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Magazine PROF n°58

 

L'info 

Cinq générations et des gaufres

Article publié le 12 / 07 / 2023.

De 8 à presque 100 ans, voilà la tranche d’âges de celles et ceux qui se sont retrouvés ensemble le temps d’une après-midi.

© Lejeune

Au pied des ruines du château de Laroche-en-Ardenne, la séniorie Jamotte accueillait en ses murs cinq générations autour d’une activité : la confection et dégustation de gaufres.

Cette après-midi augurait les activités réalisables lors de la semaine de l’intergénération qui se déroulaient du 23 au 29 avril dans divers lieux en Fédération Wallonie-Bruxelles.

Dans le cadre du cours de méthodologie de projets, cinq stagiaires en Bac 3 éducateur spécialisé en accompagnement psycho-éducatif de l’IPFS de Namur avaient organisé cette activité intergénérationnelle au sein du home larochois.

Indépendamment de la dégustation de gaufres, cette activité rencontrait de multiples objectifs à tous les niveaux d’âges.

L’objectif principal pour les stagiaires de l’IPFS était de créer et mener un projet de A à Z. Il permettait le développement des compétences en termes de gestion de projets, mais aussi le travail coopératif et collaboratif.

En amont de la journée, ils se sont accordés sur le périmètre du projet, ils ont cherché un home et une école acceptant de l’intégrer et enfin l’ont mis sur pied. Un projet où chacun a pu apporter son expertise, trois stagiaires ayant une expérience dans l’accompagnement des personnes âgées, une dans celle des jeunes des Services d’aide à la jeunesse et Services de la protection de la jeunesse et une autre au sein des écoles.

 « Nous avons eu écho d’une école ayant participé, avant la covid, à ce genre d’activités. Nous avons alors décidé d’entrer en contact avec la direction de l’école, » me dit Audrey, une des stagiaires. « En effet, une de mes collègues avaient des projets de ce genre avant la covid. Ici, la directrice de l’école a lancé un appel à participer, enchérit Eve Evrard l’institutrice de la 3P-4P de l’athénée de Laroche. J’ai trouvé que ce serait chouette de le faire avec mes élèves. D’abord parce que le projet est sympa, l’activité aussi, mais elle permet aux élèves de percevoir un univers qu’ils ne connaissent pas ou mal. ».

Laroche est un gros village et le home occupe une position centrale. Il est véritablement sur la rive de l’Ourthe, à deux pas de la place principale. Tous les enfants le connaissent. Soit parce qu’un membre de leur famille y travaille, ou qu’ils y connaissent un résident ou une résidente, les dames y étant largement représentées.

Comme cette petite fille faisant un bisou à une vieille dame de la part de sa maman qui était sa dame à journée. Ou ce garçon saluant sa maman infirmière dans l’institution.

On peut se demander quels objectifs pédagogiques permet ce genre de projet pour les élèves de l’enseignement fondamental.

Eve Evrad m’explique qu’ils sont multiples : «Deux semaines avant cette après-midi, les stagiaires sont venus en classe pour présenter le projet. Ils ne sont pas venus les mains vides. Ils avaient préparé un dossier qu’ils ont distribué aux élèves. Dans celui-ci, des activités très variées. Comme la reconnaissance d’objets usuels du passé. Des fiches d’identité à compléter permettant de travailler les notions de généalogie. Mais aussi une activité plus axée sur le portrait moral et physique de leurs grands-parents, de les dessiner, d’identifier ce qui les caractérise. Les stagiaires ont aussi, via un vrai ou faux, déconstruit les idées préconçues que l’on peut se faire de la vieillesse comme « Quand on est âgé, on ne peut plus faire de sport » ou « Toutes les personnes âgées vivent dans des homes »... Enfin, une petite poésie clôturait l’animation en classe. J’ai alors décidé de la faire mémoriser et de la faire réciter en chœur lors de l’après-midi à la séniorie. »

Mais alors, comment s’est déroulée cette après-midi ?

Les stagiaires, en bon chefs d’orchestre, avaient préparé la salle qui allait accueillir plus de 60 personnes de tous âges, avec des mobilités diverses : les enfants, plus énergiques, et les seniors parfois en chaises roulantes ou avec des déambulateurs. Ils avaient également préparé à l’avance la pâte à gaufres.

Une fois la classe arrivée, les stagiaires expliquèrent le déroulement de la journée, mais surtout donnèrent les recommandations essentielles au bien vivre ensemble : « On ne crie pas. On ne tutoie pas les personnes. On ne court pas dans les couloirs… » Ce rappel des règles ne fut pas donné de manière péremptoire et dictatoriale, mais avec des explications du pourquoi. Ces règles ayant du sens, les enfants les avaient très bien comprises et respectées.

Fort intimidés, en petits groupes accompagnés de stagiaires, ils allèrent chercher les seniors dans leurs chambres.

Petit à petit, les papys et mamys s’installèrent. Les enfants les saluant, leur demandant ce qu’ils souhaitaient boire, ce qu’ils souhaitaient sur leurs gaufres et si c’était bon.

Des discussions entre les enfants et leurs aînés égrainèrent la journée. Une occasion de faire connaissance, de poser des questions sur le ressenti de chacun. Comme me le dit Marie-Thérèse à propos d’une petite demoiselle assise à sa droite : « C’est un vrai plaisir de discuter avec elle. C’est une vraie babeille, on ne sait pas l’arrêter. »

Pour Isabelle Lecoq, la responsable des activités au sein du home, ce genre d’activités apporte beaucoup aux résidents : « C’est différent de ce qu’ils font habituellement. Puis, ils ne sont pas obligés de participer. Si ils sont là c’est que cela leur plait de rencontrer ces enfants. »

L’heure filant à toute allure, pour clôturer la journée et remercier leurs aînés, fièrement, les enfants récitèrent leur poème.

A nouveau, en petits groupes, les enfants reconduisirent les personnes dans leurs chambres. Mais si à l’aller, le trajet se faisait dans un silence très solennel, le retour, lui, était tout guilleret. Chacun et chacune ayant pris du plaisir à cette rencontre particulière.

Comme me le dirent Mathéo, Ivy, Raphaël, Anna et Bixente : « Au début, on n’avait pas très envie de venir car on ne connaissait pas. Mais c’était très gai d’aller chercher les personnes, de les aider, de leur parler. Maintenant, on connait mieux et on a moins peur. Et puis, les gaufres étaient très bonnes. Surtout les cœurs.»

Deux univers vivant en parallèle : un home sur une rive, une école primaire sur l’autre. Entre les deux : un pont et des gaufres. Une journée sous le signe de l’inclusion où toutes les générations ont pu se rencontrer, échanger et apporter quelque chose à l’autre.

Hedwige D’HOINE

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