Magazine PROF n°27
Dossier Mieux articuler enseignement, formation et emploi
L’alternance fait peau neuve
Article publié le 01 / 09 / 2015.
Contrat unique et plan de formation pour tous les apprenants, pilotage central,… Des changements en vue dans l’enseignement et la formation en alternance, dès cette rentrée.
Paysage. L’alternance combine formation pratique en entreprise et formation sur des matières générales et professionnelles. Elle s’organise dans les Centres d’éducation et de formation en alternance de l’enseignement secondaire qualifiant (43 CÉFA, qui en 2012-2013 comptaient 8896 élèves), et dans les centre wallon (Ifapme) et bruxellois (EFP/Sfpme) de formation en alternance des classes moyennes forment des apprentis et de futurs chefs d’entreprise.
Pilotage. Prévu pour ce dernier quadrimestre 2015, l’Office francophone de la formation en alternance (OFFA) coordonnera ces opérateurs et pilotera la formation en alternance en Wallonie et à Bruxelles.
Contrat d’alternance. Depuis septembre, les apprenants de 15 à 25 ans des CÉFA, de l’Ifapme et du Sfpme concluent avec une entreprise un contrat d’alternance pour une durée fixée en fonction de la durée de la formation pratique nécessaire. Ce contrat commun remplace des formules qui différaient selon les opérateurs et en fonction de l’âge, de la formation des jeunes et des possibilités de l’employeur. Concrètement, il remplace la convention d’insertion socioprofessionnelle, très utilisée dans les CÉFA, et le contrat d’apprentissage employé par les deux organismes de formation des classes moyennes. Mais le contrat unique ne supprime pas d’autres types de contrats, comme le contrat d’apprentissage industriel proposé, pour certains secteurs, aux apprenants des CÉFA.
Plan de formation. Au contrat d’alternance est annexé un plan de formation, sorte de « feuille de route » pour le jeune, pour son référent au sein de l’organisme de formation et pour son tuteur dans l’entreprise. Ce plan, élaboré par l’opérateur de formation en alternance en concertation avec l’entreprise, détaille le parcours individuel de l’apprenant. On y décrit ses compétences à l’entrée de la formation, ses titres, ses certificats… S’ajoutent les compétences à atteindre tant auprès de l’opérateur de formation qu’au sein de l’entreprise, conformément aux profils de formation produits par le Service francophone des métiers et des qualifications. On y trouve encore les objectifs de l’évaluation finale et les titres qu’il pourra acquérir en fin de parcours de formation.
Ce plan est découpé en trois ensembles d’acquis d’apprentissage qui correspondent à trois niveaux de compétences. Il précise aussi les engagements pédagogiques de l’entreprise et de l’opérateur de formation et prévoit des dispenses pour les compétences déjà acquises.
Bilan d’orientation. Il est organisé pour le jeune qui s’inscrit pour la première fois auprès d’un opérateur de formation. Et si des lacunes l’empêchent d’entrer au niveau minimal de la formation, il bénéficiera d’un programme de remédiation.
Rétribution. La rétribution des apprenants est unifiée. Trois montants sont fixés selon le niveau de compétences acquis et non en fonction de l’âge. Mais le jeune peut passer d’un seuil à un autre en fonction de la validation des acquis de son apprentissage.
Agrément. Dorénavant, toutes les entreprises doivent être agréées par l’opérateur de formation pour accueillir un jeune Elles doivent respecter certains critères : être en ordre au niveau des obligations fiscales et sociales, désigner un tuteur agréé par l’opérateur,…
Plus égalitaire pour les jeunes, plus visible pour les entreprises
Le but de cette réforme ? Faciliter les partenariats entre opérateurs de formation et entreprises d'accueil, en gommant les différences statutaires entre les jeunes. Mais aussi favoriser la mobilité des apprenants.
Actuellement, Ifapme et Sfpme délivrent, pour quelques métiers, un certificat de qualification correspondant à celui de l’enseignement. L’élaboration par le Service francophone des métiers et des qualifications d’un nombre croissant de profils de formation articulés aux profils métiers, et communs à l’enseignement et à la formation, va accélérer les choses.
