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Magazine PROF n°32

 

Dossier Maitrise de la langue d'enseignement

Les langues maternelles en classe

Article publié le 01 / 01 / 2017.

Et si l’on introduisait les langues d’origine des élèves dans les apprentissages scolaire ? Bilan du projet-pilote mené à Gand.

De 2008 à 2013, le projet Thuistaal in onderwijs (la langue maternelle dans l’enseignement) a testé le multilinguisme dans quatre écoles fondamentales gantoises. Les enseignants y favorisaient l’utilisation des langues maternelles en classe par diverses activités.

Dans deux écoles, des enseignants turcophones apprenaient à lire et à écrire dans leur langue aux enfants turcs de 3maternelle et de 1re primaire, pendant quelques heures par semaine. Des conseillers pédagogiques apportaient soutien et ressources aux enseignants.

Quel est le bilan ? La parole au professeur Piet Van Avermaet (Université de Gand) qui a encadré une recherche interuniversitaire sur ce projet (1).

PROF : Quels ont été les effets sur les enfants ?
Piet Van Avermaet :
Selon les enseignants, les élèves avaient plus confiance en eux-mêmes, se montraient plus ouverts à la langue de l’autre, plus motivés et impliqués dans les activités et dans l’apprentissage du néerlandais.

Cela a-t-il changé la façon de voir des enseignants ? Et des parents ?
Cela a amené une attitude plus positive par rapport au plurilinguisme à l’école. Surtout dans les classes maternelles, où les enseignants acceptaient déjà auparavant l’usage spontané des langues familiales en classe. En primaire, les enseignants ont permis aux enfants de s’entraider dans leur propre langue et ont parfois pu travailler en équipe avec l’enseignante turque.

Beaucoup craignaient tout de même de perdre le contrôle sur l’organisation et l’évaluation des tâches réalisées en partie dans la langue familiale. Même s’ils sont restés convaincus qu’il est important d’immerger totalement les enfants en néerlandais en classe, ils ne conseillent plus aux parents allophones de parler uniquement le néerlandais avec leurs enfants.

Pour les parents, si la langue maternelle permet aux enfants de maintenir les liens identitaires et culturels, apprendre le néerlandais à l’école assure l’avenir. Mais ils ne connaissent pas bien les nombreuses manières de faire entrer les langues à l’école.

Quelles sont les limites et les conditions d’un tel projet ?
Difficile de trouver des enseignants allophones pour assurer certains apprentissages en langue maternelle dans des classes rassemblant des élèves de multiples origines.

Je vois trois conditions. D’abord, un consensus dans l’équipe éducative sur les bénéfices que l’on peut retirer de ces pratiques. Il faut un climat préalable favorable c’est-à-dire que l’école permette aux enfants de parler leur langue maternelle à certains moments. Et que les enseignants soient soutenus dans leur travail.

Est-ce que d’autres pays ou régions développent de telles pratiques ?
Cette approche est peu pratiquée. À Berlin, il existe quelques écoles où les apprentissages (lecture, écriture…) se font dans les langues maternelles. Ce qui est souvent favorisé, c’est l’immersion dans une langue dominante ou jugée utile pour la réussite scolaire et professionnelle de l’enfant.

(1) http://bit.ly/2fOW1HO