Magazine PROF n°36
Dossier Quand le théâtre entre en classe
Le théâtre pour délier les langues
Article publié le 11 / 12 / 2017.
À l’École communale de Bois-de-Lessines, An Dekeyser travaille avec une comédienne bilingue, Véronique Decroës, pour améliorer les compétences de ses élèves en néerlandais.
Trois élèves bombent le torse, tirent la tête vers l’arrière, arborent un sourire. « Trots ! » (fier), fuse une voix dans la classe. D’autres enfants baissent le regard... « Verlegen » (timide) devinent d’autres.
Un binôme bilingue
An Dekeyser donne les cours de néerlandais, d’éveil scientifique, historique et géographique et d’éducation artistique en 5e primaire à l’École en immersion de Bois-de-Lessines. De novembre à mai, sa classe bénéficie d’une dizaine d’ateliers théâtraux menés en néerlandais par la comédienne Véronique Decroës. « Je suis persuadée que l’on peut apprendre une langue par le théâtre, langage qui fait participer le corps, l’esprit et ajoute le plaisir du jeu », explique cette artiste francophone bilingue.
Le défi de la classe : raconter une histoire à la création de laquelle chacun participe et qui débouchera, en mai, sur un spectacle présenté aux parents et aux autres classes. Cela commence par un « laboratoire » où chaque élève va trouver sa place dans une dynamique de groupe. Au fil d’exercices d’expression, d’occupation de l’espace, de recherche de mots, de création de personnages, d’écriture de petits textes, des personnages prennent forme, le vocabulaire s’étoffe et l’histoire se dessine.
Ensuite, sur la base d’un thème choisi, la comédienne réunit toutes les pièces apportées par chaque élève pour assembler le puzzle qui sera le spectacle. La dernière étape est consacrée à la construction, l’apprentissage de textes, les répétitions et le coaching du spectacle qui, cette année, s’inspirera de La conférence des oiseaux, un recueil de poèmes médiévaux en langue persane publié par Farid Al-Din Attar en 1177.
C’est chouette, le néerlandais !
À chaque étape, l’enseignante est bien présente, corrigeant la prononciation, l’intonation des mots, encourageant les élèves durant les derniers mètres. « Les effets sont très positifs, explique Mme Dekeyzer. À travers le plaisir de jouer, les élèves osent parler une autre langue devant un public. Ils comprennent la nécessité de poser la voix, d’articuler, de parler correctement fort pour se faire comprendre. En 5e , les élèves ont appris à rédiger eux-mêmes, à participer à un travail de groupe et ils ont encore en eux beaucoup de fantaisie ».
« La réussite, c’est de les voir heureux et fiers sur scène, enchaine la comédienne. Chacun a été mis en valeur et s’est imprimé dans la tête : C’est chouette le néerlandais. J’ai le sentiment d’avoir semé des graines ».
Les élèves de 6e qui ont vécu l’aventure l’an dernier, sur le thème des arbres, ne démentiront pas. « C’est plus amusant que faire des exercices, assise en classe », note Camille. Et Maxence ajoute : « Ça donne plus envie d’apprendre. On a écrit une histoire nous-mêmes. On a appris à bien articuler, à parler fort, et aussi beaucoup de nouveaux mots pas faciles à prononcer, comme heurwilg (saule pleureur) et geneverbes boom (genévrier) ».
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