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Magazine PROF n°47

 

Dossier Rentrée 2020

Les écoles invitées à définir une stratégie de différenciation, de lutte contre le décrochage et d’hybridation

Article publié le 12 / 09 / 2020.

Durant ce premier trimestre de l'année 2020-21, les écoles sont invitées à établir, à partir de la situation du printemps précédent, une stratégie d’hybridation, de différenciation, et de lutte contre le décrochage. Avec l’aide de leur délégué au contrat d’objectifs.

Les circulaires 7691 (pour le maternel et le primaire) et 7686 (pour le secondaire, y compris l’artistique à horaire réduit), diffusées les 19 et 18 aout (1), ont balisé les consignes liées aux quatre scénarios établis fin juin et « colorés » en vert, jaune, orange et rouge. Ce sont elles qui, à l’heure de boucler cette édition, permettaient aux directions d’organiser cette rentrée très particulière.

Inutile d’entrer dans les détails puisque la rentrée a eu lieu, mais évoquons ici une démarche essentielle demandée aux écoles et à leurs équipes pédagogiques : l’élaboration, ce premier trimestre, d’une stratégie de différenciation, de lutte contre le décrochage et d’hybridation. Et cela avec le soutien du nouveau corps de Délégués au contrat d’objectifs (DCO) et Directeurs de zone (DZ). Explications avec Christophe Cavillot et Dominique Lorent qui, avec leur collègue Nicolas Demande et dix DCO, ont planché sur la question cet été, et sur un outil interactif mis à disposition des équipes pour les aider dans leur réflexion.

L'hybridation des apprentissages, en présentiel et distanciel, fait partie des stratégies que les écoles sont invitées à mettre en place.
L'hybridation des apprentissages, en présentiel et distanciel, fait partie des stratégies que les écoles sont invitées à mettre en place.
© Kawee/Adobe Stock

Christophe Cavillot : Assez rapidement, le pouvoir régulateur a constaté que le confinement a des impacts majeurs sur différents axes. Les écoles ont rapidement relayé le décrochage massif des élèves. Souvent, on ramène l’obligation scolaire à la question des apprentissages, mais la socialisation, la construction de soi, le bien-être, l’orientation, ça passe aussi par le groupe-classe. Tous les élèves ont besoin de l’école !

Dominique Lorent : J’ajouterais que les pédiatres ont pointé un gros manquement dans la construction de soi pour les enfants du maternel, parce que c’est dans les interactions avec les autres qu’elle s’opère. Et il en va de même pour les adolescents.

C.C. : Le deuxième problème identifié, c’est le creusement des écarts entre les élèves. Et chez nous, on arrive difficilement à résorber ces écarts, qui se sont aggravés avec la crise. Le troisième élément mis en évidence, c’est que, globalement, l’école n’était pas prête pour hybrider les apprentissages, c’est-àdire pour mener à distance des activités de renforcement, de consolidation des apprentissages, et encore moins pour démarrer de nouveaux apprentissages. On a été pris de court là-dessus.

Donc le pouvoir régulateur, au vu de ces trois problèmes majeurs, a décidé qu’il était nécessaire que les écoles, dans la logique du pilotage des établissements qui est une nouvelle gouvernance, se définissent des stratégies en lien avec ces problématiques.

Des stratégies de crise 

Ce sont bien des stratégies de crise qu’on demande à l’école de construire durant le premier trimestre, en se basant sur la nouvelle dynamique de pilotage, qui consiste à regarder en arrière ce qu’on a construit, à l’analyser, et au départ de ça, en fonction des 
ressources disponibles, définir ce qu’on fera en différenciation, accrochage et hybridation, si on est à nouveau en vert, en jaune, en orange, ou en rouge. C’est vraiment la dynamique des plans de pilotage appliquée à des stratégies de crise.

Le pouvoir régulateur a confié à notre nouveau corps de DCO/DZ la mission d’offrir ce service de soutien à la réflexivité des écoles, dans la construction de leur stratégie.

D.L. : Dans le principe des plans de pilotage, il y a l’autonomie des écoles et leur responsabilisation, et une forme de reddition des comptes. Si on veut donner corps et vie aux plans de pilotage, il faut que ces plans prennent en compte le contexte de l’école, ce qu’elle vit au plus proche d’elle-même. On ne pouvait pas, en tant que corps participant au pilotage, passer à côté de quelque chose qui a impacté toutes les écoles ! 

Une aide à la réflexion 

PROF : Quel sera le rôle des DCO ? Ils vont tous aller dans les écoles ce trimestre ? 

C.C. : C’est important de préciser que les DCO ne sont pas là pour conseiller. Ça, c’est le rôle des conseillers au soutien et à l’accompagnement (CSA). Dans le cadre de ces stratégies de crise, ils ne sont pas là pour contrôler. On est simplement là pour échanger autour du produit des réflexions et, par quelques questions, d’essayer de voir si on a pensé à tout.

C’est une démarche en trois temps. Un : on produit un canevas de réflexion qu’on dépose aux écoles qui vont s’en saisir en autonomie ou avec les CSA, parce qu’il est important de souligner que les écoles ont des partenaires privilégiés, au sein des fédérations de PO,  pour travailler concrètement au jour le jour.

Deux : les écoles se définissent leurs stratégies au départ de l’état des lieux qu’elles ont réalisé. Trois : il y a une rencontre avec leur DCO au cours de laquelle on va échanger et simplement s’assurer que les écoles ont réfléchi.

