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Magazine PROF n°49

 

Dossier Le chemin de l'école en mode "durable"

Déplacements scolaires : on active...

Article publié le 26 / 03 / 2021.

Beaucoup d’écoles souhaiteraient développer des projets amenant les élèves à faire le trajet « maison-école » autrement qu’en voiture. Il y a des obstacles, mais aussi des solutions. Exemples dans ce dossier.

La dernière enquête Monitor sur les pratiques de mobilité des Belges indique que la voiture, avec 61 %, représente toujours la part dominante de leurs déplacements. Un (petit) mieux que les 67 % de l'enquête Beldam de 1999, à relativiser car les chiffres enregistrés en 1999 avaient montré un bond spectaculaire de l’usage de la voiture par rapport à 1991. Et notamment pour les déplacements scolaires, qui continuent à contribuer au trafic (lire l'infographie ci-dessous).

Le trajet domicile-école représente 10 % des déplacements

Selon l’enquête MONITOR, réalisée en 2017, 61 % des déplacements s’effectuaient en voiture, comme conducteur (45 %) et/ou passager (16 %). 10 % des déplacements concernaient le trajet domicile-école (Source : Enquête MONITOR sur la mobilité des belges)
Selon l’enquête MONITOR, réalisée en 2017, 61 % des déplacements s’effectuaient en voiture, comme conducteur (45 %) et/ou passager (16 %). 10 % des déplacements concernaient le trajet domicile-école (Source : Enquête MONITOR sur la mobilité des belges)
© FWB/PROF

Encourager la marche ou le vélo

Christine Heine, de la Direction Mobilité et Sécurité routière du Service public régional de Bruxelles (SPRB), souligne en effet qu’entre 1991 et 1999, dans la capitale, l’usage de la voiture pour les déplacements scolaires avait bondi de 32 à 60 % pour les écoliers du fondamentale, et de 13 à 26 % pour les élèves du secondaire.

Ce doublement, en une petite décennie, avait convaincu la Région, après s’être lancée dans les Plans de déplacements d’entreprise (1), de proposer aux écoles d’élaborer des Plans de déplacements scolaires (PDS). « L’objectif, explique Mme Heine, était d’encourager la mobilité durable, au niveau éducatif, en y intégrant la dimension de la sécurité routière. Et la question infrastructurelle.»

« Dès le début des PDS, en 2006, on a par exemple fourni des parkings vélos aux écoles. On a lancé des campagnes de sensibilisation, notamment vers les parents ; et développé l’appui pédagogique. Ce n’était pas notre mission de base, mais c’est en actionnant tous les leviers qu’on peut changer la mobilité. »

Avec un bilan que Mme Heine qualifie de positif (2), mais encore insuffisant. « Le Plan Good Move (nom du Plan régional bruxellois de mobilité 2020-2030) indique que pour les petites et moyennes distances, d’un ou deux arrêts en transports en commun, il faut encourager les modes actifs (marche ou vélo), ce que les jeunes ne font pas. »

Sensibiliser, expliquer, impliquer

Mêmes considérations en Wallonie sur l’importance de privilégier les alternatives à la voiture, avec la vision Fast 2030 (nom donné à la Stratégie régionale wallonne de mobilité). Pour Bénédicte Vereecke, attachée à Wallonie Mobilité au sein du Service public de Wallonie (SPW), « sensibiliser, expliquer, impliquer…, sont des préalables à toute modification des comportements de mobilité ».

D’où l’importance de l’éducation et d’« imbriquer les aspects mobilité et sécurité routière, qui sont liés entre eux et liés
à des enjeux environnementaux, de santé, de citoyenneté… C’est donner des compétences et amener des réflexions sur le partage de l’espace public, l’aménagement du territoire, la qualité de l’air, la pollution sonore… »

C’est dans cette logique que la Région de Bruxelles-Capitale, la Région wallonne, et la Fédération Wallonie-Bruxelles, ont conclu un accord de coopération visant à favoriser le développement de l’Éducation à la mobilité et à la sécurité routière (EMSR) à l’école.

La dernière circulaire de la Fédération Wallonie-Bruxelles prise en application de cet accord (circulaire 7843, www.enseignement.be/circulaires) rappelle les outils existant pour développer des projets et des séquences d’apprentissage d’EMSR avec les élèves. L’EMSR, souligne la circulaire, « peut aussi être un moyen de motiver les élèves, de traiter des thèmes disciplinaires autrement et de contribuer à la citoyenneté participative ».

