Magazine PROF n°51
Dossier Rentrée 2021
Reprise scolaire dans les écoles inondées
Article publié le 13 / 09 / 2021.
Les écoles inondées n’ont eu qu’un mois et demi pour sauver leur rentrée des classes. Un exploit relevé, mais la reconstruction complète prendra du temps…
À quelques exceptions près, toutes les écoles touchées par les inondations ont pu accueillir physiquement les élèves le 1er septembre. Un exploit, quand on sait que 209 des 262 communes wallonnes sont admissibles au Fonds des calamités, et qu’un nombre important d’écoles ont été impactées.
Dès le lendemain du 15 juillet, en plein congé scolaire, directions, membres du personnel, parents, élèves…, sont sur place pour constater les dégâts et sauver ce qui peut l’être, déblayer, nettoyer. Intervient l’aide des services communaux et des pouvoirs organisateurs, qui centralisent aussi la remontée des situations de terrain.
Très rapidement, il apparait que les dégâts sont divers et d’intensité variable : mobilier, matériel didactique, équipements, infrastructures… Les formes d’aides qui se mettent en place sont publiques, mais aussi proposées par des mouvements bénévoles et citoyens, et par des organisations (1).
Témoignages de quelques écoles concernées et mêmes fils conducteurs : mobilisation et solidarité, course contre la montre et souci du bien-être des élèves en prévision de la rentrée.
Quand le bâtiment ne va pas…
L’état des bâtiments a été la question primordiale. À la Ville de Verviers, par exemple, ce sont trois écoles communales qui ont été impactées, ainsi qu’une classe dédiée au DASPA. Sophie Lambert, échevine de l’Instruction publique : « Pour l’une des écoles, il s’agissait d’inondations en cave, entrainant essentiellement des problèmes d’électricité et de chauffage. Le Service des travaux a fait le nécessaire. La classe de DASPA a pu être délocalisée dans un local communal. La situation était plus complexe pour les écoles d’Ensival et de l’Est, fortement touchées. »
L’option commune des acteurs de ces écoles était d’organiser la rentrée en restant dans leur quartier. Dans l’attente de l’installation de modulaires sur le site de leur cour de récréation et après analyses de stabilité et de qualité de l’air des deux bâtiments dans leur l’ensemble, on se serre un peu aux étages. Mais faute de place, les petits de maternel seront accueillis à la plaine des Tourelles en attendant de rejoindre également les modulaires jusqu’à la fin des travaux.
À la section maternelle du Collège Saint-Étienne, en Brabant wallon, c’est rapidement que le recours à des conteneurs est apparu nécessaire : il y a pour trois à six mois de travaux au bâtiment. Deux conteneurs, avec de grandes fenêtres, ont été loués, verdurisés, décorés et appelés « cabines magiques ». Sans pour autant enjoliver la situation, Cécile Rétif, directrice du niveau fondamental, l’assure : « Tout a été mis en œuvre pour que les enfants soient le moins impactés, voire pas du tout ».
Autre décor, l’Athénée Royal Verdi. Six sites, du fondamental et du secondaire, à Verviers et Pepinster. Les implantations de Verviers ont été sauves, ce qui leur a permis d’offrir des aides à des écoles ainsi que d’accueillir des activités de soutien aux sinistrés, comme s’en réjouit la directrice, Morgane Henrot.
À Pepinster, inenvisageable de réinvestir à court terme l’implantation fondamentale Piqueray, en bord de Vesdre. Les primaires occupent un bâtiment sur le site du secondaire, qui était en rénovation et avait lui-même été affecté, et cela grâce à une accélération de travaux. Les maternelles sont logées un peu plus loin, à l’implantation Pont-Robert, « miraculeusement sauvée ».
Le site du secondaire, lui aussi, connait la fermeture provisoire d’un bâtiment. Partout, il aura fallu faire preuve d’inventivité pour les cours de récréation, les salles de sport ou de psychomotricité…
Et le matériel ?
Toutes les écoles interrogées fonctionnent, dans un premier temps, avec le matériel dont elles disposent grâce aux dons et à l’entraide entre écoles. Au fur et à mesure – les dossiers assuranciels sont longs… –, elles rachèteront.
Et oui, cela coutera. Et non, tout n’est pas « rachetable ».
« On sait combien les enseignants passent de temps à créer leurs propres jeux, leur environnement, leurs journaux de classe, leurs thèmes… », dit Mme Rétif, pensant à ses institutrices maternelles, mais pas seulement.
Pour Mme Henrot, dont l’Athénée a une offre d’enseignement qualifiant (en électromécanique, notamment), la reconstitution des ateliers est un des points préoccupants : « Il faut des années et des années pour construire un atelier. On vient de faire un sprint, on a devant nous un marathon… »
Parler ce qui a été vécu
Au moment où elles ont été contactées, toutes nos interlocutrices se sont dites impatientes d’être à la rentrée. « On s’est mobilisé ensemble pour cela » ; « On a prévu une fête d’accueil » ; « Un point d’orgue à la solidarité qu’on a connue »…
L’évènement a été préparé en amont, et pas uniquement dans ses aspects matériels. Pendant la catastrophe, les contacts ont été maintenus avec les élèves et les familles. Aujourd’hui, ces écoles savent combien il sera important pour leurs élèves, au cours de l’année scolaire, de parler de ce qu’ils ont vécu. Et misent notamment sur le rôle des éducateurs et le concours des CPMS.
Monica GLINEUR
(1) Citons la Croix-Rouge et les Comptes Solidaires Écoles au sein de la Fondation Roi Baudouin dans l’organisation de récolte de dons (https://www.croix-rouge.be > Actualités et https://www.kbs-frb.be/fr/Activities/Calls/2021/20210325_IT_SRS) ou l’initiative de Taalunie (taalunie.org > Actueel).
Quels soutiens publics?
Plusieurs mesures ont été prévues par la Fédération Wallonie-Bruxelles pour permettre la continuité de l’enseignement.
Des avances de fonds sont accessibles aux écoles sinistrées, grâce au Fonds Écureuil. Les demandes s’introduisent jusqu’au 31 octobre via une plateforme électronique (circulaire 8204).
Le Gouvernement étudie également la mise en place d’un mécanisme de soutien plus structurel qui viendra en complément de l’intervention des assurances.
La Direction générale de l’Enseignement obligatoire (DGEO) a dressé un cadastre des écoles n’étant pas en mesure de reprise « normale » au 1er septembre. Un principe de souplesse a été retenu pour leur permettre de faire face aux difficultés. Un courrier leur a été envoyé, listant les solutions provisoires auxquelles elles peuvent recourir.
En outre, les écoles directement ou indirectement impactées ont été informées des mesures particulières en matière de comptage des élèves les concernant.
Par ailleurs, la Région wallonne a prévu des dérogations de permis pour des travaux urgents (installation de conteneurs…) et une amélioration circonstancielle de l’offre de transport scolaire est examinée.
M.G.
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