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Magazine PROF n°37

 

Dossier Se préparer aux aménagements raisonnables

Un partenariat école- parents- élève pour construire un projet scolaire adapté

Article publié le 30 / 03 / 2018.

Voilà une dizaine d’années que le Collège Sainte-Croix et Notre-Dame, à Hannut, propose des aménagements raisonnables aux élèves à besoins spécifiques des 2e et 3e degrés du secondaire. 

David (prénom fictif), 15 ans, en 3e générale au Collège de Hannut, souffre de troubles de la concentration. Un bilan neurologique l’atteste. Durant quatre ans, il a été suivi par une logopède pour dyscalculie et dyslexie. Les enseignants l’observent : malgré beaucoup de travail, David est démotivé, manque d’autonomie et de considération pour lui-même.

Sur cette base, les enseignants décident de mettre en place des aménagements raisonnables : ils veilleront à lui fournir des documents plus lisibles (des textes plus aérés, uniquement sur une face de la feuille, avec des caractères plus grands, des couleurs,…) Ils prendront l’habitude de reformuler clairement les énoncés et les consignes en phrases simples et courtes ; séquenceront la tâche à réaliser ; si nécessaire, ils la réduiront. Ils planifieront aussi le travail scolaire et lui laisseront du temps supplémentaire lors des évaluations et examens.

Des enseignants volontaires se sont formés durant deux ans

Voilà un exemple parmi d’autres du projet d’accompagnement des élèves à besoins spécifiques qui a débuté voici une dizaine d’années au collège. « Nous étions un peu lassés d’entendre aux conseils de classe des jugements hâtifs sur des élèves en difficulté, qui témoignaient d’une grande méconnaissance des troubles d’apprentissage », explique le directeur, Patrick Carlier.

« Nous avons alors proposé aux enseignants une journée pédagogique sur ce thème, animée par Martine Ghesquire, logopède psychomotricienne et licenciée en pédagogie. Puis, une vingtaine d’enseignants volontaires, des classes maternelles à la 6e secondaire, se sont formés durant deux ans. Ils ont réfléchi et construit des adaptations réalistes, pour chaque discipline et chaque niveau d’étude et partagé ensuite l’information à toute l’équipe éducative ».

Face aux difficultés d'un élève, Magda Lamproye peut s'adresser à Tatiana Faur, qui gère les partenariats mis en place au bénéfice des élèves à besoin(s) spécifique(s).
Face aux difficultés d'un élève, Magda Lamproye peut s'adresser à Tatiana Faur, qui gère les partenariats mis en place au bénéfice des élèves à besoin(s) spécifique(s).
© PROF/FWB

Un maillon entre l’élève, les parents et l’école

En outre, l’école consacre deux périodes à la gestion de partenariats pour les élèves à besoins spécifiques. « Je suis un maillon entre l’élève, ses parents et l’école, explique Tatiana Faur, professeure de français, chargée de cette mission.

« Au début de l’année, je contacte les parents pour discuter des difficultés rencontrées par leurs enfants dans certains cours (ou pour actualiser des  données communiquées auparavant). L’élève et ses parents sont invités à préciser si une prise en charge complémentaire (médicale, logopédique ou scolaire) a déjà été mise en place ».

« Le document précise aussi les adaptations envisageables (dans le cadre d’un problème médical, d’un trouble d’apprentissage ou d’un profil particulier) et l’engagement de l’école, des parents et de l’élève. Le partenariat s’appuie sur un bilan médical (ou ses conclusions) fourni par un spécialiste (neuropsychiatre, psychiatre, pédiatre, ORL...) ».

« Je communique à l’équipe éducative l’essentiel de ce document. Sur cette base, les enseignants, qui s’engagent évidemment à n'utiliser les données que dans un cadre professionnel, déterminent pour chaque élève des possibilités d'aides techniques et pédagogiques qui lui assureront un maximum d’autonomie. Si la difficulté de l’élève semble être de nature plus psychologique ou intrafamiliale, ils l’orientent vers le CPMS ».

Le partenariat pour élèves à besoins spécifiques précise les adaptations envisageables.
Le partenariat pour élèves à besoins spécifiques précise les adaptations envisageables.
© Tatiana Faur

« Les mentalités ont changé en dix ans »

Sur les 915 élèves de l’école, 85 peuvent ainsi bénéficier d’aménagements raisonnables. Le collège a notamment fait aménager une rampe d’accès pour permettre aux élèves à mobilité réduite de gagner le local de gymnastique, et placé des bandes réfléchissantes à l’extrémité des marches d’escaliers pour les malvoyants. « Mais le plus souvent, il s’agit d’aménagements pédagogiques : davantage de temps, documents adaptés, attention particulière… », précise le directeur. 

Tous les élèves ou leurs parents ne sollicitent pas un partenariat. Et s’il est accordé, certains jeunes ne souhaitent pas bénéficier d’aménagements raisonnables. Par peur de la stigmatisation. « Pourtant, affirme le directeur, les mentalités ont changé en dix ans. Autrefois, face aux troubles des apprentissages, c’était souvent le déni; les choses sont dédramatisées aujourd’hui ».

Et puis, les aménagements ne sont évidemment pas la panacée. M. Carlier : « Il faut voir les choses au cas par cas, se demander, en équipe, ce que l’on peut faire, jusqu'où on peut aller et réévaluer régulièrement la situation ».

« Face à un élève en crise, l’école n’attend pas de miracle. Notre pari, c'est de dépasser l'incompréhension mutuelle. Il ne s'agit pas de faire preuve de bienveillance complaisante vis-à-vis de l'élève, de brader la réussite, mais bien d'apporter une écoute et une compréhension face à ses difficultés. Il va ainsi apprendre comment faire autrement, comment contourner ses difficultés et comment faire avec ce qu'il est… » 

Catherine MOREAU

« Je sais à qui m’adresser »

« En formation initiale, je n’ai pas reçu d’informations sur les troubles d’apprentissages, regrette Magda Lamproye, qui enseigne l’anglais et le néerlandais au collège depuis septembre 2017. Mais en tant qu’ancienne élève de l’école, je savais que les élèves qui en souffrent bénéficient d’un accompagnement ».

« Dès le début de l’année, j’ai reçu des explications sur le partenariat mis en place. Le conseil de classe est un endroit privilégié de discussion et je sais à qui m’adresser en cas de difficultés d’un élève ».

« J’ai mis en place dans mes classes certains aménagements raisonnables : pas de documents recto/verso, du temps supplémentaire lors des évaluations… J’envoie parfois des courriels aux parents de certains élèves pour m’assurer que la consigne est bien comprise. Je vais aussi m’inscrire à une formation sur la pédagogie adaptée aux élèves porteurs d’autisme, proposée par l’Institut de la Formation en cours de Carrière. Et je lis également des ouvrages pédagogiques, notamment sur le droit à l'erreur, en tant qu’étape de l’apprentissage ».