Les porteurs de projets témoignant dans ce dossier montrent bien que l’ESMR doit se développer en tenant compte de l’inscription de l’école dans son environnement, et être appropriée à l’âge des élèves. Et que cette éducation à la mobilité et à la sécurité routière s’appuie sur les mêmes grands principes, de la maternelle jusqu’à la fin du secondaire, et si possible dans une dynamique d’ensemble promue par l’établissement.

Une question d’âge

Parmi d’autres finalités, l’EMSR apprend à se déplacer de manière autonome et responsable, dans le cadre des règles du partage de l’espace public. Mais cette autonomie, tant pour les trajets à pied, en vélo ou en de micro-mobilité (trottinettes…) ne s’acquiert que progressivement.

Selon les conclusions d’une étude, résumée par le trimestriel CeMathèque n°48 (3) : « En fonction de leur âge notamment, les enfants éprouvent des difficultés à appréhender les risques routiers. Jusqu’à 6 ans, la capacité d’un enfant à gérer son mouvement n’a pas atteint sa maturité. À partir de 7 ans, il accède à l’espace projectif et il commence à avoir une perception de la durée.»

« Avant 8 ans, il n’est pas apte à se déplacer seul dans la circulation. Vers l’âge de 8 ans, il est capable de gérer des mouvements simples. C’est seulement à partir de 10-12 ans qu’il dispose des compétences suffisantes pour évaluer des mouvements complexes et que les composantes psychomotrices impliquées dans la tâche de la traversée atteignent un niveau proche de celui de l’adulte. »

Mais c’est aussi à partir de l’âge de 12 ans et plus qu’on ne relâchera pas l’attention. Selon une analyse de l’Institut VIAS la veille de la rentrée 2020, c’est à 12 ans et à 16 ans que le risque d’accident sur le chemin de l’école se révèle statistiquement plus élevé (4). Bruxelles Mobilité et Wallonie Mobilité proposent sur cette thématique des outils et des animations, en collaboration avec les zones de police et les services de prévention: Opération Cartable à Bruxelles et rubrique EMSR destinée aux écoles en Wallonie.

Obtenir l’adhésion des parents

Par ailleurs, aller à l’école ou réaliser des sorties scolaires à pied, en vélo ou en trottinette… c’est bon pour la santé physique des élèves, leur développement cognitif et leurs socialisation (lire Trop peu d’activité physique !). Comme l’indique le site de Wallonie Mobilité, parmi les difficultés à changer les habitudes de déplacements domicile-école, figure l’inquiétude des parents quant à l’insécurité due… au trafic.

« Un tiers des enfants du fondamental habite à moins d’un kilomètre de l’établissement scolaire et, dans ce cas, la marche ou le vélo ou même le covoiturage constituent des alternatives idéales à la voiture particulière », peut-on y lire. Mais si les moyens de déplacements alternatifs sont délaissés, la situation s’explique, poursuit le site, « par un sentiment accru d’insécurité ».

Cette crainte de l’insécurité liée au trafic est d’autant plus paradoxale que c’est au nom de la sécurité que la finalité des « zones 30 » aux abords des écoles est souvent contrariée. Trop de voitures s’y concentrent, faisant de la gestion des entrées et des sorties de leurs élèves un cauchemar pour certaines écoles.

Des comportements anarchiques (et interdits par le code de la route) s’y constatent : stationnement en double file, sur les trottoirs et passages pour piétons, moteur allumé en position d’arrêt… Malgré tout, une étude de VIAS montre
qu’il y a moins d’accidents de voiture impliquant des enfants dans ces zones. Mais « moins » est encore trop ! Améliorer l’efficacité de l’aménagement des abords d’école – et leurs alentours – en mettant les élèves à la tâche et en impliquant les parents, fait partie de nombreux projets d’écoles.

Parking de délestage, rues scolaires et autres solutions pour désembouteiller l’abord des écoles sont recommandables, et il y a moyen d’en convaincre les parents. Même si l’ASBL Tous à pied, qui se veut la voix des piétons, regrette que « la distance parcourue par un enfant seul a fondu comme le Groenland sous le regard des ours polaires. De 10 km pour un enfant de 8 ans en 1919 à moins de 300 mètres pour un enfant du même âge en 2007 » (5)

Travailler en partenariat

La cohésion de l’école est une donnée importante pour l’aboutissement d’un projet d’EMSR. Car chacun de ceux-ci, quelle que soit sa portée, nécessitera à un moment où à un autre de mettre plusieurs partenaires autour de la table. Des partenaires internes : direction, équipe pédagogique, élèves, parents. Et des partenaires externes : Commune,
Région, associations, dont les ASBL mandatées par les Régions pour accompagner les écoles.

