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Magazine PROF n°18

 

Dossier Du bon usage de la commémoration

La guerre, à deux pas de chez eux

Article publié le 01 / 06 / 2013.

À Tintigny et à Saint-Symphorien, des enseignants ont construit des projets pour articuler mémoire et exploration du passé local.

Catherine Claude, institutrice en 3e et 4e primaire à l’École communale de Tintigny, commence : « Nous accueillons des enfants de plusieurs villages où de nombreuses familles ont été touchées par les deux conflits mondiaux ».

Les élèves ont suivi la guide sur les pas de la mémoire à Rossignol.
Les élèves ont suivi la guide sur les pas de la mémoire à Rossignol.
© Fondation M.E.R.Ci.

Le village de Rossignol, en particulier, a payé un lourd tribut. En 1914, des combats opposant Allemands et Français y ont fait quelque 4 000 morts dans les deux camps. En représailles, les Allemands ont incendié le village et fusillé 122 civils à Arlon.

Ce massacre est à l’origine d’un projet lancé par la Maison européenne pour le Rayonnement de la Citoyenneté (Fondation MERCi) qui veut transmettre la mémoire des crimes de guerre, des massacres, des atrocités allemandes à l’égard des militaires et civils de la Première Guerre mondiale dans la Province de Luxembourg. Notamment en créant des parcours didactiques Sur les pas de la mémoire, balisés, passant par les lieux de mémoire (cimetière, monuments commémoratifs, lieux de tueries). Le premier, à Rossignol, a été soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles dans le cadre de l’appel à projets en lien avec le décret relatif à la transmission de la Mémoire (1).

Ce parcours, la Fondation le propose aux écoles. Sur les pas d’une historienne, la classe de 3e-4e primaire de Tintigny a découvert les panneaux explicatifs qui abordent de façon chronologique l’histoire de la Grande Guerre à Rossignol, de ses débuts à la mémoire d’aujourd’hui, en passant par les uniformes des soldats, les cimetières militaires, les témoignages, la reconstruction… (2).

Cette sortie scolaire s’est prolongée en classe par un exercice d’expression écrite et orale ainsi que par la venue d’un témoin de l’exode de sa famille en 1940. Et Mme Claude de conclure : « Cela permet aux enfants de comprendre que la guerre qu’ils voient à la télé s’est déroulée aussi à deux pas de chez eux et qu’elle a marqué la vie et les souvenirs de nombreuses familles ».

Il faut sauver la mémoire du soldat Price

En 2008, l’Institut des Vétérans - Institut national des Invalides de Guerre, Anciens Combattants et Victimes de Guerre a invité les écoles primaires et secondaires à participer au concours Trop jeunes, en consacrant une recherche historique et biographique à un soldat décédé durant la Première Guerre mondiale (3).

La classe de 6e primaire de l’École communale de Saint-Symphorien n’a pas hésité longtemps : dans le cimetière militaire du village, qui abrite les restes de militaires allemands et du Commonwealth, repose notamment George L. Price. Ce soldat du 28e Bataillon d’infanterie canadienne périt sur le champ de bataille, à 25 ans, le 11 novembre 1918, deux minutes avant l’entrée en vigueur de l’Armistice.

Avec leur institutrice, Virginie Debiève, assistée par Pascale Veys, les élèves ont effectué des recherches sur Internet, dans différents ouvrages et ont interrogé des habitants. Ce travail a abouti à l’écriture d’une biographie accompagnée de dessins et photos, qui a obtenu le 1er prix du concours. Puis, lors de la commémoration de l’Armistice, les enfants ont composé textes et poèmes et déposé un exemplaire du livret sur la tombe du soldat canadien.

Dès septembre, l’école participera, comme quatre autres écoles communales de Mons, à un projet mis en œuvre par l’ASBL Les Amis de l’enseignement communal à l’occasion du Centenaire du premier conflit mondial. « Concrètement, la classe de 6e primaire interrogera aussi notre passé en partant, cette fois, des plaques de rues, explique le directeur Jean-Jacques Dewattinne. Une artère d’un nouveau lotissement porte le nom des Victoria Cross, la distinction militaire suprême décernée par la Reine d’Angleterre pour récompenser les prouesses accomplies face à l'ennemi en temps de guerre. Et plusieurs rues y portent le nom de soldats auxquels ce mérite a été attribué ».

Les élèves effectueront aussi des recherches, notamment avec l’aide d’un historien archiviste et du conservateur du futur Centre d’interprétation d’histoire militaire de Mons, sur le soldat George Ellison, également inhumé au cimetière militaire de Saint-Symphorien, qui fut la dernière victime britannique de la Première Guerre mondiale. La classe présentera son travail lors d’une exposition et collaborera à la réalisation d’un reportage.

(1) Un deuxième circuit didactique sera inauguré le 11 novembre 2013 à Anloy. http://www.lamerci.be
(2) La chaine Télévision du Monde a consacré un reportage à une visite de ce circuit par une classe de Tintigny. http://bit.ly/11wxR2g
(3) Le livre Trop jeunes, rassemblant les réalisations des élèves pour le concours est disponible auprès de l’Institut des Vétérans. http://bit.ly/12uj3Ss