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Magazine PROF n°44

 

Dossier L’oral, un objet d’enseignement

Ma parole (d’enseignant-e) !

Article publié le 06 / 12 / 2019.

Didacticienne du français à l’ULB, Marie-Christine Pollet mise sur les pratiques réflexives des enseignants et futurs enseignants pour développer les compétences orales des élèves.

Le message de Marie-Christine Pollet à ses étudiants met en avant les spécificités des didactiques de l’écrit et de l’oral ainsi que leurs points communs.

© PROF/FWB

PROF : Comment les didactiques de l’oral et de l’écrit se comparent-elles ?
Marie-Christine Pollet :
Elles reposent sur les mêmes principes. Même si ceux-ci, appliqués à l'oral, posent des questions particulières. En effet, d’une part, on tend à considérer que l’oral va de soi, puisqu’on parle tout le temps (ce qui est moins vrai de l’écrit), et d’autre part la didactique de l’oral demeure moins investie que celle de l’écrit. Cela tient sans doute au caractère multiforme de l’objet oral.

À l’oral, il faut travailler sur la gestion des émotions, sur le comportement extraverbal, sur l’estime de soi (Suis-je légitime pour prendre la parole ?). Mais aussi sur la maitrise du lexique, de la syntaxe, de la cohérence textuelle, de la compréhension du contexte, etc. À quoi s’ajoute la question de l’évaluation. C’est donc énorme.

Mais, malgré tout cela, il est possible et hautement recommandable de travailler avec les élèves sur une multiplicité de genres, de compétences, d’habiletés, à l’oral comme à l’écrit.

Exercer la parole, n’est-ce pas difficile pour les professeurs aussi ?
On mène cette réflexion avec les étudiants, dans le cadre des cours de didactique et de pratique réflexive. Quelles difficultés rencontrent-ils, pour endosser le rôle de professeur ?

Les plus souvent citées sont la discipline et la manière de s’imposer, par la pratique et par la parole. Dès le moment où les étudiants enclenchent une réflexion dans ce sens, je n’ai plus qu’à les accompagner dans leur démarche puisqu’ils ont déjà eux-mêmes ouvert des pistes de solutions.

L’enseignement explicite est-il applicable à l’oral ?
Oui, et encore une fois, de la même manière qu’à l’écrit. À « explicite », j’ajouterais les adjectifs « raisonné » et « progressif ».

Pour que ce soit clair pour l’élève, ce doit l’être pour le professeur. En amont, l’enseignant doit donc élaborer une didactique du genre oral qu’il veut enseigner ou de la compétence ou des comportements (comme le « savoir écouter ») qu’il veut développer.

Il arrive régulièrement que des étudiants m’interpellent, par exemple, pour préparer une séquence sur le débat : quelle est la tâche finale et quel sera le dispositif pour y arriver ? Le débat doit être organisé sur un thème précis et les élèves préparés pour pouvoir intervenir, mais bien d’autres questions se posent, comme : Qu’est-ce qu’un débat ? Va-t-on en montrer des exemples aux élèves pour les analyser,… Toutes choses ne pouvant par ailleurs pas se faire de la même façon dans toutes les classes ni à n’importe quel âge.

Par rapport au débat, la réoralisation est-elle un bon exercice ?
Oui, comme la reformulation ou tout autre travail oral permettant aux élèves d’apprendre à se « décentrer ».

L’oral, pratiqué en classe

L’enjeu est double pour les enseignants : gérer leur propre parole et distribuer celle des élèves…

Mon langage oral ?
« Il n’est pas parfait, concède Julien Uylebroek (Collège Saint-Julien, Ath, lire en page 23). Mais l’oralité n’est pas parfaite. Aujourd’hui, j’en joue. Par exemple, pour lancer un parcours sur l’exposé, j’offre à la classe une contre-performance : textes du PowerPoint en petite police, bredouillage, … »

Deux incontournables :
« Maitriser son sujet et rester dans la bienveillance et le respect », résume Caroline Vassart (École Saint-Jean-Baptiste, Ophain-Bois-Seigneur-Isaac, lire en page 20)

Marquer le tempo.
« L’enseignant doit respirer, utiliser le silence et le regard appuyé. Pour retrouver le calme dans la classe ou pour distribuer la parole », souligne Bernadette Loriers (Collège Notre-Dame, Dinant, lire en page 24)

Maintenir l’attention.
« Pour veiller à ce que tous les enfants lisent le texte en même temps, dès que je cite le nom d’un enfant, même au milieu d’une phrase, il doit reprendre la lecture exactement où le précédent s’est arrêté. », explique l’institutrice Elsa Gonzalez Velasco (École n°7 « Arc-en-ciel », Molenbeek, lire en page 25).