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Magazine PROF n°18

 

Dossier Du bon usage de la commémoration

Faire cohabiter émotion et réflexion

Article publié le 01 / 06 / 2013.

Le 22 mai, des élèves du Collège Notre-Dame de Bonne-Espérance, à Estinnes, ont présenté le documentaire Le train des Mille. Pour que l’histoire ne déraille plus. Le fruit d’un projet construit avec leur professeure d’histoire, Anne Fachinat.

Une vingtaine d’élèves de 5e et 6e secondaire ont écrit le scénario de ce film en mai 2012, dans le Train des Mille. Ils revenaient alors, avec ceux d’autres écoles belges et étrangères, d’un voyage mémoriel vers l’ancien camp de concentration et d’extermination d’Auschwitz, à l’initiative de l’Institut des Vétérans, de la Fédération internationale de la Résistance et de la Fondation Auschwitz.

Avant de participer au Train des Mille, les élèves ont rencontré Simon Gronowski, qui a échappé à la déportation.
Avant de participer au Train des Mille, les élèves ont rencontré Simon Gronowski, qui a échappé à la déportation.
© Anne Fachinat

Le Train des Mille. Pour que l’histoire ne déraille plus est plus qu’un reportage relatant la préparation de ce voyage et la découverte de ces lieux de mémoire. Mêlant témoignages, images d’actualités, archives audiovisuelles et documents d’époque accompagnant des commentaires historiques, il conte le cheminement des élèves sur les questions, les émotions que soulève la Shoah. Les élèves y évoquent aussi les traces qu’ils garderont de cette aventure humaine. « Comment ne pas ressentir la souffrance de ceux qui ont laissé valises, jouets,… » s’exclame une élève devant cet amoncèlement d’objets dans une vitrine du Musée.

« Dès le départ, j’ai souhaité installer cette visite à Auschwitz dans un contexte historique solide, pour ne pas laisser toute la place à l’émotion – qui occupe une place centrale dans la motivation de ces adolescents. J’ai voulu aussi éviter le plus jamais ça moralisateur », explique Anne Fachinat, professeure d’histoire, à l’origine du projet.

Les élèves ont étudié la montée des fascismes et de l’antisémitisme durant l’entre-deux-guerres, la crise économique, l’arrivée au pouvoir des Nazis, la planification du génocide, la passivité des démocraties,… Ils ont rencontré l’historienne Anne Roekens, auteure de La Belgique et la persécution des Juifs (qui a détaillé le travail historique effectué au départ des témoignages, archives,…) et Simon Gronowski, dont L’enfant du 20e convoi raconte comment il échappa à la déportation. Une visite du Fort de Breendonck a aussi été organisée.

De son côté, Alix Tumba, professeure de religion, a travaillé sur les émotions, notamment au départ du film La Vague, histoire d'un professeur de lycée allemand qui, face à la conviction de ses élèves qu'une dictature ne pourrait plus voir le jour en Allemagne, décide de mettre en place une expérience qui tournera mal…

Interroger les témoins et les traces

Cette démarche historienne critique et rigoureuse, Mme Fachinat l’a mise en œuvre dans d’autres projets. En 2010, répondant à l’appel à projets lancé par l’Agers et par la RTBF après la diffusion des documentaires Apocalypse, elle a proposé à ses élèves de rencontrer quelques derniers témoins de la Seconde Guerre mondiale. Le court-métrage réalisé à cette occasion – Se résigner ou résister – a permis à sa classe de 6e secondaire de figurer parmi les six lauréats (1).

L’année suivante, comme l’association des anciens élèves avait décidé de restaurer le monument érigé à l’entrée de l’école à la mémoire des 18 anciens élèves morts durant la Seconde Guerre mondiale, l’historienne a chargé chaque élève de 6e de mener l’enquête sur un des noms inscrits sur le monument. « Un beau travail de recherche de sources. Les élèves sont allés consulter les archives du ministère de la Défense. Cette démarche a mis en œuvre des aptitudes diverses de questionnement, de raisonnement logique, de curiosité intellectuelle ». Tous ces fragments de vie ont été rassemblés dans un documentaire et présentés lors d’une exposition dans l’école.

Pour la commémoration de 14-18, un autre projet est en vue. Les traces, ce seront, cette fois, les carnets de deux soldats – un brancardier et un engagé volontaire à 18 ans – confiés à l’historienne par leurs descendants. « À partir de ces documents et d’autres objets, mes élèves pourront faire des recherches thématiques : comment s’organisait la vie dans les tranchées ? Quelles techniques utilisait-on pour soigner les blessés ? Ces recherches se complèteront par la visite du musée In Flanders Fields et par la rencontre avec un historien. Et elles aboutiront à la réalisation de panneaux thématiques présentés lors d’une exposition en 2014 ».

(1) http://www.enseignement.be/index.php?page=26224