Magazine PROF n°29
Dossier Ils ont décroché, ils ont repris pied
Le système encadre les jeunes
Article publié le 01 / 03 / 2016.
Dans leurs parcours scolaires, nos raccrocheurs ont rencontré des adultes. Avec un regard subjectif.
Hân s’ennuyait aux cours. « Les enseignants n’avaient pas le désir de comprendre le petit bonhomme en face d’eux. Ou ils n’incarnaient pas vraiment leur matière, n’ouvraient pas l’horizon des élèves ». Après son décrochage, Jessica Penneman a cherché une autre école. « Sans me sentir en échec, je devais me justifier. Les directeurs me faisaient la morale ».
En manque d’alchimie
Parfois, le cadre géré par les adultes est bien présent, mais l’alchimie ne passe pas. Salomé Singh a quitté une option artistique pour une autre : « Dans ma nouvelle école, les cours étaient fort cadrés. Pour les projets artistiques, je n’avais pas le choix du medium. Je n’ai pas trouvé les profs sympas. Mes mauvais points n’ont rien arrangé ». Au premier bulletin, elle a demandé à changer d’option… La classe était remplie. « La psychologue du CPMS et le directeur ont été soutenants. Je pouvais mordre sur ma chique ou changer d’école. Mais ils ne m’ont pas orientée vers une autre école. Et comme je perdais pied, cela ne s’est pas fait… ».
On ne trouve pas nécessairement la clé pour certains problèmes. « Il m’a manqué des profs compréhensifs, calmes, notamment envers le harcèlement, note Fatima. La médiatrice a bien réagi. Par contre, on n’y a pas trouvé de bonne solution ».
Il suffit parfois d’une étincelle
Par contre, Sébastien Ruiz se souvient, lui, du prof d’EDM, lorsque le conseil de classe a décidé de son renvoi : « Il appréciait mon travail scolaire et a pris ma défense ». En 3e transition, il a réussi le cours d’électromécanique, « avec un prof très sévère, mais juste. Mais j’ai raté ailleurs ». Plus tard, il s’est inscrit en promotion sociale. « « Les profs, sachant qu’ils ont affaire à des adultes avec, parfois des situations assez difficiles peuvent faire preuve de compréhension et âtre à l’écoute en cas de problème ».
Les écoles peuvent s’appuyer sur des partenaires externes. Avec le soutien de son directeur, Salomé Singh s’est inscrite dans un Service d’accrochage scolaire. « Je pouvais me confier notamment à mon référent que je voyais une fois par semaine pour parler de moi. J’ai pu réaliser un travail sur moi-même. J’ai pu aussi apprendre à négocier avec des adultes, dans un dialogue constructif, et accepter qu’on ne peut pas changer certaines choses ».
Parfois, les élèves et leurs parents ont recours aux privés. « J’ai pu avoir des cours particuliers et j’ai obtenu mon CEB, explique Fatima. Les enseignants me réexpliquaient la matière d’une autre façon. Ils m’ont aussi fait découvrir une méthode de travail qui me convient : je dois répéter, répéter, répéter le contenu, en me posant des questions et en m’auto-évaluant ».
Certains témoins sont devenus enseignants, comme Hân « Mes élèves me disent que je suis motivé, que ça se voit. Je poste des vidéos pour leur expliquer des morceaux de matière ; je donne des explications en dehors des heures… Mais toujours avec la peur de tomber dans l’assistanat ».
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