Magazine PROF n°9
Dossier L'art à l'école
Enseignants artistes en classe
Article publié le 01 / 03 / 2011.
Certaines écoles puisent dans leur capital périodes pour mettre l'éducation artistique au menu des élèves. Un investissement « à long terme ».
Instituteur à l’école libre de Theux, Éric Flamand se souvient : « Longtemps, j’ai pris ma guitare entre deux leçons pour chanter avec mes élèves pour nous changer les idées; il m’arrivait aussi de composer des chansons servant de synthèses à certaines leçons. Une formation Osez la musique, organisée par la Fédération de l’enseignement fondamental catholique, et le soutien de l’équipe éducative, m’ont permis de créer un cours d’initiation musicale (une période) pour les élèves de troisième maternelle et de primaires ».
Plaisir de la musique
La partition de cet instituteur autodidacte : activités auditives, vocales, rythmiques, corporelles, fabrication d’instruments avec des objets de récupération, expression – par le corps, la parole ou le dessin – du ressenti après l’audition d’un morceau classique,… chaque domaine nourrissant l’autre. Ce sont les mêmes ingrédients qu’utilise Vincent Van Sull, enseignant et artiste, depuis vingt-sept ans, dans les classes primaires du Collège de Basse-Wavre. En ménageant des possibilités de différencier les apprentissages en cas de difficultés.
Les deux instituteurs le précisent : il s’agit de faire vivre aux élèves le plaisir de la musique, de leur donner les moyens de découvrir et d’apprécier des œuvres, sans exclure la rigueur nécessaire à certains apprentissages. Et, chemin faisant, de les amener à percevoir le rythme et le monde sonore ; à s’exprimer en inventant des bruitages, des mouvements, des sons vocaux et instrumentaux, des ambiances musicales et des codes ; à réagir face à leur propre production et à celle des autres. L’évaluation du cours est uniquement formative et doit le rester. Sans être la panacée, l’éducation musicale peut faire évoluer les enfants dans plusieurs domaines : connaissance du corps, développement de la créativité et la confiance en soi, amélioration de l’écoute, de la concentration et de la mémoire, établissement de relations positives au sein du groupe. Des compétences sans doute transférables à d’autres disciplines.
Pas de solfège
« Pas question de remplacer le professeur d’académie, notamment en initiant les élèves au solfège. Ce n’est d’ailleurs pas dans les programmes. Mais c’est intéressant de donner aux élèves un vécu musical dans le fondamental avant d’aller plus loin dans l’abstraction. Le fait d’avoir ressenti le rythme, la pulsation, la hauteur, l’intensité et le timbre des sons, facilite le transfert », ajoute Vincent Van Sull. Dans le secondaire, l’enseignement artistique à horaire réduit possède ses finalités propres : apprendre aux élèves divers langages et pratiques artistiques, leur donner les moyens et formations pour atteindre l’autonomie artistique, source de créativité personnelle, et les préparer à l’enseignement supérieur artistique. Pour les deux enseignants, puiser dans le capital-périodes pour assurer ainsi la formation artistique des élèves présente des atouts : ils font partie de l’équipe éducative, participent aux concertations et suivent l’évolution des élèves. Et le projet peut viser le long terme.
Oser l’art à l’école
L’éducation artistique couvre 300 périodes au minimum dans la formation des futurs enseignants maternels, 150 pour les primaires. Les régents (à l’exception des futurs professeurs d’art) suivent en 3e année 30 heures d’initiation aux arts et à la culture (1). « En matière musicale, c’est insuffisant pour des étudiants qui, souvent, n’ont plus côtoyé le chant ou une autre forme de pratique depuis les primaires ou les maternelles », regrette Nedjelka Candina, maitre-assistante à la Haute école Francisco Ferrer.
Un combat perdu d’avance ? Également formateur pour l’Institut de la formation en cours de carrière, Vincent Van Sull nuance: « Entrer dans la musique par différentes portes (chant, mouvement, danse, rythme, écoute active,…) permet aux enseignants de comprendre l’intérêt de l’utiliser, même à petites doses, dans leur classe. Cela peut remettre en cause leur image face aux élèves, mais le bonheur vécu avec la classe est souvent au bout du chemin ».
(1) Pour plus d’infos sur l’éducation artistique durant la formation initiale : { https://www.gallilex.cfwb.be/fr/leg_res_02.php?ncda=26112&referant=l01}
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