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Magazine PROF n°24

 

Dossier Écoles & CPMS, partenaires privilégiés

Le projet Odyssée accroche les élèves

Article publié le 01 / 12 / 2014.

Odyssée, le dispositif interne d’accrochage scolaire de l’Institut Cardinal Mercier, à Schaerbeek, place l’élève en décrochage au centre d’une collaboration entre différents partenaires.

L’Institut Cardinal Mercier, à Schaerbeek, scolarise 750 élèves dans les filières générale et qualifiante. L’école organise un premier degré différencié et un dispositif d’accueil et de scolarisation des élèves primo- arrivants. Devançant d’un an la possibilité offerte par la loi, l’institut propose un dispositif interne d’accrochage scolaire (DIAS) depuis 2013-2014. Explications avec Laura Sessolo (directrice), Catherine Bodart (assistante sociale au CPMS libre de Woluwe1), et Hind Benamar, qui assure avec un autre enseignant la coordination du DIAS.

PROF : D’abord, pourquoi avoir créé ce DIAS ?
Laura Sessolo :
L’année dernière, une croissance de 10 \% de notre population scolaire nous a valu des moyens financiers supplémentaires. En concertation avec le CPMS et l’équipe éducative, nous avons décidé de les consacrer à réduire l’absentéisme et le décrochage des élèves. D’abord, nous avons dégagé 16 périodes/professeur par semaine (dont 8 pour le premier degré) pour gérer un service d’accrochage interne.

Cette année, vu le succès rencontré, nous avons renforcé cette structure appelée désormais dispositif interne d’accrochage scolaire (DIAS). Nous y consacrons 12 périodes/professeur hebdomadaire pour le premier degré et 10 périodes pour les deux autres degrés. L’idée est de prévenir le décrochage scolaire et de construire un projet porteur avec le jeune.

Un espace neutre

Comment les repère-t-on, ces élèves ?
L. S. :
Le préfet joue un rôle-pivot. Lors d’une entrevue hebdomadaire, il me signale les élèves exclus temporairement des cours, dont les absences répétées interrogent… On leur propose de se rendre à la permanence du DIAS.

Hind Benamar : Ce DIAS a été aménagé dans un local situé en face de la salle d’étude, en dehors du passage habituel des enseignants. Afin d’offrir un espace de parole et d’écoute neutre, une bulle à l’élève et à ses parents. Avant que cela ne déborde… Là, parfois avec mon collègue, Lionel De Poix, je tente de cerner l’origine des difficultés de l’élève et cibler ce qui relève de la psychologue, de l’assistante sociale, de l’infirmière du CPMS, d’intervenants externes (service d’aide en milieu ouvert, service d’aide à la jeunesse,…) ou du DIAS.

Par exemple, un jeune qui avait un problème avec un enseignant a été orienté vers le médiateur. Pour des élèves plus âgés, le décrochage peut trouver son origine dans une situation de précarité… Le conseil de classe et les membres de l’équipe éducative peuvent demander à la directrice, au préfet ou aux coordinateurs du DIAS qu’un élève bénéficie pendant un mois ou davantage d’un plan personnalisé. Cela signifie qu’il reste inscrit dans sa classe d’origine, mais qu’il peut, par exemple, effectuer des stages d’immersion dans diverses formes et filières d’enseignement, dans des actions sociales, dans des activités destinées à accroitre la motivation, l’estime de soi. Il peut bénéficier de moments de prise en charge par un service externe,…

Catherine Bodart : Le CPMS assure une permanence de trois matinées par semaine dans l’école mais cela représente un volume horaire bien trop faible pour rencontrer quelque 350 élèves par an, parfois en grande difficulté. L’avantage de ce DIAS, c’est qu’il travaille en amont, remonte à la source de la difficulté du jeune et trie. Parfois, l’élève a simplement besoin d’un espace de parole. Ne l’oublions pas : les acteurs de première ligne, ce sont les enseignants.

L.S. : Dans la pratique, le DIAS travaille avec des phases-clé. Au début de l’année, cela tourne autour des (ré)inscriptions tardives : il s’agit de veiller à ce que l’élève retardataire gagne sa classe avec les informations et le matériel dont il a besoin. Ensuite viennent les problèmes d’orientation et, dès la fin du premier trimestre, le décrochage lié ou non à des problèmes disciplinaires.

C. B. : Les difficultés se concentrent dans le premier degré. Aux deuxième et ayu troisième degrés, s’il y a décrochage, il est souvent lié à des problèmes autres que scolaires, à une situation familiale compliquée… Les enseignants se sentent moins isolés

Quels sont les avantages de ce DIAS ?
L.S. :
Le grand avantage, c’est qu’il y a une procédure concertée, réfléchie, quelque chose de structuré que les enseignants connaissent. Ils se sentent moins isolés, moins démunis.

Lorsque le décrochage se manifeste par l’absentéisme, il est facilement détectable, du moins chez les jeunes élèves. Mais quand il prend la forme d’un désinvestissement mais que l’élève est là physiquement en classe, c’est moins facile.

Beaucoup d’enseignants se sentent peu formés pour gérer des situations de décrochage et doivent prendre en charge bien d’autres priorités. À moins qu’il ne s’agisse d’un changement radical dans le comportement de l’élève, il faudra parfois attendre le prochain conseil de classe pour que les enseignants mettent des mots sur la situation. Ici, la procédure est bien plus rapide ; les enseignants savent que l’élève qui perturbe le cours va être pris en charge rapidement. Un carnet de communication est à la disposition de tous au secrétariat : chaque partenaire – enseignant, éducateur, CPMS,… – peut savoir que l’élève a été entendu et prendre connaissance de l’aide qu’on lui a apportée. L’information est accessible à tous.

C.B. : Ce qui est très positif, c’est que le travail se fait en amont. Le problème se gère d’abord à l’école. S’il se dégage de l’entrevue avec le jeune un problème qui nécessite l’intervention du CPMS, nous prenons le relai. Cela permet aussi de consacrer davantage de temps (en partenariat avec la direction) à d’autres missions : l’orientation aux deuxième et troisième degrés, par exemple. Et à d’autres projets menés dans l’école dont nous discutons avec la direction lors de nos réunions trimestrielles. Ce qui met de l’huile dans les rouages, c’est une bonne communication et une définition claire du rôle de chacun.

L.S. : …Et ne pas savoir tout, tout le temps. Savoir transmettre le relai. En totale confiance. Le résultat : l’an dernier, grâce au dispositif mis en place, le taux de renvois a fortement chuté dans l’école.

Pourquoi a-t-on baptisé ce DIAS Odyssée ?
H.B. :
Pour montrer que la scolarité, pour certains élèves, n’est pas une longue ligne droite. C’est un chemin parfois difficile sur lequel nous essayons de les aider à prendre la bonne direction.