Magazine PROF n°30
Dossier La littérature belge en classe
Classiques ou contemporains…
Article publié le 01 / 06 / 2016.
Pour les enseignants ayant répondu à l’enquête Espace Nord, la littérature belge apparait comme un corpus à deux versants.
Les représentations associées par les enseignants à la littérature belge tendent à distinguer le « Patrimoine » (les classiques) et la « Littérature contemporaine » (les auteurs vivants).
Plus de la moitié des enseignants inscrivent à leur programme de lecture des œuvres antérieures à 1945, mais la frontière entre Patrimoine et Littérature contemporaine n’est pas nette. La notion de Patrimoine court parfois jusqu’aux années 1980 (La Femme de Gilles, de Madeleine Bourdouxhe), tandis que la littérature contemporaine peut englober des œuvres remontant au milieu du XXe siècle quand elle relève de la littérature de genre (L’Assassin habite au 21, de Stanislas-André Steeman, Malpertuis de Jean Ray).
Du côté des classiques incontestablement associés au Patrimoine, les auteurs les plus cités par les répondants sont Maurice Maeterlinck (pour Pelléas et Mélisande ou L’Oiseau bleu) et Georges Rodenbach (pour Bruges-la-Morte). Hormis ces auteurs qui font l’objet d’une vingtaine de mentions, peu d’écrivains tirent véritablement leur épingle du jeu en dehors de Charles De Coster, Émile Verhaeren et Camille Lemonnier, dont les noms font chacun l’objet de dix à quinze mentions. Il est intéressant de constater qu’à l’exception de Charles De Coster, ces auteurs sont généralement rattachés à leurs courants respectifs qui semblent bien en déterminer le choix.
Pour les auteurs vedettes, on observe une logique d’auto-renforcement laissant peu de chance aux auteurs moins clairement identifiés à un courant ou n’ayant pas pu entrer avec une même évidence dans le panthéon littéraire. Outre les aspects de rattachement à un courant ou le déficit informationnel, il apparait que les choix posés par les enseignants dépendent de la difficulté et de la longueur des textes proposés. Dans le cas des œuvres plus longues - encore que cette pratique puisse s’appliquer à tous les classiques -, les enseignants recourent plus volontiers à la lecture d’extraits.
On constate un même principe de concentration du côté de la littérature contemporaine. Les auteurs les plus plébiscités sont Armel Job et Amélie Nothomb (plus de vingt mentions), suivis de près par Nicolas Ancion, Thomas Gunzig, Jacqueline Harpman. Viennent ensuite Barbara Abel, André-Marcel Adamek, Henry Bauchau, Geneviève Damas, Xavier Deutsch, Vincent Engel, Nicole Malinconi, Grégoire Polet, Jean Ray, Georges Simenon et Bernard Tirtiaux.
Ces auteurs ne présentent que peu de rapports entre eux à première vue, si ce n’est le fait qu’ils sont tous disponibles, en France ou en Belgique, dans des collections de poche. Certains enseignants considèrent que le prix, pourtant plus avantageux des livres de poche, reste un obstacle.
Le choix d’un livre belge procède d’une combinaison de plusieurs facteurs. Au premier rang de ceux-ci, pour la quasi-totalité des répondants, figure le nom de l’auteur. La réputation d’un écrivain constitue donc une valeur de premier plan, son nom agissant en tant que marque. Les critères de « contemporanéité » et de « thématique locale » sont pointés quant à eux par la moitié des répondants. Il est important de noter que la possibilité d’inviter un auteur en classe joue à plein dans le choix des œuvres.
Françoise CHATELAIN et Tanguy HABRAND
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