressent.

J’ai pu constater très vite chez mes élèves un regain d’intérêt pour les apprentissages.

Yves Khordoc, instituteur en P6 au Collège Saint-Michel d'Etterbeek, pratique le travail coopératif.
Yves Khordoc, instituteur en P6 au Collège Saint-Michel d'Etterbeek, pratique le travail coopératif.
© PROF/FWB

Comment s’intègre la coopération dans la méthode des ceintures des compétences ?

Y.K. Les élèves ont un plan de travail et un carnet des ceintures listant les compétences à acquérir. Ils peuvent donc visualiser leur progression et leur degré d’autonomie dans leur travail. Cela implique une autre manière d’évaluer (1). Ainsi, pour qu’une compétence soit acquise, l’élève doit obtenir 80 %. Tant qu’il n’y est pas, il pourra recommencer et être évalué. C’est là qu’intervient le travail coopératif et/ou le tutorat.

Un élève reconnu comme expert apportera son aide à celui qui n’a pas réussi l’évaluation. Le rôle de l’enseignant est primordial : il doit permettre la réciprocité des talents.

Chaque enfant est expert en quelque chose : il doit mettre en avant ce talent au service de la classe. Une heure par jour est consacrée au plan de travail, c’est-à-dire que les « experts » apportent leur aide à celui qui en a besoin, selon ce qui est notifié dans le plan de travail.

Par exemple, Jules a raté son évaluation sur les fractions. Lucie, qui a réussi, lui apportera son aide. Jules refera une évaluation. S’il a 80 %, la compétence est acquise. Tant que l’évaluation n’atteint pas 80 %, elle est formative. Une fois 80 %, elle devient sommative.

Les élèves n’ont plus peur de l’échec puisqu’ils savent qu’ils pourront recommencer. Cette méthode nécessite beaucoup de préparation, mais une fois mise en place, on gagne du temps. Les élèves gagnent en autonomie, en compétences transversales.

En plus, le climat de classe est fort amélioré puisque la coopération fait que l’on porte attention à l’autre, que chacun est mis en avant selon l’expertise qui lui est reconnue.

Bien sûr, il faut accepter de changer de posture, ne pas tromper l’élève et parfois accepter des choses que l’on refuserait.

Parfois aussi, il faut « se battre » face à certains collègues, certains parents qui voient cela comme une méthode Bisounours ou qui craignent que le programme ne soit pas vu. C’est dommage qu’à l’école tout doit toujours être réussi tout de suite alors qu’apprendre prend du temps… 

(1) KHORDOC Y., Évaluer autrement, c'est possible ! - Les ceintures de compétences pour faire progresser les élèves, Paris, ESF Editeur, 2021, 156 p.

Moteur de recherche

La dernière édition

Toutes les éditions

Retrouvez toutes les éditions de PROF.

Tous les dossiers

Retrouvez également tous les dossiers de PROF regroupés en une seule page !