Recherche en matière de pratiques de bien-être à l’école
L’amélioration du bien-être à l’école et du climat scolaire font partie des grands objectifs du Pacte pour un Enseignement d’excellence. Une préoccupation largement partagée par les acteurs de terrain, puisque de nombreux établissements scolaires l’ont inscrite dans leur contrat d’objectifs. Pour soutenir leur action en vue de renforcer le bien-être à l’école et le climat scolaire, une série d’initiatives ont été réalisées.
Initiative 1 : mettre en lumière des pratiques locales
En octobre 2022, un forum d’échange sur le bien-être à l’école a été organisé dans le cadre des travaux participatifs du Pacte pour un Enseignement d’excellence. L’ambition du forum ? Permettre aux enseignants et autres professionnels de l’enseignement, de rencontrer des collègues et des services extérieurs qui ont développé des pratiques pour le bien-être à l’école, sur 3 axes - les élèves, les adultes et l’environnement. Concrètement, les enseignants participant à cette journée ont pu découvrir des pratiques mises en place par leurs collègues ou par des opérateurs via des groupes de discussions.
> Consulter ces pratiques sur le site « À nous de jouer »
Initiative 2 : s’inspirer de pratiques internationales « evidence-based »
Mais comment améliorer concrètement le bien-être à l’école, en particulier celui des élèves ? Existe-t-il des solutions plus efficaces que d’autres pour y parvenir ?
Pour répondre à ces questions et fournir à terme aux équipes éducatives des ressources testées et fondées sur des analyses probantes (ou « evidence-based »), le Département des Sciences de l’Education de l’Université de Liège a réalisé une étude financée dans le cadre des travaux du Comité scientifique du Pacte. Objectif : identifier les caractéristiques des interventions et des dispositifs utilisés à l’étranger, qui sont les plus susceptibles d’améliorer le bien-être des élèves.
D’abord apparue en médecine, l’approche basée sur des preuves (evidence-based) repose sur l’idée selon laquelle les interventions d’un praticien (médecin, enseignant…) devraient s’appuyer sur les résultats de recherches expérimentales rigoureuses. Dans cette optique, ceux-ci sont invités à privilégier les méthodes et les pratiques dont l’efficacité a fait l’objet d’une validation scientifique, et à délaisser celles dont l’efficacité n’a pas pu être démontrée.
L’approche basée sur des preuves implique donc de mesurer précisément l’impact d’une intervention pour déterminer si elle fonctionne ou non, mais aussi de comparer ces résultats à ceux d’autres interventions afin de choisir la meilleure option possible.
L’un des indicateurs utilisés pour mesurer l’efficacité d’un dispositif est la taille (ou l’ampleur) d’effet. Il s’agit d’une valeur chiffrée qui représente le degré de corrélation entre deux variables (par exemple, le fait de bénéficier ou non d’un dispositif de remédiation et les résultats obtenus à un contrôle). Plus la taille d’effet est importante, plus on considère qu’une intervention a un impact (positif ou négatif) significatif.
En s’appuyant sur des travaux antérieurs, les auteurs de l’étude considèrent que l’impact d’une mesure est faible lorsque sa taille d’effet est comprise entre 0 et 0,04, moyenne entre 0,05 et 0,19 et forte au-delà de 0,2. Ces chiffres sont toutefois à relativiser : une étude a ainsi estimé l’impact moyen du Covid sur les apprentissages à « seulement » 0,14…
Les partisans de l’approche fondée sur les preuves y voient un moyen d’améliorer la qualité et l’efficacité des interventions et, in fine, de l’ensemble du système (de santé, éducatif…). Ses détracteurs pointent, quant à eux, un risque de standardisation accru des pratiques ainsi qu’une attention excessive portée à des objectifs mesurables.
