Magazine PROF n°10
Dossier Les défis de l’enseignement spécialisé
L’alternance : un projet personnel
Article publié le 01 / 06 / 2011.
Depuis deux ans, Mike, 19 ans, en forme 3 à l’institut Mariette Delahaut, à Jambes, mesure ses talents en menuiserie dans une entreprise voisine.
Cédric de Broux, patron de Mike : « Tablant sur sa volonté et sa motivation, j’ai voulu parier qu’une expérience en milieu professionnel lui offrirait des atouts complémentaires à l’école. Si je dois parfois adapter mes exigences, vérifier certains travaux, notre collaboration fonctionne bien ».
Cet établissement secondaire de la Communauté française, qui scolarise environ trois cents élèves, n’a pas attendu le décret de 2009 (1) pour faire monter certains élèves dans le train de l’alternance. Un an plus tôt, il a décidé de collaborer avec le centre d’enseignement et de formation en alternance (CEFA) de Suarlée, dans le cadre d’une expérience-pilote menée par plusieurs écoles.
« Habituellement, c’est l’élève lui-même qui sollicite de la directrice l’autorisation de se former en alternance, et se trouve un patron », explique François Verboomen. Chef d’atelier, il a endossé le rôle d’interface entre l’élève, ses parents, les professeurs de cours pratiques, le CEFA et le patron. « L’expérience débute par un stage d’un mois pour éviter le risque d’un échec. Puis, après avis favorable du conseil de classe qui se base sur le Plan individuel d’apprentissage (PIA), je vais rencontrer le patron pour lui préciser les difficultés de l’élève, les compétences maitrisées et les attentes en matière de formation».
La spécificité de l’enseignement en alternance pour les élèves du spécialisé ? S’ils passent trois journées par semaine en entreprise, comme ceux de l’enseignement ordinaire, ils restent attachés à leur école où ils suivent, les deux jours restants, un programme de cours individualisé (15 h). Et ils regagnent l’école à temps plein en cas de rupture du contrat. « Ils restent donc encadrés par les enseignants qu’ils connaissent, habitués aux pédagogies spécifiques à l’enseignement spécialisé », ajoute M. Verboomen.
L’expérience a fait florès dans l’école jamboise comme ailleurs (2). D’abord limitée à cinq élèves en sections menuiserie et carrosserie, elle s’est vite élargie à toutes les sections proposées par l’école en forme 3 aux élèves de type 1. Dans le cadre d’une convention d’insertion socioprofessionnelle, treize d’entre eux s’initient au métier de monteur-placeur d’éléments menuisés, de commis de cuisine, d’ouvrier jardinier, de maçon,… Avec en ligne de mire, un certificat et l’espoir d’un engagement.
« Dans l’enseignement ordinaire, la formation en alternance peut offrir une piste pour raccrocher certains jeunes à l’école. Dans le spécialisé, il concerne plutôt les élèves scolarisés que le conseil de classe considère comme les mieux adaptés pour s’intégrer à une équipe de travail et possédant les compétences professionnelles requises », précise M. Verboomen. « Plus sans doute qu’avec d’autres jeunes, une relation privilégiée se noue, ajoute Fabienne Dufaux, accompagnatrice du CEFA, qui assure le suivi administratif. Ils sont particulièrement fiers de me montrer ce qu’ils sont capables de réaliser ».
La directrice, Françoise Bogaerts, nuance : loin d’être la panacée, la formule ne convient pas à certains élèves peu prêts à sortir du cadre rassurant de l’école. La décision doit être prise en fonction du projet personnel du jeune.
(1) https://www.gallilex.cfwb.be/document/pdf/16421_004.pdf
(2) En 2010-2011, 74 contrats ont été signés par 24 écoles partenaires de l’alternance (contre 42 contrats signés par 12 écoles en 2009-2010).
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