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Magazine PROF n°9

 

Dossier PISA n’est pas le bulletin des enseignants

Agir sur les stratégies de lecture

Article publié le 01 / 03 / 2011.

Les élèves qui disent connaitre les stratégies de lecture efficaces affichent des résultats nettement meilleurs.

Bonne nouvelle : en Communauté française, les élèves ayant passé l’épreuve PISA 2009 affirment davantage aimer lire que ne le faisaient ceux qui ont passé PISA 2000. Et disent lire des matériaux plus divers. Un progrès d’autant plus remarquable que c’est l’inverse au niveau international. Qui plus est, l’amélioration concerne plus les garçons, globalement moins bons lecteurs que les filles. PISA 2009 attribue un indice composite d’engagement vis-à-vis de la lecture. Nos élèves rejoignent la moyenne et l’écart entre garçons et filles (-0,46) est inférieur aux écarts moyen (-0,62) et observé en Flandre. Certes, 38% des élèves (49% en Flandre) disent encore ne pas aimer lire, contre 37,4% en moyenne OCDÉ.

© PROF/FWB/Jean-Michel Clajot

Une nouvelle fois, chez nous, ce sont les écarts de performances qui tranchent : 91 points entre ceux disent lire plus d’une demi-heure par jour (539 points) et ceux qui ne lisent pas pour le plaisir (448). La moyenne OCDÉ est de 72, et en Flandre l’écart est de 77 points.

Ces grands écarts sautent aux yeux des analystes quand ils comparent les résultats des élèves selon leur degré de connaissance des stratégies efficaces de lecture. Dans l’enquête personnelle remplie après l’épreuve figuraient des questions sur la manière de comprendre et de se souvenir d’un texte d’une part, de le résumer d’autre part. Les élèves devaient opter pour une des propositions, correspondant à des stratégies différentes, classées par des experts internationaux de la lecture selon leur efficacité. Les élèves de la Communauté française affichent un degré de connaissance des bonnes stratégies plus élevé que la moyenne OCDÉ.

« J’ai l’impression que nos élèves sont relativement bien conscients de ce qui est stratégiquement efficace. Et je ne vois pas comment ils le seraient si on ne leur avait pas enseigné à l’école, analyse la Pre Dominique Lafontaine. Si ça s’apprenait à la maison, il n’y aurait pas de différence entre pays. Par contre, quand on corrèle ce degré de connaissance avec les résultats à l’épreuve, on observe des écarts gigantesques ! »

En effet, les élèves ont été répartis en quatre groupes, selon leur degré de connaissance des stratégies les plus efficaces. En Communauté française (mais aussi en Flandre), tant pour la compréhension/mémorisation que pour le résumé, les écarts entre les 25% d’élèves les plus et les moins conscients des stratégies efficaces (123 et 133 points) sont largement supérieurs à la moyenne OCDÉ (90 et 107 points).

Sur ce point précis, le rapport PISA 2009 estime qu’un quart de la variance de résultats entre élèves s’explique par cette connaissance (dont on suppose qu’elle s’applique en situation) plus ou moins forte des bonnes stratégies de compréhension de l’écrit. C’est important de le souligner, parce qu’au contraire des indicateurs d’iniquité, sur lesquels les enseignants n’ont que peu de prise, ils peuvent, en classe, exercer leurs élèves à ces stratégies de compréhension de l’écrit.

Les analystes de PISA 2009, mais aussi les responsables de l’enseignement, ministre Simonet en tête, voient d’ailleurs dans ce travail cohérent, dans les classes, le principal facteur explicatif des progrès en lecture : un plaisir de lire accru, des pratiques de lecture diversifiées, une meilleure connaissance des stratégies efficaces. Reste le handicap social. À la suite de PISA 2000, la Pre Lafontaine se souvient avoir voulu étudier dans quelle mesure l’engagement dans la lecture pourrait compenser les disparités socio-économiques. Aujourd’hui, sa conclusion est claire : en Communauté française, l’engagement, la motivation, des élèves défavorisés ne suffisent pas à compenser ces disparités. Parmi d’autres leviers, le rapport PISA en esquisse un : en Belgique comme dans d’autres pays, si les élèves les moins favorisés socio-économiquement utilisaient les stratégies de compréhension de la même façon que les plus favorisés, l’écart de performance entre eux se réduirait de plus d’un quart.