Magazine PROF n°22
Dossier E-learning : un autre défi pédagogique
Des cours par correspondance vers l’e-learning
Article publié le 01 / 06 / 2014.
L’Enseignement à distance (EAD) de la Fédération Wallonie-Bruxelles va mettre ses cours en ligne à l’horizon 2016-2017. Avec quels bénéfices pour les apprenants et les tuteurs-correcteurs ? La parole à Laurence Dohogne, coordinatrice pédagogique.
PROF : Comment avez-vous organisé ce chantier?
Laurence Dohogne : La première étape a consisté à analyser le contenu des cours papier et les contenus légaux (socles de compétences, programmes de l’enseignement obligatoire, programmes des jurys,…). Sur cette base, nous avons découpé 180 cours en un millier de modules qui représentent chacun une matière et/ou une compétence pouvant être acquise après dix semaines d’apprentissage régulier et assidu.
Puis nous avons proposé à nos quelque 400 rédacteurs/correcteurs/tuteurs (des enseignants travaillant dans des classes) d’y agencer savoir, information et interactivité. Une trentaine de modules existent déjà ; une centaine sont en chantier.
Comment procèdent ces enseignants ?
Leur expérience à l’EAD leur donne sans doute une longueur d’avance. Construire un cours à distance demande de décortiquer les étapes amenant à la maitrise d’un contenu ou d’une compétence ; de poser un large panel de questions ; et d’anticiper les réponses et réactions possibles. Nous leur proposons un ensemble d’outils permettant l’articulation d’un scénario pédagogique avec utilisation du son, de l’image et de l’interactivité. Les concepteurs travaillent toujours en duo ou en trio pour garantir contenu et relecture.
Avez-vous prévu des temps de rencontre et de formation ?
Nous proposons aux enseignants de déposer leurs questions dans des forums de discussion (« Comment mettre des vidéos, des graphiques, des images dans un module ? », « Quelle infographie respecter ?... »). Sur cette base, nous organisons chaque mois une réunion du comité de suivi où ces thèmes sont débattus et nous publions en ligne le fruit de nos discussions.
Ce dispositif vise à faire vivre à nos enseignants, de l’intérieur, la situation d’un apprenant à distance. Avant la diffusion des premiers modules aux apprenants, une formation de tuteurs est prévue en septembre dans l’accompagnement de modules. Des rencontres entre metteurs en ligne et tuteurs, et entre tuteurs sont planifiées.
Les avantages par rapport aux « cours papier » ?
Bien plus de rapidité et d’interactivité. Prenons l’exemple du module Préparation et étude approfondie d’un essai, pour les élèves présentant le jury du 3e degré de l’enseignement général. Avant de remettre un devoir (qui sera corrigé dans les trois jours), l’apprenant a l’occasion de participer à des chats de discussion avec son groupe où le tuteur joue le modérateur, mais il peut aussi chatter avec son tuteur. La plateforme permet donc de développer un tutorat qui dépasse le stade de la correction des travaux et permet de jouer pleinement les rôles d’incitateur, de dépanneur et de coach.
Ces modules seront accessibles à tous les enseignants ?
Effectivement. L'EAD ne répond pas seulement aux besoins de personnes qui ne fréquentent pas l’école pour des raisons variées (maladie, abandon des études, séjour à l’étranger,…). Il peut permettre une remise à niveau encadrée par un tuteur et enrichir la différenciation dans l’enseignement en présentiel.
200 cours, 10000 apprenants
L’Enseignement à distance (EAD) envoie chaque année par courrier environ 200 cours à plus de 10 000 apprenants d’horizons très variés. Il dispose déjà d’une offre de 10 % de modules d’enseignement en ligne. D’ici 2016-2017, la proportion va s’inverser : un bon millier de modules seront alors accessibles sur la plateforme Moodle.
« Vu l’offre de formation à distance en Wallonie et à Bruxelles et la diminution progressive de nos moyens, nous devions redéfinir nos missions prioritaires », explique François-Gérard Stolz, directeur général adjoint. Le Centre de recherche sur l’instrumentation, la formation et l’apprentissage (Université de Liège) a mené une enquête sur le fonctionnement de l’EAD. Elle a montré l’intérêt de centrer l’offre sur la préparation des apprenants aux jurys de l’enseignement obligatoire.
Dans un paysage concurrentiel et pour éviter des supports couteux et peu écologiques, l’EAD va diffuser progressivement des modules de cours en ligne ; des contacts seront pris avec des CPAS, des espaces numériques de travail,… pour rendre l’offre accessible à tous.
Au total, un millier de modules seront accessibles sur la plateforme Moodle. Et M. Stolz d’ajouter : « L’EAD pourrait devenir le centre d’expertise en Fédération Wallonie Bruxelles pour les enseignants qui souhaitent proposer une formation en ligne à leurs élèves ».
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