Magazine PROF n°10
Dossier Les défis de l’enseignement spécialisé
Intégration : des roses et des épines
Article publié le 01 / 06 / 2011.
En 2009, un décret a boosté l’intégration d’élèves à besoins spécifiques dans l’enseignement ordinaire. Quel bilan, quelles limites et quelles conditions favorables ?
Tous les élèves à besoins spécifiques, dans le spécialisé comme dans l’ordinaire, peuvent désormais recevoir l’aide de l’enseignement spécialisé (1). L’intégration existait déjà, mais depuis 2009, le nombre d’enfants concernés a fortement augmenté (lire notre infographie).
Quel bilan ? Chercheur à l’ULB, Philippe Tremblay a comparé, à l’aune d’un ensemble de critères, la qualité de l’inclusion (NDLR : un type d’intégration) d’élèves de type 8 dans huit classes de l’enseignement ordinaire à celle d’élèves fréquentant treize classes de l’enseignement spécialisé (2). En vérifiant l’hypothèse de la supériorité de l’inclusion.
Après deux ans d’évaluation, tout en reconnaissant les limites de cette étude (échantillonnage trop limité, enthousiasme des équipes de l’ordinaire engagées dans une expérience nouvelle,…), Philippe Tremblay nuance. Les élèves du spécialisé bénéficient d’enseignants plus expérimentés, ayant moins de contraintes liées au programme ou aux résultats que ceux de l’ordinaire, parfois soumis à la pression des parents des autres élèves. Par contre, mieux accepté par certains parents, l’enseignement ordinaire a permis à des enfants inclus de bénéficier plus tôt du service scolaire spécialisé. Et la présence simultanée, en classe, d’instituteurs du spécialisé et de l’ordinaire, est perçue par ces derniers comme une occasion d’acquérir de nouveaux savoirs et de nouvelles compétences professionnelles, de réfléchir ensemble et d’améliorer les méthodes. Côté résultats scolaires, les élèves inclus obtiennent de meilleurs résultats en mathématiques et en français.
Ces observations rejoignent parfois celles d’un récent échange entre des écoles de l’enseignement ordinaire et de l’enseignement spécialisé engagées dans un projet d’intégration. Rosanna Delussu, conseillère au Conseil de l’enseignement des communes et provinces : « Côté positif, il y a la reconnaissance de l’apport du spécialisé, une meilleure acceptation par les parents des difficultés de leur enfant, l’enrichissement mutuel des deux équipes sur le plan pédagogique (échange de méthodes) et relationnel ». Mme Delussu relève cependant certains obstacles, tels que les difficultés de trouver des écoles partenaires, de concilier dans le secondaire les horaires des élèves intégrés avec ceux des enseignants du spécialisé, le manque de stabilité du personnel des équipes et les difficultés liées aux déplacements.
Pour Mme Delussu, les conclusions sont claires : la réussite de l’intégration d’enfants à besoins spécifiques dans l’ordinaire demande la libre adhésion de toute l’équipe : pouvoir organisateur, CPMS, enseignants, personnel paramédical, parents,… Elle requiert aussi du personnel compétent et expérimenté, ainsi qu’une définition claire des objectifs à atteindre dans le protocole d’intégration de l’élève (3).
(1) Lire la circulaire 3578 (http://www.enseignement.be/circulaires)
(2) Tremblay (Ph.), Évaluation de la qualité de deux dispositifs scolaires (l’enseignement spécialisé de type 8 et l’inclusion dans l’enseignement ordinaire) destinés à des élèves de l'enseignement primaire ayant des difficultés/troubles d'apprentissage, thèse ULB, 2010. Consultable sur https://www.google.be/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=1&cad=rja&uact=8&ved=0ahUKEwi4yujQ7K7WAhVJalAKHQdXDEwQFggnMAA&url=https%3A%2F%2Fdipot.ulb.ac.be%2Fdspace%2Fbitstream%2F2013%2F210091%2F1%2F53aa5115-462e-4533-9605-9788937bc4b3.txt&usg=AFQjCNF5ZtxHgUlCXtJcxmrH_UEXPaCsvQ
(3) Lire le dossier « intégration » paru dans PROF n°3, septembre 2009 .
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