Magazine PROF n°20
Dossier Ne plus avoir peur des maths
Du CEB au CE1D : le grand saut ?
Article publié le 01 / 12 / 2013.
L’analyse des épreuves menant de fin de 6e primaire et de fin de 2e secondaire a mis en lumière un saut conceptuel. Trop important ?
Face aux résultats contrastés au CEB et au CE1D, en mathématiques, la Commission de pilotage (CoPi) de l’enseignement a demandé qu’une comparaison soit effectuée entre les deux épreuves. Leur nature expliquerait-elle en partie que le score moyen chute de plus de 20% entre CEB et CE1D ?
La note de synthèse du groupe de travail ayant planché sur la question est prudente, parlant d’hypothèses d’explication. Suffisamment claires cependant pour que Roger Godet, Inspecteur général coordonnateur, s’interroge publiquement sur le « saut conceptuel entre primaire et secondaire. Qu’il y en ait un me semble normal, mais est-il raisonnable, et les élèves sont-ils accompagnés pour effectuer ce saut ? »
Pourquoi parler de saut conceptuel ? La terminologie utilisée dans les épreuves en témoigne : des verbes d’action au CEB, tels que « écris », « coche »,… ; des verbes « mentalistes » au CE1D, tels que « justifie », « explique ». Des questions fermées au CEB, ouvertes au CE1D.
Par ailleurs, les épreuves menant au CEB s’inscrivent dans une culture d’évaluation bien ancrée en fin de primaire et bénéficient donc d’une grande valeur symbolique, ce qui n’est pas encore le cas du CE1D.
Autre différence : les écoliers de 6e primaire reçoivent des livrets séparés selon les quatre domaines alors qu’au CE1D, non : les élèves savent donc d’emblée quels savoirs ou savoir-faire mobiliser pour aborder l’épreuve. Au CEB, chaque domaine vaut 25 points, ce qui n’est pas le cas au CE1D. En juin 2012, le score moyen « Traitement de données » était de 78,2 %, mais comme il ne représentait que 10 % des points…
Le groupe de travail souligne encore que le CE1D 2012 contenait 45 % de « questions problèmes », contre 27 % au CEB. Et le système de notation au CEB valorise les réponses partielles… Enfin, pour le CEB, un item évalue une compétence, ce qui « conduit à une décomposition, une segmentation ou une décomplexification des tâches ».
Ce constat posé, va-t-on revoir le thermomètre ? En tout cas, un groupe de réflexion est chargé d’émettre des recommandations aux concepteurs des deux épreuves. Mais ce ne sera pas pour celles de juin 2014.
Trop facile, le CE1D ?
En juin 2013, c’était la première fois que toutes les écoles devaient inscrire leurs élèves de 2e commune et de 2e différenciée aux épreuves du CE1D. Lorsqu’on examine les taux de réussite, par école, on s’aperçoit que dans plus de 48 % des écoles, il n’y a pas la moitié des élèves qui ont réussi l’épreuve. A contrario, dans environ 10 % des établissements scolaires, l’épreuve a été réussie par plus de neuf élèves sur dix…
On connait la fameuse « constante macabre » selon laquelle les notes des élèves se répartissent grosso modo selon une courbe de Gauss. Il n’est dès lors pas surprenant qu’on puisse juger l’épreuve trop facile ou au contraire trop difficile : 10 % de réussites ou 10 % d’échecs dans sa classe, forcément, ça interpelle, même si l’épreuve respecte le prescrit légal…
Mais la vraie question est ailleurs, dans les inégalités entre écoles, ou plutôt dans l’affectation des élèves à tel ou tel établissement secondaire, comme le soulignent de façon lancinante les enquêtes PISA…
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