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Magazine PROF n°32

 

Dossier Maitrise de la langue d'enseignement

La qualité plutôt que la quantité

Article publié le 01 / 01 / 2017.

Le lexique est essentiel dans l’apprentissage du français. Faut-il apprendre un nombre important de mots ? À Jumet, une enseignante maternelle vise d’abord ceux qui permettent d’exprimer ses sentiments.

Un des livres préférés d’Anne-France Josse, c’est La couleur des émotions (1): « La base de ma remédiation en français en 2e et 3e maternelle ». Cette licenciée en Sciences de l’éducation occupe une moitié d’horaire pour travailler l’expression de ses sentiments avec une douzaine d’élèves de l’École Notre-Dame, à Jumet. « Les institutrices les repèrent à la suite d’activités menées en classe sur l’expression en groupe ou la mise de mots sur des images et nous nous concertons ».

Dans un premier temps, le groupe découvre ce livre – ou un autre basé sur les émotions - ou le réexplique, notamment à partir d’une image. Lors du tour de table, un bâton symbolise le droit à la parole. Il est parfois remplacé par une marionnette. « Le regard du groupe se porte alors davantage vers elle que vers le locuteur ».

Du collectif et des ateliers

Les ateliers en petits groupes qui suivent sont l’occasion de manipulations à partir du vocabulaire ou d’une histoire : créer un visage en plasticine pour reproduire telle émotion, construire un baromètre de l’humeur du jour, reconnaitre une émotion mimée par un autre élève… La manipulation et le travail manuel permettent au petit parleur de s’exprimer d’une autre façon et à l’enseignant de le stimuler.

Ces ateliers se terminent par un retour au rond collectif où chacun s’exprime. Il est important de donner aux enfants l’occasion, le temps de réfléchir sur ce qu’ils viennent de faire.

Les conditions de départ ? « L’école me donne des moyens : un local séparé, aménagé avec mon matériel, un budget livres. Elle me permet de travailler avec un petit groupe, ce qui est plus efficace. Par ailleurs, il faut aussi élaborer un cadre de travail avec les élèves pour pouvoir s’écouter, s’exprimer sans violence, passer son tour de parole… Ce travail peut se faire à partir de l’album Gloups (2) ».

S’adapter aux besoins

Ses préparations faites jusqu’au congé d’automne ? Elle les a rangées. Plutôt qu’à un cursus précis, elle est plus attentive au besoin exprimé ou tu lors d’une séance : il servira de point de départ à la prochaine.

Lorsqu’elle a accepté les heures de remédiation, Mme Josse était stupéfaite du faible niveau de vocabulaire. Lorsqu’elle a vu les buts des textes légaux en la matière - « renforcement de français, détection, prévention du décrochage et de la violence » (3) - elle a lancé un projet qui les associe à son amour des livres de jeunesse. « C’est essentiel de poser très tôt un cadre pour qu’ils puissent s’exprimer autrement que par la violence. Plutôt que de construire un lexique de quantité, je travaille sur la qualité, les nuances, et sur un élément qui a du sens et de l’utilité quotidienne : l’expression des sentiments ».

(1) LLENAS A., La couleur des émotions, éditions 4 fleuves, 2014.
(2) NAUMANN-VILLEMIN C., BARCILOW M., Gloups, École des loisirs, 2009.
(3) Notamment le décret portant diverses dispositions en matière d’enseignement du 4 février 2016 (http://bit.ly/2eLgN8s) et le décret du 30 avril 2009 organisant un encadrement différencié (http://bit.ly/2fm3KJ3)