Mais c’est inimaginable de penser qu’une école pourrait vivre cette année scolaire sans vouloir rattraper les retards scolaires, rattraper les élèves qui sont dans la nature, et ne pas prévoir un dispositif au cas où une nouvelle pandémie arriverait.

PROF : Cela concernera toutes les écoles, qu’elles soient dans la 1re, la 2e ou la 3e vague des plans de pilotage ?

D.L. : Oui, tout ça est clairement repris texto dans la circulaire.

PROF : Ce canevas de réflexion sera disponible via un outil interactif… 

C.C. : Il a rapidement été clair qu’un outil interactif, sur internet, serait plus adéquat qu’une brochure…

D.L. : Certains apports comme le cadastre des partenaires auxquels les écoles peuvent recourir (lire ci-dessous) pourront facilement s'y intégrer. L’outil permet une souplesse de réactivité.

C.C. : Cet outil n’a rien à voir avec l’application Pilotage. C’est très important ! Il n’y a aucun champ à remplir dans cet outil.

PROF : Pourtant, il y a des liens évidents entre les stratégies de crise et les stratégies de différenciation déjà reprises dans les plans de pilotage ou contrats d’objectifs… 

C.C. : Il faut bien distinguer les différentes vagues. Pour les écoles de la 1re vague, qui ont déjà contractualisé, on leur demande d’élaborer des stratégies Covid-19 qui ne seront pas intégrées à leur contrat. Un contrat est un contrat, on n’y touche plus. Par contre, à l’évaluation intermédiaire, il sera possible d’actualiser le plan. Si la stratégie mise en place pour résorber les retards scolaires porte ses fruits durant la crise et continue à le faire au-delà, on gagnera à l’introduire dans le plan de pilotage. On formule le pari, avant tout, que l’école s’est défini des objectifs qui lui convenait, qu’elle va pouvoir travailler ça à son aise, et qu’au bout d’un semestre, elle aura réussi à travailler le retard dû au Covid. Pour la 2e vague, un petit quart des écoles ont rentré leur plan de pilotage. Les autres ont jusqu’à octobre pour le finaliser, et en fonction de la rapidité à obtenir l’aval de leur PO, certaines écoles pourront encore introduire dans leur plan de pilotage des objectifs « organiques » à leur plan de pilotage, en lien avec des difficultés déjà présentes avant la crise, mais qui se sont accentuées. Elles pourraient ajouter des objectifs et actions supplémentaires.

PROF : Il s’agit donc d’inscrire l’impact du Covid dans le pilotage des écoles et le cas échéant dans les plans/contrats, même s’il n’y a pas de lien « organique » entre stratégies Covid et plans/contrats… 

C.C. : Sauf pour les écoles de la 3e vague. Elles vont déposer leur plan en octobre 2021. De facto, dans leur état des lieux, elles vont devoir intégrer ce moment particulier de leur histoire. Peut-être les stratégies Covid-19 vont-elles aider à résorber les problèmes et qu’on n’aura pas besoin de placer ces stratégies dans le plan de pilotage…

D.L. : Ce qu’on demande aux écoles à l'aube de l'année 2020-21 montre bien que la philosophie des plans de pilotage, c’est de tenir compte de leurs réalités et de leur environnement.

Propos recueillis par Didier CATTEAU

(1) Pour l’enseignement de promotion sociale et pour l’enseignement supérieur, il s’agit des circulaires 7702 et 7703 du 24 aout 2020

Les CPMS au cœur de la lutte contre le décrochage

Comme l’explique Dominique Lorent, Directeur de zone, « plusieurs  missions  ont  été  confiées  à  différents services ». On lira ici que le Service général du numérique éducatif a conçu avec ETNIC la plateforme Happi, une plateforme d’hybridation des apprentissages interactifs. Autre acteur, le Service général de l’Inspection, qui « va aller voir dans les écoles où il y a eu des pratiques inspirantes ».

« Une  autre  mission  a  été  confiée  en  partie  au  Chantier  du  Pacte  chargé  de  l’accrochage  scolaire, en  partie  au  Service  d’Aide  à  la Jeunesse, et même au service du Numérique éducatif, poursuit Dominique Lorent. Elle consiste à établir un cadastre des services appartenant à la Fédération Wallonie-Bruxelles, subventionnés par la Fédération, mais aussi ceux qui sont organisés par d’autres entités comme les communes. » « L’idée est de pouvoir donner des informations aux écoles sur tous les partenaires à activer si elles en ont besoin. Dont par exemple tous les espaces numériques disponibles au cas où les écoles devaient fermer. »

Les CPMS ont évidemment un rôle à jouer en la matière, comme le souligne la circulaire 7677, qui leur demande d’« inscrire la lutte contre le décrochage au cœur de leurs préoccupations dès les premiers jours de rentrée ». 

Plus concrètement, les CPMS, « aux côtés des équipes éducatives, sont invités à mobiliser les intervenants actifs dans le cadre des cellules de concertation locales (représentants d’AMO, SAJ, etc.) et autres organes de concertation, afin d’activer un travail de réseau étendu et efficace. La collaboration doit pouvoir s’ouvrir également à un ensemble d’acteurs impliqués de diverses façons dans l’accompagnement des élèves dans des contextes extra ou parascolaires : par exemple, des personnes issues des écoles de devoirs ou des maisons de jeunes ».