À cette fin, l’équipe de chercheurs et de chercheuses a mené une revue systématique de la littérature scientifique, en se concentrant plus spécifiquement sur l’amélioration du bien-être psychologique et social des élèves du secondaire. Tous les dispositifs étudiés concernaient des mesures préventives et destinées à l’ensemble des élèves. En outre, ils devaient avoir été mis en œuvre par le personnel éducatif (enseignants, éducateurs, centres PMS…) et non par des chercheurs, afin d’être plus facilement réplicables dans d’autres contextes d’enseignement. L’équipe de recherche a ainsi passé au crible près de 4000 études avant d’en sélectionner 82, qui ont fait l’objet d’une analyse approfondie.
Les scientifiques ont ensuite utilisé les données disponibles pour calculer l’ampleur d’effet de chaque dispositif afin de déterminer son impact. Pour chacun d’eux, ils ont également rédigé une fiche de synthèse reprenant une brève présentation de l’intervention et de ses principaux résultats, ainsi que des informations pratiques concernant sa mise en œuvre (public-cible, durée, matériel et/ou formations nécessaires…).
Les chercheurs se sont ensuite demandé si certains types d’interventions étaient plus efficaces que d’autres. Ils ont alors classé l’ensemble des dispositifs en dix catégories et calculé la taille d’effet moyenne de chacune d’elles pour pouvoir les départager.
Les résultats obtenus leur ont permis de se rendre compte que certains types d’interventions sortent clairement du lot lorsqu’il s’agit d’améliorer le bien-être psychologique ou social des élèves. À l’inverse, d’autres produisent peu d’effet, quand ils ne sont pas contreproductifs ! Et il ne s’agit pas toujours de ceux auxquels on pense : « Certaines idées qui pourraient sembler originales, voire même saugrenues à première vue, produisent des résultats tout à fait significatifs », explique Sophie Bricteux, l’une des autrices de l’étude.
Les trois catégories d’interventions les plus prometteuses tant pour le bien-être psychologique que social reposent sur :
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la « théorie de l’autodétermination », qui favorise la motivation des individus en renforçant notamment leur autonomie, leur sentiment de compétence et leurs liens sociaux (ex : donner la possibilité aux élèves de choisir les tâches qu’ils vont réaliser, mais aussi la manière de les mener à bien)
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la « psychologie positive », qui enseigne la résilience face aux évènements négatifs et encourage l’expression d’émotions positives (ex : inciter les élèves à écrire une lettre de gratitude, leur proposer de dresser une liste de leurs objectifs dans la vie ainsi que des moyens de les accomplir)
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les « approches intégratives », qui combinent plusieurs types d’interventions différents (ex : en mélangeant des exercices de méditation et de psychologie positive)
Certains types de dispositifs produisent des effets en demi-teinte en améliorant un aspect du bien-être, mais pas l’autre. Les pratiques de méditation relèvent de ce groupe : elles ont un impact positif sur le stress, l’anxiété et la régulation des émotions et donc contribuent à l’amélioration du bien-être psychologique des élèves, mais n’ont pas d’effet significatif sur leur bien-être social.
Enfin, à l’autre bout du spectre, certaines mesures ne produisent aucun effet positif significatif, voire seraient même préjudiciables pour le bien-être des élèves, ce qui démontre l’importance de bien maitriser la pratique et son protocole d’implantation et incite à une grande prudence quand on veut passer de la théorie (la recherche) à la pratique (l’implantation dans les écoles).
Objectif 3 : valoriser la recherche et poursuivre les travaux
En mars 2024, une journée de valorisation a été organisée pour présenter les résultats inédits de cette recherche et travailler aux conditions de réussite pour implanter certaines de ces pratiques fondées sur les preuves au sein des écoles de la FWB. La Fédération Wallonie-Bruxelles et l’ULiège se sont associées pour organiser cette journée intitulée : Regards croisés sur les pratiques impactant le bien-être psychologique et social des élèves. Cette journée s’est organisée en deux temps : en matinée, un temps de partage de connaissances via une séance plénière et, en après-midi, un temps d’échange et de réflexion via des ateliers participatifs.
Les matériaux récoltés lors de cette journée serviront au chantier « démocratie scolaire et bien-être à l’école » du Pacte. L’objectif étant, à terme, de favoriser l’innovation et de diffuser dans les écoles de la FWB les bonnes pratiques impactantes destinées à améliorer le bien-être des élèves.
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