Magazine PROF n°42
Dossier Jeux vidéo & pédagogie
Le diagnostic numérique
au service du pédagogique
Article publié le 07 / 06 / 2019.
L'Institut provincial d'enseignement technique et professionnel de promotion sociale, à Farciennes, dispose de différents systèmes diagnostiques pour évaluer les mises en situation des étudiants des sections du transport et du paramédical.
Un apprenant conduit un véhicule en circuit réel, accompagné par son formateur et d’autres apprenants. Une caméra le filme, une autre filme la route, les dialogues sont enregistrés, de même que les roulis et tangage du véhicule, et le formateur pointe sur une tablette les événements à commenter.
« Cette simulation est réelle, explique Pierre Flament, directeur de l’IPETPPS. Elle ne peut être arrêtée et nécessite du formateur un sens de l’anticipation pour prévenir le conducteur d’un danger ».
Dans un local qui représente une chambre d’hôpital, deux aides-soignantes font le lit d’un patient. Ces apprenants sont filmés et enregistrés. Dans la pièce voisine, le formateur – et la classe - observe, peut intervenir par interphone et actionne des captures d’écran de moments à évaluer. Pour M. Flament, « cette simulation est créée. Ce n’est pas possible en stage. La cession des droits à l’image est trop difficile ».
Avant la séquence, les formateurs imaginent des scénarios pédagogiques : un circuit aux difficultés choisies qui s’ajoutent aux imprévus de la circulation ; une pratique de soin aux critères listés, qui la valident, communiqués aux élèves.
Après, les apprenants se retrouvent en débriefing. Ils revoient sur écran la séquence ou les points sélectionnés par les formateurs. « L’apprenant s’auto-évalue, explique M. Flament. Le formateur donne ses commentaires, de même que ses pairs ». Cela implique davantage chacun pour verbaliser les compétences maitrisées et celles à revoir, voire planifier des stratégies pour y arriver.
« Auparavant, le conducteur réagissait comme un robot aux indications du formateur et n’avait qu’une évaluation en direct, ajoute M. Flament. Aujourd’hui, il mobilise davantage ses ressources, avec un formateur plus en retrait. L’aide-soignante fonctionnait dans un local à 20 lits. La relation actuelle est plus intime. L’apprentissage est repensé, plus varié et mieux évalué. De plus, les vidéos sont téléchargeables ».
Motivées par l’outil, les enseignantes paramédicales imaginent déjà d’autres scénarios pour les prochains cours et le professeur de communication aimerait l’utiliser. « En transport, ajoute M. Flament, les formateurs n’ont pas nécessairement une formation pédagogique. Ils entrent plus difficilement dans le système qui les force à dialoguer davantage avec le groupe. À moi de les convaincre… »
Une autre difficulté ? « Une fois le matériel livré, trek je plan. Les équipes pédagogiques l’ont expérimenté avant de rédiger leur propre matériel d’utilisation ».
Ces systèmes, imaginés pour améliorer l’évaluation, sont financés en partie (10000€ pour le car, 7000€ pour la chambre) par un projet École numérique. S’agit-il de jeux vidéo ? Peut-être pas, mais on retrouve ici les éléments de la pédagogie vidéoludique : du jeu pensé dans un parcours pédagogique où intervient la technologie, accompagné d’une verbalisation des résultats.
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