Ces dernières sont unanimes : leur travail, c’est de se mettre autour de la table avec un enseignant ou une équipe pédagogique, pour les aider à concrétiser un projet, pas pour se substituer à eux.

Savoir « s’auto-auditer »

Pour changer de comportements à l’échelle d’une école, celle-ci doit partir d’un diagnostic: chaque situation présente des particularités, avec des points forts et avec des difficultés. Munie de ce diagnostic révélant les aspects
pour lesquels l’école ne peut pas agir, il sera plus facile de solliciter l’autorité compétente : « Ce serait bien de voir le cheminement vers l’arrêt d’autobus », « on pourrait créer un sentier piéton là », « élargir le trottoir là », etc.

Les formules des référent-e-s EMSR des établissements scolaires, en Wallonie, et celle des pré-diagnostics mobilité scolaire et des Plans de déplacements scolaires (PDS), à Bruxelles, sont à cet égard d’un apport précieux. Et assorties d’aides bienvenues. En Wallonie, une école qui comprend un.e référent.e peut participer à un appel à projets
annuel pouvant lui permettre d’obtenir une subvention pour des dépenses en lien avec ses projets EMSR : jusqu’à 1000€ au fondamental, et 2000€ au secondaire.

Dans les deux cas, l’enseignant-e doit avoir suivi une formation spécifique à l’Institut de la Formation en cours de Carrière (IFC) qui, il faut le souligner au passage, propose aussi d’autres formations en lien avec l’EMSR. À Bruxelles, les pré-diagnostics des établissements scolaires sont obligatoires. Si elles veulent s’engager plus loin, dans un Plan de
déplacements scolaires, les écoles bénéficient d’un accompagnement d’un an organisé par l’une des deux ASBL mandatées à cet effet par la Région, Coren ou GoodPlanet. Elles peuvent ensuite faire appel à des aides matérielles et financières chaque année scolaire, pour les aider à mettre en place des actions visant une mobilité plus active.

Les dispositifs wallon et bruxellois ont en commun de faire bénéficier les écoles participantes d’avantages particuliers : accès à des défis, partage d’informations… Quantité d’autres aides, animations et ressources pédagogiques existent, au profit de l’ensemble des enseignants et des établissements scolaires. Elles sont récapitulées dans la circulaire citée plus haut et sur www.enseignement.be/index.php?page=28195&navi=0&rank_page=28195.

Monica GLINEUR


(1) Les Plans de Déplacements d’Entreprise s’appliquent aussi aux établissements scolaires comptant plus de cent employés.
(2) En 2016, selon le bilan des pré-diagnostics et des Plans de déplacements scolaires (PDS), la part de la voiture a été ramenée à 38 % pour les trajets relatifs au fondamental et 17 % pour ceux du secondaire.
(3) Édité par le SPW – Mobilité et Infrastructures, La CeMathèque est un dossier thématique trimestriel de
30 à 40 pages abordant un sujet unique. Son n° 48 s’intitule Mobilité scolaire. Quoi de neuf ? mobilite.wallonie.be/home/centre-de-documentation/cematheque.html
(4) www.vias.be/fr/newsroom/chaque-jour-14-enfantssont-impliques-dans-un-accident-sur-le-chemin-delecole
(5) www.tousapied.be/articles/nos-enfants-ont-ilsperdu-le-droit-de-jouer-et-de-se-deplacer-librement
 

Trop peu d’activité physique

Selon les recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), dès l’âge de 5 ans, enfants et ados devraient consacrer 60 minutes par jour à des activités physiques d’intensité modérée à soutenue. Pour les plus petits, il faudrait 180 minutes d’activité physique, quelle qu’en soit l’intensité.

La dernière enquête nationale de consommation alimentaire a fait ressortir que seule la moitié des enfants âgés de 6 à 9 ans et le tiers des adolescents âgés de 10 à 17 ans atteignent ces recommandations.

Et l’OMS a publié récemment une étude montrant que 8 jeunes belges sur 10, âgés de 11 à 17 ans, sont en dessous de la moyenne recommandée.

M.G.

Trois objectifs

L’éducation à la mobilité et à la sécurité routière poursuit trois objectifs.

  1. Renforcer les capacités des élèves à se déplacer de manière autonome et responsable sur la voie publique, en tenant compte de leur sécurité et de celle des autres.
  2. Apprendre aux élèves à utiliser différents modes de déplacement dont la marche et le vélo, en théorie (code de la route, comportements anticipatifs…) et en pratique (exercices en milieu protégé et en situation réelle).
  3. Exercer les élèves à opérer les choix de mobilité les plus pertinents en fonction de leurs besoins, de leur contexte de vie et des enjeux de société (sociaux et environnementaux).

M.G.

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