Magazine PROF n°2
Dossier Mythes et réalités de l’immersion
Tous dans le même bain ?
Article publié le 01 / 06 / 2009.
La méthode convient-elle à tous ? Renforce-t-elle les inégalités ? Un débat interminable. Éclairages.
Rudy Wattiez, secrétaire général de Changements pour l’égalité, l’affirme: « L’immersion est un outil de sélection sociale et de concurrence entre écoles. Les résultats en langues, pas moins bons que dans d’autres matières, ont servi de prétexte à jeter la pierre à l’enseignement traditionnel et à foncer dans l’immersion. Cet apprentissage doit être un vrai projet de société donnant les mêmes chances à tous ». Spécialiste de l’immersion à la FESeC, Mary Chopey réplique : « Ce n’est pas la méthode qui est élitiste, mais son organisation. Quoi de plus démocratique que de former dans le cadre gratuit de l’école des citoyens ouverts, avec des compétences communicatives ? »
En 2006, un rapport d’inspecteurs notait, sur base d’une enquête dans six athénées, que l’immersion réunit des familles socialement diversifiées, aux aspirations élevées pour leurs enfants. Une enquête au Canada indique, elle, que la méthode est choisie majoritairement par des parents bilingues, instruits, aux revenus supérieurs, privilégiant les apprentissages précoces et sûrs que le bilinguisme assurera un meilleur emploi à leurs enfants.
Aucun projet dans l’enseignement qualifiant
Y a-t-il une sélection des élèves ? « Avant d’inscrire un enfant, nous nous assurons du bon niveau de compréhension du français et nous discutons avec les parents », confie Vincent Sterpin, responsable du 1er degré à l’Institut Saint-Louis, à Bruxelles, une des quinze écoles en immersion parmi les 195 établissements en discrimination positive. Aucun projet n’a débuté, par contre, dans l’enseignement qualifiant, alors que le décret de 2007 y rendait possible l’immersion qui ne l’était pas auparavant. L’Institut Félicien Rops, à Namur, y a renoncé cette année, faute de demandes. Enfin, l’immersion convient-elle à des enfants de minorité ethnolinguistiques ? « À condition que l’on garantisse aussi la valorisation de la langue maternelle de l’enfant, soit par le milieu familial, soit par l’école », note Alain Braun, docteur en sciences de l’éducation à l’Université de Mons.
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