Un jeune sorti précocement l’enseignement secondaire pourra reprendre sa formation en faisant reconnaitre des acquis d’apprentissage dans l’enseignement de promotion sociale, le CÉFA, l’Ifapme, le Sfpme… Et un apprenant de l’Ifapme pourra aussi aller décrocher le CESS dans l’enseignement de promotion sociale.
Il s’agit aussi de redorer le blason d’une filière parfois considérée comme une roue de secours. Un bilan à l’entrée et un accompagnement de l’apprenant dans le centre de formation et en entreprise devraient lui permettre de faire un choix positif et d’aller jusqu’au bout.
En toile de fond, le modèle allemand, où l’alternance accueille chaque année 500 000 nouveaux jeunes. Pierre Wéry et Alain Desmons, conseillers à la Fédération de l’enseignement secondaire catholique, en soulignent cependant des spécificités : la formation en alternance a une longue histoire chez nos voisins d’Outre-Rhin et bénéficie d’une vision très positive. « En Allemagne, c’est l’entreprise qui est l’opérateur principal de la formation en alternance, alors que chez nous l’école reste le maitre-d’œuvre, en lien avec l’entreprise », ajoutent-ils (1).
Reste que la mise en œuvre de ces changements représente des défis pour des opérateurs dont l’histoire est différente. Ifapme et Sfpme sont nés du développement, par les PME, de la formation sur le lieu de travail. Les CÉFA, eux, ont été créés pour offrir une alternative à des jeunes soumis à l’obligation scolaire, en leur donnant la possibilité de se former en entreprise et de bénéficier d’un accompagnement personnalisé.
Des défis aussi pour les entreprises… La désignation de tuteurs, par exemple. L’IFfapme et le Sfpme proposent des formations au tutorat en entreprise. Le Consortium de validation des compétences ayant établi un profil de certification, les tuteurs déjà formés pourront faire valider leurs compétences dans des centres agréés.
(1) « Alternance, Chez nous », dans Entrées libres, avril 2015, http://bit.ly/1HIfUB8
Des masters en alternance
Des masters en génie analytique, en gestion de la production, en gestion de services généraux et en gestion de chantier spécialisé en construction durable sont proposés depuis la rentrée académique 2011-2012 en collaboration avec trois hautes écoles. Un master en gestion de la maintenance électromécanique, co-organisé avec l’UMons, débute en 2015-2016. Les étudiants y acquièrent les compétences scientifiques et techniques, en partie en haute école, en partie en entreprise
Valider ses compétences, valoriser son expérience
On sait trop peu qu’il y a moyen de valoriser son expérience ou de valider ses compétences (1), dans la perspective de reprise d’études, de formation ou d’accès à l’emploi. Voici deux exemples concrets.
1. Simon, 19 ans, a abandonné l’école à 16 ans et travaillé chez un oncle électricien. Voulant reprendre une formation, il souhaite valoriser les compétences professionnelles acquises. Il réussit plusieurs épreuves de mises en situation professionnelle, reconstituées dans un centre de validation des compétences. Le voilà avec des titres de compétences (la maitrise d’une partie du métier) qu’il pourra faire lors de la formation qu’il entreprend. Ces titres étant reconnus par les trois Gouvernements wallon, bruxellois et communautaire, Simon peut choisir une formation d’Actiris, du Forem, de Bruxelles-Formation, de l’enseignement de promotion sociale, du Sfpme ou de l’Ifapme.
2. Son CESS en poche, Souad a travaillé six ans dans l’import-export., avant de se retrouver au chômage. Elle décide de reprendre des études supérieures de commerce extérieur. Un jury, dans l’enseignement supérieur, examine ses acquis et son expérience personnelle et professionnelle, et lui permet d’obtenir des dispenses. La valorisation des acquis de l’expérience permet donc à Souad de gagner du temps.
(1) http://www.valorisermonexperience.be et http://bit.ly/1DPxjNB
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