Magazine PROF n°54
Dossier Lutter contre le (cyber)harcèlement entre élèves
Brut(es) de décoffrage
Article publié le 03 / 06 / 2022.
Le Collège Saint-André d’Auvelais et le Brocoli théâtre collaborent à nouveau et présentent Brut(es) de décoffrage. Le harcèlement mis en scène, par des jeunes, pour des jeunes.
C’est un jeudi matin pas comme les autres : le soleil printanier inonde les rues du centre de Bruxelles, les oiseaux chantent, le code jaune permet de remplir les salles de spectacle et, surtout, les sourires ne sont plus masqués. Le théâtre sans les émotions visibles sur les visages des spectateurs, c’est comme des frites sans sel ou un baiser sans moustache. Il y a un manque !
Peu à peu, l’Espace Magh se remplit de grands ados venus voir un spectacle joué par des jeunes pour des jeunes.
Sous la houlette de leur prof d’art dramatique, Michel Nolevaux, etn avec la complicité du Brocoli, les jeunes rhétoriciens reprennent cette pièce traitant du sujet délicat du harcèlement.
Naissance des brutes
Brut(es) de décoffrage est né il y a 4 ans de la plume de M. Nolevaux. Pendant tout un trimestre, l’enseignant d’art dramatique a collecté les témoignages d’élèves et a créé avecceux-ci les prémices de cette pièce. Ensuite, Gennaro Pitisci, directeur et metteur en scène du Brocoli, a retravaillé le texte. Il s’agit d’une vraie collaboration entre le monde de l’école et le monde du spectacle (1).
Pendant 40 minutes se succèdent une série de tableaux illustrant diverses situations de harcèlement : de rue, sexuel, scolaire, familial, au travail, ou cyber…
Interpellant quand on sait que ces scènes sont basées sur des faits réels. Brut(es) a été inspiré et joué une première fois par les rhétoriciens des promotions précédentes. Sa reprise par d’autres jeunes qui lui apporte une dimension différente : ils amènent leur vécu, leurs expériences et leurs sensibilités. La pièce est donc ni tout à fait la même ni tout à fait une autre.
Si le sujet est lourd, pesant, sans langue de bois, appelant un chat un chat, il est traité avec humour et dynamisme.
Quand le harcèlement pose question
Après le spectacle, le jeune public a la possibilité de réagir, d’interroger les comédiens et comédiennes. Des échanges libres et sans filtre, mais « encadrés » par une personne formée sur la question. Lors de cette représentation, Yamina Zaazaa, du Centre de Prévention des Violences conjugales et familiales de Bruxelles « modérait » les débats et rappelait la loi. Depuis que le Brocoli et le Collège Saint-André collaborent, ils ont touché plus de 100 000 élèves ! Ils essaient de sensibiliser les jeunes, de libérer la parole, de leur faire prendre conscience des impacts du harcèlement sur la victime et sur son entourage.
Lors de ce moment d’échange, une des jeunes comédienne soulève deux problématiques :« Pourquoi n’y a-t-il pas de statistiques concernant le harcèlement en Belgique ? » et « Pourquoi les sanctions sont-elles si peu conséquentes ? »
Le débat se poursuivra une bonne heure. Les réactions fusent et dépassent le cadre du harcèlement : violences verbales, propos sexistes, questions du consentement, des images de la féminité/masculinité, aspects évolutifs du harcèlement, importance de trouver une écoute, ou de déposer plainte…
En quittant la salle, on sentait que les jeunes auraient aimé débattre encore un peu, échanger, témoigner de leur vécu et que des questions restaient en suspens.
Hedwige D’HOINE
(1) www.theatre-action.be/compagnie/brocoli-theatre (Onglet Agenda). Une représentation à Bruxelles est prévue le 29/11; un calendrier des représentations pendant l’année scolaire 2022-23 sera publié.
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