Médiation scolaire - espace professionnels - historique

 

Des événements : Une enquête … une piste

A la fin des années 80, la Belgique vit, comme la majorité de ses partenaires de la Communauté européenne, une forte crise économique.
Au cours de l’année scolaire 91-92, certains responsables politiques s’inquiètent du climat de tension et de violence apparu dans certaines communes bruxelloises. Une enquête est menée par le Ministère de l'Education sur l’absentéisme scolaire dans les écoles secondaires francophones de la Région de Bruxelles-Capitale.

Cette enquête :

  • met en évidence « de graves problèmes de décrochage scolaire allant de la non-inscription dans une école à l’absentéisme couvert ou non par des motifs légaux et reconnus » ;
  • révèle « une série de dysfonctionnements évoqués par les jeunes comme, par exemple, injustice et intolérance de certains adultes, mauvaise ambiance, tensions et violences vécues dans l’école, … »

Parallèlement, de 1988 à 1992, le Centre Bruxellois d’Action Interculturelle, l’Université Libre de Bruxelles et la Communauté française mènent une expérience-pilote d’éducation interculturelle, en partenariat avec trois écoles secondaires situées dans l’agglomération bruxelloise et appartenant aux trois réseaux d’enseignement. Cette recherche-action porte sur l’ambiance scolaire et les sentiments des jeunes par rapport à l’école.
Les résultats de l’enquête et de l’expérience-pilote concluent à l’opportunité de créer un dispositif ou un poste dans ces écoles pour soutenir, encourager, faciliter la communication, le dialogue entre les différents acteurs de l’école.
Il s’agit de créer, au sein des établissements scolaires, un espace tiers, neutre qui permette aux élèves, à leurs parents et aux professeurs, de déposer leur parole en toute confiance.

En mai 93, la Conférence interministérielle pour la Politique des Immigrés charge le Centre pour l’Egalité des Chances et de Lutte contre le Racisme d’élaborer « un plan global d’action visant à lutter contre le décrochage, l’absentéisme, la violence et la non-inscription scolaire ». Celui-ci est destiné à être mis en application dès la rentrée scolaire de la même année.

Le Ministre de l’Education en Communauté française désigne 28 médiateurs scolaires dans 22 écoles, tous réseaux d’enseignement confondus, 14 pour l’accrochage scolaire et 14 pour la prévention de la violence. « La fonction de ces médiateurs sera de faciliter le dialogue entre parents, élèves et enseignants, d’assurer un rôle d’interface entre l’intérieur de l’école et le monde extérieur ».

La médiation dans les écoles francophones de Bruxelles-Capitale est officiellement mise en place à partir de l’année scolaire 1993-1994.

En Wallonie, un dispositif d’accrochage scolaire est créé dès la fin des années 80. Celui-ci comporte une douzaine"‘d’opérateurs". Leur mission est d’aider, de manière proactive, les établissements à mener une politique d’accrochage scolaire.

En 1998,  suite à des négociations politiques entre Régions,  les « opérateurs » wallons sont re-baptisés « médiateurs ». Contrairement aux médiateurs bruxellois, ils ne sont pas affectés à un établissement. Depuis 2012, les médiateurs bruxellois peuvent également répondre aux demandes qui émanent d’école où il n’y a pas de médiateur interne.

Au fil des années, les effectifs se complètent : 56 médiateurs internes à Bruxelles, 30 médiateurs externes en Wallonie. Le service se professionnalise et clarifie son offre de service. Les projets de service diffusés respectivement en 2011 et 2012 constituent un signe tangible de cette professionnalisation.

Aujourd’hui, le décret sectoriel (21 novembre 2013) réaffirme que la médiation vise à favoriser, à conserver ou à rétablir le climat de confiance qui doit prévaloir dans les relations entre élève(s) et membre(s) de l’équipe éducative, entre élève(s) et direction de l’établissement, entre l’élève et ses parents, ainsi que entre l’élève, ses parents ou la  personne investie de l’autorité parentale, s’il est mineur, et l’établissement scolaire. Cette fois, il précise que le Service de médiation est chargé de prévenir la violence et le décrochage scolaire par l’action de médiation en tant que tiers. Il centre la mission de tous les médiateurs autour de la médiation. Le décret insiste également sur la posture de tiers neutre, et l’indépendance du service de médiation.