Magazine PROF n°30
Dossier La littérature belge en classe
Absents dans les textes, présents dans les cours
Article publié le 01 / 06 / 2016.
Les textes légaux n’imposent pas l’étude des auteurs belges en formation initiale. N’empêche : des enseignants les abordent par choix et par gouts personnels.
Un cours consacré aux auteurs belges, cela ne date pas d’hier dans plusieurs universités. Benoît Denis, président du département de Langues et Littératures romanes à l’Université de Liège, souligne que depuis la réforme dite « de Bologne », en 2004, cette formation est devenue obligatoire pour tous les bacheliers romanistes en Fédération Wallonie-Bruxelles. Sous des intitulés et à des moments divers.
À Liège, par exemple, le cours d’Histoire approfondie des littératures francophones et spécialement de la littérature belge, en Bac 3 (45 heures – cinq crédits ECTS) s’accompagne de la lecture obligatoire de dix livres d’auteurs belges. En master, les étudiants peuvent également suivre, en option, les cours (30 heures) de Questions approfondies de littérature francophone, Histoire de la poésie francophone de Belgique et Théâtre francophone contemporain. « À l’ULg, précise M. Denis, l’accent est mis sur la dimension sociale du phénomène, et notamment sur la manière dont se posent les questions d’identités à travers les soubresauts de la Belgique politique, le rapport à la France,… »
Pour Marie-Christine Pollet, de l’Université libre de Bruxelles, « les auteurs belges sont abordés dans la partie du cours de Didactique du français consacrée à l’enseignement de la littérature/lecture littéraire, ainsi que dans les séances d’Exercices didactiques préparatoires aux stages ».
Et dans les hautes écoles ?
Le décret de 2001 régissant la formation initiale des instituteurs et des agrégés de l’enseignement secondaire inférieur (AESI) (1) ne prévoit pas de cours spécifique consacré à la littérature belge. N’empêche : bon nombre d’enseignants l’abordent, par choix et gouts personnels. « Mario Ramos, Rascal, Kitty Crowther,… Voilà quelques auteurs belges d'albums pour le maternel et le fondamental abordés dans nos cours visant d'abord et avant tout à développer chez les enfants des compétences dans l'étayage de la lecture, de l'écriture et de la communication orales », explique Graziella Deleuze, qui enseigne à la Haute École de Bruxelles.
« Lorsque j’aborde n’importe quel problème de langue, de technique narrative, de style, de variation linguistique ou encore de didactique, j’élabore des exercices à partir des auteurs belges que j’ai eu le plaisir de lire, précise Irène-Marie Kalinowska, qui enseigne aux futurs AESI dans la même école. Je considère en effet essentiel de proposer aux futurs professeurs de français des pistes d’action permettant de réfléchir avec leurs futurs élèves aux racines culturelles, symboliques, imaginaires, réelles et littéraires ».
Sylvie Bougelet, de la Haute École libre mosane, précise qu’en 1re année, les futurs AESI suivent un cours de 45 heures centré sur la littérature de jeunesse. Et lisent notamment les ouvrages du Prix Farniente. En 2e, au cours de didactique, ils lisent et exploitent les livres d’un auteur ensuite accueilli en classe.
« En 2e, je fais lire des extraits, notamment d’auteurs belges, et j’apporte des ouvrages en classe, explique Viviane Deprêter, qui enseigne à l’implantation de Braine-le Comte de la Haute École libre du Hainaut. Je parle de la collection Espace Nord et je montre un exemplaire de dossier pédagogique. Au cours didactique générale de la lecture littéraire, en 3e, j’amène une valise littérature belge pour montrer la variété des ouvrages pour la jeunesse ».
Des cours spécifiques
Certains vont plus loin. Eléonore Quinaux (Haute École Paul-Henri Spaak, à Nivelles) : « Je donne un cours de littérature belge des 20e et 21e siècles en dernière année. Pour l’examen, mes étudiants doivent produire des ateliers autour d'une œuvre belge de leur choix ».
Marie-Christine Duchêne (Haute École Robert Schuman, à Virton) a aussi créé un cours spécifique d’Histoire de la littérature belge de langue française, en Bac 3, où elle retrace l’histoire de Belgique, en parallèle avec les grands courants littéraires et les auteurs qui les ont marqués.
(1) http://www.gallilex.cfwb.be/document/pdf/26112_000.pdf
Peu de demande en formation continuée
En formation continuée, on ne trouve guère de formation spécifique sur la littérature belge. « Faute de demande significative », expliquent les opérateurs. Cela n’empêche pas des auteurs belges de s’y faufiler. « Dans une formation aux récits sur le passé, nous avons inclus des extraits de l’œuvre de Charles De Coster et de Nadine Monfils », explique Claude Marion, formatrice au Centre d’autoformation et de formation continuée.
Francis Littré, du Service Formation de la Fesec, précise que les modules centrés sur le roman contemporain ou sur les rapports entre littérature et cinéma (pour les professeurs de français du 3e degré) laissent place à certaines œuvres de littérature belge.
L’Institut de la Formation en cours de Carrière (IFC) proposera une formation en lien avec le plan Lecture annoncé par le Gouvernement (lire « Un plan Lecture »). Les formateurs mettront en évidence l’action « Écrivains en classe ».
Enfin, en avril 2016, l’Association belge des Professeurs de français co-organisait avec l’IFC et Espace Nord une journée de formation sur la littérature belge et son fonds patrimonial dans une perspective pédagogique à partir de la collection de cette maison d’édition. Vu les attentats bruxellois, elle a été reportée au 18 novembre 2016.
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