Magazine PROF n°40
Dossier Pilotage & contrat d'objectifs
L’appétit vient en mangeant
Article publié le 07 / 12 / 2018.
Chaque étape de l’élaboration d’un plan de pilotage est un moment-clé. Illustration à l’ICES de Quaregnon
L’Institut communal d’enseignement secondaire de Quaregnon (ICES) s’est lancé dans le processus en mai. La directrice, Sabine Delvallée, a invité tout le personnel enseignant, « car c’est à eux de déterminer ce qu’ils veulent pour l’école ». Objectifs : informer et organiser la démarche.
Pour préparer le plan de pilotage, Mme Delvallée souhaitait constituer un groupe de travail intermédiaire représentatif des différentes composantes de l’école : types d’enseignement, degrés et implantations. Il s’est trouvé que l’appel à volontaires a d’emblée permis de rencontrer cet équilibre.
L’équipe comprend donc douze membres (onze professeurs et un éducateur), formés en binômes capables de s’épauler et de se compléter, et qui travaillent avec la directrice et la sous-directrice. Des conseillers pédagogiques du réseau (CPEONS) et une représentante du CPMS sont systématiquement associés aux réunions.
Se familiariser avec le pilotage
L’équipe porteuse du plan de pilotage s’est frottée à un premier exercice dans le cadre d’une réunion consacrée à l’état des lieux de l’école par rapport aux quinze thématiques sur lesquelles des actions stratégiques peuvent être entreprises ou poursuivies. « Cela a pu rassurer les enseignants de constater que l’école menait déjà des actions dans bon nombre de domaines », commente Mme Delvallée.
Lors d’une étape suivante, en septembre, des représentants de l’équipe ont participé à une journée de formation en interréseaux de l’Institut de Formation en cours de Carrière (IFC) pour les équipes porteuses du dispositif de pilotage. L’ICES l’avait d’ailleurs accueillie en ses murs.
Après une partie informative sur le contenu du décret, les deux formateurs ont consacré l’essentiel du temps à la dimension participative du plan de pilotage. Pourtant, la première partie en a laissé plus d’un songeur. « Nous, on n’est pas des chefs d’établissement, on est des professeurs. On n’a pas le bagage pour analyser des indicateurs ». On lira plus loin que ce bagage peut s’acquérir…
Échanger pour changer
Dans la partie consacrée par l’IFC au travail collaboratif, on pointera un thème particulièrement intéressant, Qui sommes-nous ? Que ne sommes-nous pas ?, portant sur l’identité du groupe porteur. Il s’agit de pouvoir se positionner, comme membres d’un groupe de pilotage, vis-à-vis de l’ensemble de l’équipe éducative, en toute transparence.
Les représentants des deux écoles participant à la formation se sont réunis séparément pour réagir aux deux questions. La mise en commun a révélé des convergences évidentes. Exemples : nous ne sommes pas là pour imposer notre vision des choses, décider, détenir une autorité… ; nous sommes là pour être au service du changement, être à l’écoute, relayer, etc.
L’équipe porteuse du plan de pilotage de l’ICES s’est ensuite retrouvée, en octobre et en novembre, autour des indicateurs et des informations issues du questionnaire miroir (lire en page 19).
À l’ordre du jour de cette dernière réunion, qui s’est tenue en présence de la représentante du Service de l’enseignement de la Ville, Nancy Pochez: analyse des indicateurs, arrêt sur les causes pouvant expliquer les forces et faiblesses que les indicateurs traduisent. Bref, établir un « diagnostic » pour déterminer trois à cinq objectifs spécifiques prioritaires pour l’établissement. Et dernier point, organiser la suite des travaux.
Les participants avaient reçu les indicateurs à l’avance. Mme Delvallée commence par les inviter à faire part de ce qui les a interpellés, en commençant par les points faibles. L’exercice est fait sans complaisance et le tour de table aboutit rapidement à un consensus sur les priorités à établir.
Le travail se poursuit sur les causes sous-jacentes, les freins et les leviers. La directrice cadre : l’objectif est de ne pas laisser une tendance négative se creuser, quelle que soit l’importance des freins. Et de travailler dans un cadre d’actions réalisables, en s’attaquant à des causes sur lesquelles l’établissement a prise directement.
Quant aux phénomènes que les indicateurs traduisent, Mme Delvallée ne s’en dit pas vraiment surprise : « J’en avais des impressions. Maintenant, le nouveau système permet d’objectiver les ressentis et de suivre les évolutions ».
Établir un diagnostic
Le diagnostic d’un établissement est confidentiel. Les thématiques par lesquelles des actions peuvent être menées, par contre, sont communes à toutes les écoles. Les mots les plus fréquemment cités auront été : travail pédagogique collaboratif ; implication des élèves… et des parents ; orientation ; place de la lecture.
Les échanges amènent la directrice à rechercher une meilleure collaboration avec les écoles primaires de l’entité. « Certaines de ces écoles travaillent aussi à l’élaboration d’un plan de pilotage. C’est l’occasion… » La présence de Mme Pochez est précieuse : étant également référente PO des écoles fondamentales dans le cadre des plans de pilotage, elle pourra se faire l’écho des difficultés rencontrées dans les deux niveaux d’enseignement, primaire et secondaire, et faciliter autant que possible la collaboration entre eux.
Au cours des deux journées pédagogiques programmées à partir de janvier, le travail sur le diagnostic sera présenté et débattu avec l’ensemble de l’équipe éducative. Suivra un travail sur les actions à mettre en œuvre, mené en petits groupes. Les enseignants de l’équipe porteuse accompagneront les sous-groupes. Ils ne seront pas trop de douze…
Monica GLINEUR
Fiche d'identité
Institut communal d'enseignement secondaire de Quaregnon
Deux implantations
Enseignement général, technique et professionnel
628 élèves
Environ 85 enseignants
Du temps, et de la formation
La dynamique « plan de pilotage » nécessite du temps, et de la formation. Les enseignants qui y sont impliqués peuvent d’ailleurs bénéficier d’un quatrième jour de formation annuelle.
Avant l’entrée de leur école dans la dynamique, les directions suivent un plan de formation concerté entre réseaux et « inter-réseaux » : l’IFC cible le « pourquoi », le sens de la nouvelle gouvernance (1), les réseaux le « comment ».
Chaque réseau a mis au point une offre de formation destinée aux équipes qui se lancent dans la dynamique. Leurs Service ou Cellules de conseil et de soutien pédagogiques ont été renforcés pour l’occasion.
Le CECP, par exemple, propose trois journées consacrées à l’élaboration du plan de pilotage, mais « ses » écoles peuvent opter pour une autre formule.
Par ailleurs, une cinquantaine d’établissements ont opté pour un dispositif de formation proposé par l’IFC aux écoles qui organisent habituellement des « formations collectives ». Il prévoit quatre jours de formation. Le premier jour, l’IFC réunit plusieurs équipes porteuses. Les deux jours suivants, chaque équipe porteuse mobilise l’équipe de son école. Le quatrième jour, l’IFC réunit à nouveau les équipes porteuses.
(1) Lire « Florence Gautier : Nous sommes à un moment clé de l’évolution de l’école ».
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