Magazine PROF n°34
Dossier Le passage en secondaire : rupture ou transition ?
Un seuil à franchir pour grandir
Article publié le 01 / 06 / 2017.
Les témoignages d’enfants de 6e primaire qui ouvrent ce dossier et ceux des élèves de 1re secondaire qui alimentent ces pages le montrent : le passage marque une transition importante.
Cette transition du primaire au secondaire n’est évidemment pas la seule qu’a vécue et que vivra l’élève. De la 3e maternelle à la 1re primaire, de la 3e à la 4e secondaire et de l’enseignement secondaire au supérieur : autant de virages pas toujours faciles à négocier. Mais les chiffres (lire en pages 22-23) et les enquêtes le montrent : si la plupart des élèves vivent bien leur montée en 1re secondaire, un certain nombre d’entre eux rencontrent des difficultés.
Qu’est-ce qui marque pour l’enfant ce passage de la 6e primaire à la 1re secondaire qui peut être source de difficultés ? D’abord, une addition de changements. Cela peut être une plus grande distance entre l’école et le domicile. Et des bâtiments plus vastes avec des locaux spéciaux, nécessitant de se déplacer avec son matériel. C’est aussi le passage d’une équipe pédagogique réduite (un instituteur et des maitres spéciaux) à une équipe pédagogique plurielle : un plus grand nombre d’enseignants auxquels s’ajoutent des éducateurs, du personnel administratif… Autant de personnalités et d’exigences auxquelles il faudra s’adapter. S’ajoutent un horaire plus strict, découpé en séquences bien différenciées, et une gestion plus complexe des documents et des tâches à domicile. Sans oublier un statut de « bleu » au sein de l’école…
Autant d’habitudes nouvelles que les élèves ne vivent évidemment pas de manière radicale et universelle. Un exemple parmi d’autres : certains, gagnant l’implantation secondaire qui jouxte leur école primaire, ont déjà acquis des repères topographiques, organisationnels, culturels …
D’autres changements concernent les méthodes de travail : d’autres consignes données par l’enseignant pour le travail, l’exigence d’être plus autonome et de planifier son travail. Au niveau des pratiques de classes, l’enseignant peut avoir d’autres exigences et utiliser une terminologie dont l’élève n’est pas coutumier.
Du niveau réel au niveau supposé
Christian Host, professeur de mathématiques et conseiller pédagogique, le souligne (1) : les instituteurs mènent leurs élèves à un niveau déterminé par les socles de compétences à atteindre pour l’obtention du CEB. Mais à l’entrée du premier degré, les enseignants ont, vis-à-vis des élèves, un niveau d’attentes qui repose sur le niveau supposé atteint par les élèves en sortant du primaire. Cette représentation, différents facteurs l’influencent : leurs souvenirs par rapport à leur propre histoire scolaire, leurs conceptions du rôle du fondamental par rapport aux exigences disciplinaires du secondaire, leurs conceptions de l’apprentissage, leurs représentations du métier et de leur rôle d’enseignants, leurs rapports à la discipline...
L’élève doit donc franchir un seuil correspondant à la différence entre le niveau atteint à l’entrée du secondaire et les niveaux attendus par les enseignants. Franchir ce seuil lié au niveau de connaissances de l’élève, à ses compétences, aux dimensions affectives, relationnelles, sociales,... n’est pas aisé. Mais c’est en apprenant à gérer ces ruptures que l’enfant grandit.
Car même si les enfants le vivent à des rythmes divers, l’entrée dans le secondaire signe le passage d’une école « de proximité » vers une école renvoyant à un univers pluriel, et marque vraiment le début de l’adolescence.
Et ce changement-là trouve un écho dans le passage d’une grande proximité entre l’école et les familles, qui caractérise souvent l’école primaire, à un éloignement spatial et une distanciation.
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